22 mai 2014

Réussite américaine : Alliance contre-nature Russie-Chine, la nouvelle grande puissance est née !

Ce 19 mai le président russe annonçait successivement que les relations russo-chinoises sont au zénith, une coordination des diplomaties des exercices militaires communs entre les flottes russes et chinoises et bientôt, un concurrent russo-chinois d’Airbus et Boeing va émerger.

L'alliance russo-chinoise n'est plus un phantasme ou une hypothèse. C'est une réalité qui défie désormais l'Occident. Pourtant, la Russie appartient bien à notre Civilisation Européenne, elle aurait dû être à nos côtés.

Comment en est-on arrivé là ?

Comment a-t-on fait de Vladimir Poutine, à l’origine un pro-occidental*, l’un des fossoyeurs du Communisme avec Boris Eltsine , l’Homme qui aura ancré la Russie à la Chine ?

C’est incontestablement un tour de force, qu’a réussi l’Occident ! Quand l’URSS s’effondre en 1991, l’Occident voit potentiellement doubler sur la planète l’espace de sa Civilisation ! La frontière de la Civilisation Européenne, est en passe d’être transférée de Berlin où elle était en 1989 à… Vladivostok !

Moins de 30 ans plus tard, 23 ans exactement, ce rêve s’est effondré !

Vladimir Poutine vient d’annoncer la couleur, c’est avec la Chine que la Russie va s’allier, pour le meilleur et pour le pire.

Le Président Russe originaire de Saint-Pétersbourg , la ville la plus occidentalisée de la Russie, une cité bâtie par Pierre le Grand, pour faire de la Russie un pays d'Europe agrafe désormais la Russie à la Chine.

Un avenir chinois.

Le président russe vient de prononcer un discours sans ambiguïté sur l’avenir de la Russie. J’en retranscris le lien ici.

Explication de ce texte.

Dans ce discours on retiendra les points suivants :

« La Chine est notre ami fiable. ».

Le président russe ne dit pas « un ami », il dit « notre ami ». Ce qui signifie clairement que la Chine a une place privilégiée d’allié de la Russie, au détriment, on s’en doute, des pays occidentaux, qui auraient pu être ses alliés, mais qui ne le sont pas, faute d’être... « fiables ».

La fiabilité des alliés, c'est très important à Moscou. C'est parce que l'URSS n'avait pas d'allié fiable qu'elle signa jadis le Pacte Germano-Soviétique et le paya en manquant de peu d'être rayée de la carte en 1941.

L'instabilité aussi fait peur aux Russes. C'est l'instabilité d'une Europe en proie à la Révolution qui amena Napoléon jusqu'à Moscou en 1812.

La Diplomatie Russe détestent ceux qui ne sont pas fiables et ceux qui sont instables. La Diplomatie Russe n'aime pas les pays qui s'arrogent le droit d'attaquer n'importe qui sous n'importe quel prétexte. Suivez mon regard.

La Russie trouve en Pékin stabilité et prévisibilité. Elle en a le plus grand besoin. La Fédération n’est pas un hyper-puissance, elle a ses fragilités, économiques, démographiques, elle a besoin de constance, cette constance elle la trouve… à Pékin !

Certes la Russie a bien sûr d’autres amis : l’Arménie, le Kazakhstan etc… mais ces pays font partie de l’ « Étranger Proche ». Ces pays de l’ex-URSS appuient leur stabilité sur la Russie, ils ne stabilisent pas la Russie au plan international, la Chine, si.

« M. Poutine a souligné qu'au stade actuel, les deux pays devraient donner la priorité à l'amélioration de la coopération dans les domaines de l'économie, de la science et des technologies de pointe. »

En matière scientifique, la Chine désormais capable d’envoyer des hommes dans l’espace et des sondes automatiques sur la Lune rattrape les États-Unis. Les États-Unis voulant ostraciser la Russie, il est tout à fait logique que celle-ci se retourne vers la Chine. C’est un pari sur l’avenir : avoir un partenaire fiable, pouvoir s’appuyer sur lui en matière d’échanges technologiques.

La Chine pillant les brevets industriels de l’Occident via les transferts de technologie, la Russie au final contourne la blocus occidental par la Chine, comme les Portugais d'antan contournèrent le blocus ottoman sur les épices en faisant le tour de l’Afrique !

