22 janvier 2013

Portugal, la dégringolade

Au Portugal, deux ans après l'entrée en vigueur des premières coupes budgétaires, c'est désormais l'ensemble des classes sociales qui ressentent les effets de la crise. De plus en plus de pauvres, mais aussi des classes moyennes dont la situation économique se fragilise... Même ceux qui jusqu'ici vivaient bien commencent à compter, à réfléchir à leurs dépenses et à un budget. Mais le pire reste à venir: un nouveau train de mesures est prévu cette année avec - en vrac - des hausses d'impôts, des prestations sociales réduites, des pensions de retraites taillées... Quinze minutes a rencontré ces Portugais qui évoluent dans des classes sociales différentes mais qui, tous, souffrent de la crise d'une façon ou d'une autre. Un reportage d'Ariane Hasler réalisé par Mathieu Ballmer.

"Les livres c'est fini, la bijouterie c'est fini, les vêtements c'est uniquement en soldes..."

"Il y a dix ans je vivais bien. Maintenant, avant de dépenser de l'argent je réfléchis: est-ce que cet achat est bien nécessaire?" Cecilia a 73 ans. Elle fait partie des retraités dont la pension est supérieure à 1350 euros par mois et devra à ce titre participer à un fond de solidarité.

Une pension qui diminue, des impôts qui vont augmenter: pour l'heure, Cécilia s'en sort encore bien - elle possède deux appartements et deux boutiques - mais désormais, elle fait attention à ses dépenses. Par exemple, la tablette numérique dont elle avait envie attendra des temps meilleurs, c'est évident. Quant à son ordinateur, elle espère qu'il ne la lâchera pas, elle ne pourrait pas s'en racheter un.

Si Cecilia est de nature optimiste et prend ces restrictions avec philosophie, une chose l'inquiète: imaginer que ses enfants, sa fille qui vit en Espagne surtout, se retrouvent au chômage et qu'elle ne puisse pas les aider. De la philosophie certes, de l'inquiétude un peu, mais aussi un sentiment de révolte. "On paie pour tout le gaspillage des autorités ces dernières années! Dans les écoles, les infrastructures...Les gens en ont marre, j'entends de plus en plus de personnes dire que nous étions mieux sous la dictature. Vous vous rendez compte! Moi je l'ai vécue, la dictature, je peux vous dire que je ne suis pas d'accord. Mais de plus en plus de gens le pensent..."

"Le problème ça n'est pas de retrouver un travail, c'est de retrouver un travail avec un salaire décent"

Victor et Teresa habitent la banlieue sud de Lisbonne. Teresa travaille dans les télécoms. Jusqu'ici, le secteur privé a été relativement épargné mais la trêve se termine cette année avec des coupes salariales et des hausses de cotisations. Quand à Victor, son entreprise de construction a fait faillite il y a plusieurs mois déjà suite à la crise... Depuis, il n'a pas retrouvé de travail. Le problème ça n'est pas le manque de travail, c'est le prix de ce travail qui ne cesse de baisser. "Certaines entreprises profitent de la crise pour diminuer les salaires", explique Teresa. Et Victor de renchérir: "A quoi cela me servirait-il d'avoir un travail qui est encore moins bien payé que ce que je touche au chômage? Travailler et ne pas vivre dignement? Si cela continue, j'envisage sérieusement de partir de ce pays."

Victor et Teresa en veulent au gouvernement pour cette situation. Mais aussi aux Portugais eux-mêmes, qui se sont beaucoup endettés. "Nous on n'a pas de dettes, on n'a jamais rien acheté à crédit. On a toujours fait attention. C’est pour cela qu'aujourd’hui on ne vit pas dans la misère."

"Ces sacs de nourriture? De plus en plus de gens en ont besoin..."

L'association Refood est née il y a un an et demi de la volonté d'un Américain un peu fou mais terriblement humain, Hunter. L'idée est simple: récupérer les restes des restaurants et les redonner chaque soir à ceux qui en ont besoin. Et depuis un an et demi, ils sont de plus en plus nombreux à venir chercher leur sac dans la nuit au point de distribution. Comme Sandra par exemple, un bout de femme de 30 ans avec de l'énergie et des larmes plein le regard. "On est quatre dans la famille, dont ma petite fille, et on touche moins de 300 euros pour vivre. Moi, je suis au chômage et je ne trouve pas de travail parce que j'ai arrêté l'école trop vite; et sans diplôme, pas de travail..." Et pour manger alors comment ferait-elle sans l'association Refood? Sandra détourne le regard: "On ferait comme on a toujours fait. On se débrouillerait."

