En mars dernier, le Service des eaux de la Ville a annoncé qu’il couperait l’eau à plus de 150 000 résidents dont les factures demeurent impayées depuis deux mois, soit près de la moitié de ses clients, rapportait le Detroit Free Press. Depuis avril, plus de 44 200 avis ont été envoyés et 7 566 ménages sont privés d’eau. En tout, les habitants qui n’ont pas acquitté leurs factures doivent 118 millions de dollars à la Ville.
« Quand il y a une réelle incapacité de payer, les droits de la personne interdisent tout simplement de couper l’eau », affirme Catarina de Albuquerque, une experte des Nations unies en matière d’accès à l’eau et à des installations sanitaires.
L’ONU indique également que dans une ville comme Detroit, où la pauvreté côtoie un taux de chômage endémique, le coût élevé de l’eau la rend simplement inaccessible pour une grande partie de la population. C’est pourquoi elle presse la Ville de réapprovisionner les ménages dont l’eau a été coupée de manière injustifiée.
Les habitants de Detroit paient en moyenne 65 dollars américains par mois pour l’eau et les installations sanitaires. À partir du 1er juillet, cette somme passera à près de 70 dollars, soit une hausse de 8,7 %.
Les autorités municipales assurent que cet argent est nécessaire pour réparer le réseau de distribution d’eau vieillissant et pour combler le manque à gagner qui résulte des factures impayées.
Le 18 juin dernier, un regroupement de militants qui revendiquent le droit à l’eau a demandé l’intervention de l’ONU. « Les personnes malades sont laissées à elles-mêmes sans eau ni toilettes fonctionnelles. Celles qui sont en convalescence à la suite d’une opération ne peuvent pas se laver ni changer leurs bandages. Les enfants ne peuvent pas prendre leur bain et les parents sont incapables de cuisiner », plaident-ils dans leur rapport.
Une situation qui ne respecte pas la Charte internationale des droits de la personne, selon les experts de l’ONU. « Si ces coupes frappent plus particulièrement la population noire américaine, elles pourraient se révéler discriminatoires et contraires aux traités ratifiés par les États-Unis », ajoutent-ils.
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