30 juin 2014

Japon : la chute


L’actualité économique est particulièrement chargée entre l’affaire BNP Paribas puisque son patron a reconnu dans un courrier interne que la BNP serait très lourdement sanctionnée par la « justice » américaine, et j’y reviens dans cette édition du Contrarien Matin. Il en est de même concernant l’appel de l’ensemble des organisations patronales au président de la République qui n’en peuvent plus d’attendre la mise en place de mesures annoncées à renfort de tambours et de trompettes, répétées à l’envie et jamais encore ou presque déclinées concrètement sur le terrain.


Le Président et le gouvernement s’agitent comme des poissons rouges dans un bocal et pourtant, au-delà des effets d’annonce, il ne se passe jamais rien à part une augmentation des impôts, des charges et des taxes diverses et « avariées ». Là encore, j’y reviens dans l’édition du jour.

Pour cet édito, j’ai décidé de m’arrêter sur la situation japonaise puisque les dernières statistiques sont clairement mauvaises et très inquiétantes. Elles sont, à plus d’un titre, à méditer pour comprendre ce qui pourrait à nous aussi rapidement arriver. Ces conséquences sont à prendre en considération aussi bien dans votre gestion patrimoniale que pour votre préparation.

Japon : la consommation poursuit sa chute

L’AFP (Agence France Propagande), dont l’objectif est avant tout de vous rassurer et de faire en sorte que vous ne vous posiez aucune question fâcheuse, explique donc doctement dans une formule toute stalinienne et valant son pesant d’or (que je vous conseille d’acheter ou de renforcer avant sa grande hausse) :

« La consommation des ménages japonais a chuté de 8 % en mai sur un an, subissant le contrecoup de la hausse des taxes instaurée en avril. Mais cela ne reflète pas nécessairement une dégradation générale de l’état du pays. »

Effectivement… tout le problème est dans le mot « nécessairement »… sous-entendu peut-être mais surtout sans doute pas ! Non, au Japon, tout va bien. Sauf que ce n’est évidemment pas le cas.

Certes le début d’année a vu une très forte augmentation de la TVA au Japon et donc une envolée des prix dans les magasins. Résultat : le mois dernier, la consommation était assez logiquement en baisse d’environ 5 %. Normalement, une fois le choc absorbé, à défaut de repartir directement à la hausse, la consommation des ménages japonais aurait dû accuser une baisse moindre les mois suivants. Non seulement il n’en est rien mais surtout, la chute dépasse les 8 % ce mois-ci, ce qui n’est plus une baisse mais un effondrement.

Ce mouvement est parfaitement compréhensible puisque à cette augmentation de la fiscalité s’ajoute une très forte envolée des prix liée à de l’inflation dite « importée ». L’inflation importée c’est l’inflation liée aux produits d’importation comme par exemple l’énergie et le carburant au Japon plus certains produits alimentaires.

Résultat, l’inflation au Japon est mesurée officiellement actuellement à 3,7 % en rythme annuel et il s’agit là du chiffre d’inflation officiel et l’on sait qu’au Japon l’inflation est calculée comme à l’INSEE en France, c’est-à-dire qu’en dehors de tout ce que vous achetez tous les jours… les prix sont stables !

Et pourquoi les prix importés augmentent ? Tout simplement parce qu’à force de faire tourner la planche à billets, eh bien le yen voit sa valeur fondre comme neige au soleil. En clair, il faut de plus en plus de yens pour acheter un litre d’essence…

Dans des économies fermées, comme c’était globalement le cas dans les années 70, l’inflation est un phénomène génial… ou presque ! Pourquoi ? Parce que quand les prix augmentent de 15 %, votre patron vous donnait une augmentation de 20 % ! Votre crédit à taux fixe au bout de 5 ans ne pesait plus rien ou presque dans votre budget mensuel. C’est de cette façon-là que la grande majorité des gens âgés de 60 ans et plus en France sont devenus propriétaires de leur logement lors de cette période. Il y avait des frontières, pas de mondialisation, pas de délocalisation, pas autant d’ordinateurs et encore mois d’Internet et enfin… il y avait le plein-emploi ou presque.

Dans un tel cadre, l’inflation a été une excellente affaire pour beaucoup. Aujourd’hui, la situation est radicalement différente et l’exemple japonais montre sans ambiguïté qu’il y a une inflation de plus en plus forte avec des salaires et des pensions qui ne bougent absolument pas. Résultat ? Logiquement, le pouvoir d’achat des ménages s’effondre, la consommation aussi et au bout du compte, l’augmentation des taxes ne rapportera rien de plus puisque les gens ne peuvent plus acheter… Et le Japon se rapprochera encore un peu plus de la faillite.

Vous pouvez parfaitement transposer cette situation au cas français et c’est la raison pour laquelle les Allemands ne veulent pas d’inflation. Ils savent pertinemment que les salaires ne peuvent pas monter donc la seule façon de préserver un peu de pouvoir d’achat, c’est de maintenir la valeur de la monnaie l’euro… avec comme conséquence d’étouffer les économies les plus faibles de la zone euro.

Vous devez vraiment comprendre qu’il n’y a plus aucune bonne solution pour sortir de l’ornière économique dans laquelle le monde entier se trouve. La résolution sera forcément douloureuse.
Pas de crédit et réduisez vos dépenses !

Dans les deux cas (inflation « japonaise » ou austérité « européenne ») , sachez qu’avoir le moins de crédit possible est une bonne chose. Non, en fait, c’est indispensable. En clair, si vous avez de l’épargne qui ne rapporte pas grand-chose et des crédits qui vous coûtent plus cher (ce qui est le cas même si les taux d’intérêt sont au plus bas), vous avez plus qu’intérêt à vous débarrasser de toutes ces dettes car l’inflation ne viendra pas éroder vos mensualités. Pour que ce soit le cas, il faudrait que votre salaire soit indexé sur l’inflation (ce qui n’est plus le cas depuis presque 20 ans maintenant) ou que votre retraite augmente (or on vous a annoncé le gel des pensions).

Dans un tel cas, il ne faut pas être un grand économiste pour comprendre qu’avoir de la dette aujourd’hui c’est le plus court chemin pour la ruine… sauf si vous avez une excellente visibilité professionnelle, ce qui est le cas, hélas, pour de moins en moins de monde.

La réduction des dépenses va avec cette volonté de désendettement. Pour payer ses dettes, il n’y a pas de secret : on gagne au loto (rare) ou on se serre la ceinture (courant).
Le pire des scénarios :

Dans l’absolu, vous pourriez vous retrouver à devoir payer votre crédit alors que votre épargne vient d’être saisie pour renflouer votre banque, que votre salaire a baissé car votre patron vous a dit « soit on délocalise en Roumanie, soit vous baissez votre salaire de 20 % » (ce que vous avez accepté puisqu’il n’y a plus de boulot), et l’inflation, elle continue même faiblement à augmenter, sans oublier les impôts qui, eux, ne vous oublient pas…

C’est pour toutes ces raisons-là que vous pouvez et devez envisager une approche PEL (patrimoine, emploi, localisation), qui sont les 3 paramètres de votre liberté et de votre indépendance, et vous préparer à une situation économique de plus en plus difficile au quotidien.

Enfin, je vous conseille également la lecture de la « blague du jour », qui vous démontrera pourquoi avec ce gouvernement de bras cassés nous ne sommes pas prêts de trouver des solutions efficaces pour sortir de la crise.

Préparez-vous et restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT

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