Et des Sandra, il y en aura de plus en plus. Selon les prévisions de la Banque du Portugal, l’économie portugaise devrait se contracter de 1,9% en 2013.

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3 commentaires:

  1. "Une pension qui diminue, des impôts qui vont augmenter: pour l'heure, Cécilia s'en sort encore bien - elle possède deux appartements et deux boutiques - mais désormais, elle fait attention à ses dépenses. Par exemple, la tablette numérique dont elle avait envie attendra des temps meilleurs, c'est évident. Quant à son ordinateur, elle espère qu'il ne la lâchera pas, elle ne pourrait pas s'en racheter un."

    Ça me fait un peu sourire, ce truc-là : être propriétaire de deux appartements et de deux boutiques et n'être pas en mesure de remplacer un ordi s'il tombe en panne ?
    C'est un peu se moquer de ceux qui n'ont rien, non ?

    Je constate souvent que ce ne sont pas les plus pauvres qui se plaignent le plus.

    ""A quoi cela me servirait-il d'avoir un travail qui est encore moins bien payé que ce que je touche au chômage?" Cette phrase aussi me chiffonne un peu.
    Si beaucoup de chômeurs vivent en-dessous du seuil de pauvreté, il en est (j'en connais) qui vivent très très bien. C'est un peu une aberration.
    A mon avis, les allocations chômage devraient être plafonnées et également tenir compte des rentrées d'argent du conjoint, dans le cas d'un couple.

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  2. Bonjour Elba,

    L'article est bancale, sans doute un journaliste maladroit.
    Cependant la pression s'accentue sur les Portugais. Ils quittent le pays avec l'espoir de pouvoir s'en sortir ailleurs.
    Nous avons de la famille qui y vit, tout va très bien pour eux. Ils nous disent toutefois qu'il ne faut plus parler de pauvreté mais de misère.

    Edouard

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  3. La "crise bancaire" devenue "crise de la dette des états" puisque ce sont les états qui ont renfloué les banques...se traduit par des plans de rigueur sans cesse rallongés pour réduire le déficit public de chaque état, ce déficit résultant en grande partie des intérêts à payer aux...banques pour la fameuse dette.

    C'est une classique histoire d'usuriers. Sur-endettés, les personnes ou les états consacrent l'essentiel de leurs ressources à rembourser l'usurier. ce faisant, ils n'investissent plus pour l'avenir et ne consomment plus, réduisent leur train de vie (pour les états, c'est surtout réduire le train de vie des citoyens en supprimant les services publics, en réduisant les remboursements de sécu, en réduisant les retraites etc).

    La baisse de niveau de vie entraîne mécaniquement une baisse des dépenses donc une baisse des rentrées fiscales, ce qui nécessite d'alourdir taxes et impôts pour compenser, ce qui mécaniquement entraîne la baisse du niveau de vie et des dépenses etc.
    Bref, face à un usurier, une personne ou un état n'a aucune chance d'en réchapper. sauf à se retrouver SDF, ou en faillite. On a la dépression en spirale de la mort, comme en Grèce, Espagne, Portugal etc.

    La seule solution viable, n'est pas de ruiner tout le monde ou presque (les 99%) pour rembourser aux 0.1% et à leurs comparses (0.9% de la classe supérieure) , mais de se déclarer en faillite et en cessation de paiement. Mais cela nécessite un gouvernement digne de ce nom, c'est à dire servant les intérêts du peuple qui l'a placé aux commandes. Or, les politiciens que nous élisons sont des traîtres et des corrompus...

    Ce que les Soviétiques avaient fait en refusant de rembourser l'Emprunt Russe, c'est ce que Hitler fit quand il prit le pouvoir en 1933 après la faillite de la république de Weimar.
    Et c'est ce que les Ricains font toujours avec leur loi sur la protection des entreprises en faillite. General Motors a ainsi été sauvée de la faillite en 2008/2009. Résultat : GM s'est délocalisée en Chine...

    L'ami Pierrot

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