Les 5 500 soldats de la paix en train de se déployer au Soudan du Sud pour protéger les populations civiles de la violence devraient être opérationnels d'ici deux mois, a estimé jeudi 9 janvier Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'ONU.
Si les deux camps en présence ne mettent pas fin aux violences, le Soudan du Sud risque de perdre des centaines de millions de dollars d'aide, ont parallèlement prévenu des responsables américains lors d'une audition au Sénat.
Les violences au Soudan du Sud ont commencé à Juba, la capitale, à la mi-décembre, pour se propager ensuite dans le reste du pays, divisant ce tout jeune Etat entre les forces qui soutiennent le président Salva Kiir et les partisans de l'ancien vice-président Riek Machar, limogé cet été par le chef de l'Etat.
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Les bases de l'ONU dans le pays accueillent quelque 60 000 civils. Plus de 1 000 personnes ont été tuées et plus de 230 000 déplacées. Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le 24 décembre un plan pour pratiquement doubler le nombre de casques bleus au Soudan du Sud pour le porter à 12 500 hommes et 1 323 policiers, alors que l'aggravation des violences a mis le pays au bord de la guerre civile.
Jeudi, après avoir fait un point devant le Conseil de sécurité sur la situation au Soudan du Sud, Hervé Ladsous a déclaré que le but était d'avoir les soldats de la paix supplémentaires sur le terrain dans « entre quatre et huit semaines » et d'aller « le plus vite possible ».
Les 5 500 soldats de la paix et les 423 policiers supplémentaires seront prélevés sur les missions de l'ONU et de l'Union africaine en République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Liberia et les régions soudanaises du Darfour et d'Abyei, précisent les Nations unies. En outre, a précisé Farhan Haq, porte-parole des Nations unies, 350 soldats de la paix népalais stationnés à Haïti seront transférés au Soudan du Sud tandis que 500 militaires viendront directement du Népal.
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APPELS AU CESSEZ-LE-FEU
A Washington, des membres du gouvernement et des sénateurs ont laissé entendre, lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat américain, que des centaines de millions de dollars d'aide américaine au gouvernement sud-soudanais pourraient être supprimées si les violences continuaient. La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants a prévu sa propre audition sur le Soudan du Sud la semaine prochaine.
A la différence de nombreux pays africains, le Soudan du Sud bénéficie d'un soutien important des élus du Congrès américain, qui ont appuyé la volonté de la partie sud du Soudan, africaine et chrétienne, de se séparer du Nord musulman et arabe pour créer un nouvel Etat en 2011.
Washington a dépensé des milliards de dollars – 600 millions de dollars par an, estiment des assistants parlementaires – pour aider à constituer cet Etat, autorisant même la vente d'armes à son gouvernement et assurant l'entraînement de ses forces armées. Ces programmes ont été suspendus. Dans l'immédiat, le gouvernement du président Obama a prévu une aide humanitaire de 50 millions de dollars pour la population sud-soudanaise.
Les négociations d'Addis-Abeba pour tenter de trouver un accord sur un cessez-le-feu entre les belligérants sont dans l'impasse en raison du refus de Juba de libérer onze opposants accusés d'avoir voulu renverser le président Salva Kiir le mois dernier. Le département d'Etat américain a appelé jeudi le gouvernement sud-soudanais à libérer aussi vite que possible ces onze prisonniers.
La Chine, principal investisseur dans l'industrie pétrolière du pays, a également appelé à un cessez-le-feu immédiat. Comme Washington, il a dépêché un envoyé spécial aux négociations de cessez-le-feu. Selon des assistants parlementaire, l'administration Obama envisage une série d'options face à la crise, comme une aide aux Nations unies pour permettre de protéger davantage de civils.
Les sénateurs ont dit craindre des violations des droits humains, voire un génocide ou d'autres atrocités, ainsi qu'un risque géopolitique si le Soudan du Sud tombait dans le chaos et devenait un refuge pour des groupes extrémistes.
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