« Russie et la Chine sont en train de travailler sur les moyens d'élargir les règlements en devises locales dans le but de protéger le commerce bilatéral des fluctuations des principales devises étrangères. »

Là, on est dans le lourd. Là, on ne plaisante plus. Ça n’est ni plus ni moins que la suprématie du dollar qui est remise en cause.

Aujourd’hui, presque tous les échanges entre pays à devises différentes se font en dollars. Cela donne aux USA émetteurs dudit dollar une suprématie puisque c’est leur monnaie, son taux de change qui régule les échanges internationaux.

Ce privilège a déjà été contesté par l’Iran. C’est peut être une des raisons, pour lesquels les USA en veulent tant à Téhéran !

Là, la contestation change de dimension !

« Au sujet de 2015, lorsque la Russie et la Chine célébreront conjointement le 70e anniversaire de la victoire sur les Nazis, M. Poutine a déclaré que les deux pays sont unis dans leur opposition au révisionnisme sur la Seconde Guerre mondiale. »

Le souvenir de la Seconde Guerre Mondiale est presqu’une religion en Russie. La Russie trouve en la Chine un partenaire qui partage sa presque-religion. La Chine aussi a beaucoup souffert de la Seconde Guerre Mondiale. La Chine aussi fait partie des vainqueurs.

« La Russie et la Chine, a noté M. Poutine, soutiennent également activement la création d'un nouveau cadre de sécurité et de développement durable dans la région Asie-Pacifique »

Fidèle à lui-même, le président russe va au bout des choses. Il enfonce le clou. Cette alliance naissante se traduira par un cadre politique régulant la sécurité en Asie qui pérennise le rôle de la Russie.

Et au delà de l'analyse.

Il y a un peu plus de dix ans de cela, à Ekaterinbourg, dans l'Oural à 1400 km de Moscou, des amis me montraient, devant le Consulat des États-Unis l'endroit où des Russes « de la rue » avaient déposé, spontanément, après le 11 septembre 2001... des fleurs.

Après la disparition de l'URSS, les Russes montraient leur attachement aux pays Occidentaux ! Le Peuple Russe nous adressait un message : nous sommes Européens, comme vous. Nous aimons la Démocratie. Nous voulons vivre dans la même Civilisation que vous.

Comment les Russes ont-ils été accueillis par l'Occident ?

2004 : Intégration des Pays Baltes dans l'OTAN mettant Saint-Pétersbourg, la deuxième ville russe à moins de 300 kilomètres des canons de l'Alliance Atlantique. Sympa comme accueil.

2008 : La Géorgie appuyée politiquement par l'OTAN, attaque l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, en violation du traité de Dagomys, signé en 1991 par les présidents russe et géorgien de l'époque , Edouard Chevardnadze et Boris Eltsine. Cette attaque provoque une réaction légitime au regard du Droit International de la Russie qui sera suivie, en Occident par une campagne anti-russe sans précédent. Etait-on alors obligé d'ignorer l'existence d'accords signés et d'appuyer l'initiative imbécile de saakachvili ?

La Russie avait le choix entre : entrer en guerre pour honorer ses accords ou se ridiculiser sur la scène internationale en ruinant la crédibilité qu'elle commençait à retrouver. Pourquoi avoir autant contrer la Russie dont le choix, au final, n'avait rien d'absurde ?

Février 2014 : En Ukraine, le parlement, toujours appuyé par les Occidentaux interdit la langue russe, pratiquée par presque 20% de la population et apprise comme première langue par tous les Ukrainiens de plus de 30 ans qui ont grandis en Union Soviétique.

J'aurais pu citer d'autres exemples, comme la participation des néo-nazis au gouvernement ukrainien. J'ai retenu ceux que je trouve les plus parlant.

Et aujourd'hui ?

Aujourd'hui, les mêmes Russes qui hier déposaient des fleurs devant le Consulat des Etats-Unis ont cessé de comprendre l'Occident et pour la plupart, lui sont désormais hostiles.

Les Russes restent des Européens des Chrétiens. Mais l'Europe de l'Ouest et son excroissance nord-américaine les a rejeté ! Ils en ont tiré les conséquences.

Et Vladimir Poutine en s'alliant avec la Chine fait désormais un mariage de raison, le seul possible.

Seulement quand je repense à ces fleurs, je me dis : quel gâchis.

* : Que Poutine soit colonel du KGB ne change rien au fait qu'il fut, à l'époque de la Chute de l'URSS, un pro-occidental. Tous les soviétiques à des postes de responsabilité appartenaient, pour cause... à des instances soviétiques ! Armée Rouge, KGB, PCUS !

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