Les déclarations de Rebsamen sur les chômeurs n'en finissent pas de susciter la polémique. Au point que le ministre du Travail a annulé ce mercredi son déplacement prévu dans une agence Pôle emploi d'Évreux (Eure), où il devait assister à la signature d'une convention "accompagnement global" des demandeurs d'emploi en difficulté. "Il est retenu à Paris pour une réunion urgente", a-t-on indiqué à l'AFP pour justifier cette absence. Derrière les propos de Rebsamen, qui, rappelons-le, demandait mardi à Pôle emploi de "renforcer les contrôles" pour "vérifier que les chômeurs cherchent bien un emploi", beaucoup ont vu l'annonce déguisée de la généralisation d'une expérimentation actuellement menée par Pôle emploi dans quelques agences, visant à dissocier mission d'accompagnement et contrôle de la recherche d'emploi. Qu'en est-il vraiment ?
Une phase test dans quatre régions de France
Contacté à ce sujet par le Point.fr, Pôle emploi s'est expliqué tout en rappelant que l'expérimentation, commencée en juin 2013, était toujours en cours, et que son bilan ne serait présenté que fin 2014. Ainsi, quatre régions de France (Poitou-Charentes, Haute-Normandie, Franche-Comté et PACA) testent actuellement un nouveau dispositif : une équipe spécifiquement dédiée au contrôle de la recherche d'emploi. Cette équipe, dont les effectifs n'ont pas été communiqués, traite les cas de manière soit aléatoire, soit ciblée. En aléatoire, le principe est le suivant : les dossiers sélectionnés sont d'abord examinés en surface, puis sur pole-emploi.fr (présence ou non d'un cv en ligne, offres auxquelles le demandeur d'emploi a répondu, etc.), enfin, si nécessaire, contact est pris pour un entretien téléphonique ou en agence.
Le contrôle ciblé concerne, lui, les secteurs dits "en tension", à savoir le service à la personne, la restauration, ou encore les activités commerciales, qui peinent à recruter. Le ministère du Travail parlait en effet mardi de "300 000 à 500 000 emplois non pourvus en France", preuve d'une "inadéquation entre l'offre et la demande". À titre d'exemple, un serveur au chômage depuis six mois dans une zone en tension a toutes ses chances d'être contacté par l'équipe de contrôle de la recherche d'emploi.
L'objectif : faire des économie
Pôle emploi tient cependant à préciser que "l'objectif est bien moins de sanctionner les fraudeurs, qui sont plutôt marginaux, que de comprendre les difficultés que rencontrent les demandeurs d'emploi à l'heure de trouver un travail". En outre, utiliser une équipe spécialement dédiée au contrôle permet "de libérer du temps au conseiller Pôle emploi lors des entretiens de suivi". Et de rappeler qu'un demandeur d'emploi qui ne cherche pas de travail n'est pas forcément un fraudeur, mais peut être confronté à des difficultés sociales, de santé, ou encore de logement, dont Pôle emploi doit avoir connaissance pour l'aider au mieux à se réinsérer dans la vie active.
Quant à la possibilité de voir le dispositif de contrôle de la recherche d'emploi bientôt déployé sur toute la France, Pôle emploi nuance : "Chaque bassin d'emploi a ses propres caractéristiques, généraliser des dispositifs n'est donc pas toujours pertinent. Ainsi, la région PACA est particulièrement concernée par les emplois liés à la restauration, ce n'est pas du tout le cas en Bretagne, où la problématique de l'emploi tourne beaucoup autour de l'agriculture. Il faut donc attendre les résultats de l'expérience pour décider si une généralisation est intéressante ou non."
Ce n'est pas forcément l'avis du ministre. Mardi, dans les colonnes des Échos, François Rebsamen déclarait que séparer les fonctions de contrôle de la recherche d'emploi de celles d'accompagnement des chômeurs était "une piste intéressante".
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