06 novembre 2012

Quand les services publics s’en vont

Lundi 5 novembre, c'est accompagné d'une délégation d'élus de l'Association des petites villes de France (APVF) qu'Eric Houlley, maire socialiste de la ville, devait rencontrer Marisol Touraine, ministre de la santé. Pour les maires, le message à faire entendre est "que les hôpitaux des communes de moins de 25 000 habitants sont une composante indispensable de l'offre médicale sur le territoire". Un garant de l'égalité de l'accès aux soins. A Lure, qui revendique 10 100 habitants, le recul des services publics est criant dans le secteur de la santé : en 1999, l'hôpital perd sa maternité qui se déplace à 22 km, à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) ; en 2001, le centre de soins intensifs est fermé ; en 2003, les urgences sont remplacées par des "unités pour soins non programmés", avec fermeture à minuit ; la cardiologie ferme ensuite ses portes, puis la chirurgie en 2004.

Aujourd'hui, l'hôpital pourrait encore perdre un service, la biologie. "Il est probable qu'on nous l'enlève pour nous expliquer plus tard que des urgences sans la biologie n'ont pas de raison d'être, s'exaspère Eric Houlley. On décrédibilise l'hôpital et ensuite on le ferme. Le système est rodé."

"A vendre", est-il écrit sur la porte du tribunal d'instance. Photo : Sébastien Bozon, pour Le Monde

Les Lurons voient aussi disparaître la médecine libérale sur leur territoire. "Dans peu de temps, la ville sera au coeur d'un désert médical", prévoit Jean Vernerie, 77 ans, diacre. A Lure, "la plupart des généralistes ont plus de 50 ans et ceux qui partent à la retraite ne sont pas remplacés", confirme Line Mercier, présidente du centre social. Quant aux spécialistes, "il faut un an pour avoir un rendez-vous chez l'ophtalmologue ou alors on doit se rendre à Vesoul, Belfort ou Besançon".

Pourtant, la ville a été attractive. Le recul a commencé en 1997, avec la fermeture du 1er régiment de dragons. "Six cents appelés, une centaine de sous-officiers, d'officiers et leurs familles qui s'en vont…", résume le maire. Un coup de massue pour l'économie locale, se souvient Jean-Claude Brady, élu à la Chambre des métiers et de l'artisanat : "La disparition des militaires de carrière a immédiatement engendré une chute du chiffre d'affaires pour les petits commerces. La fermeture des bars et discothèques a suivi le départ des appelés."

En 2005, c'est au tour du commissariat (comptant près de 40 fonctionnaires) de mettre la clé sous la porte. "La police a été remplacée par une brigade de gendarmerie, une trentaine de personnes chargées de couvrir un territoire plus vaste comprenant les zones rurales… Le compte n'y est pas. Le préfet a beau nous dire qu'ils sont militaires et corvéables à merci, il y a des limites", siffle Eric Houlley. La sous-préfecture reconnaît une hausse notable des cambriolages alors que la municipalité a mis en place un réseau de télésurveillance.
Le commissariat de police a été remplacé par une brigade de gendarmerie. Photo : Sébastien Bozon, pour Le Monde

En 2008, la réforme de la carte judiciaire enlève à Lure son tribunal de grande instance (TGI) et ses 14 fonctionnaires. Une fermeture qui a pris effet en 2011, presque conjointement à l'arrêt des services au public de la sous-préfecture (carte grise, certificat de non-gage)…

Au départ des administrations s'ajoute la lente agonie de la ligne SNCF Paris-Belfort, concurrencée depuis 2007 par la ligne à grande vitesse (LGV) est-européenne. "La SNCF tente de faire crever la ligne au profit des trains à grande vitesse, plus chers", lâche Jean Vernerie. "Les trains qui desservent la ligne sont peu entretenus, et les arrêts à Lure de plus en plus rares", poursuit Eric Houlley.

Michel Antony, président de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, poursuit : "La déliquescence des infrastructures contribue à rendre répulsif le secteur. Un entrepreneur qui prospecte pour s'installer regarde en priorité comment fonctionne le réseau de transport, les services de santé, le système scolaire…"

"Faux", répond Jean-Marie Euvrard, président départemental de la chambre de commerce et d'industrie : "A Lure, la désertification administrative ne change pas grand-chose pour les entreprises et la rationalisation des services de santé et des administrations est inéluctable. Ce qui est décisif pour l'avenir de la ville, c'est d'être situé à vingt-cinq minutes d'une gare TGV et sur un arc de développement qui relie le sud des Vosges, la Suisse et l'Allemagne. Les investissements réalisés par Ikea dans l'usine de Lure en 2010 en sont la preuve." Il demeure que le taux de chômage à Lure dépasse largement la moyenne nationale. Selon le dernier résumé statistique par commune de l'Insee (2009), 19,9 % des 15-64 ans sont sans emploi.


La gare de Lure perd ses trains inexorablement. Photo : Sébastien Bozon, pour Le Monde

Toutes les administrations de Lure n'ont pas été frappées par les réformes administratives. La fermeture de la maison d'arrêt, annoncée en 2010 par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la justice, a été annulée par son successeur, Michel Mercier. "C'est près d'une quarantaine d'emplois pénitentiaires maintenus, souffle le maire. Ensuite, les 80 détenus sont enregistrés, le temps de leur peine, comme résidents de la ville et le budget de la commune reçoit de l'Etat 260 euros par habitant au titre de la dotation de solidarité rurale." Il n'y a pas de petite victoire…

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7 commentaires:

  1. A contre courant :
    vivement qu'il n'y ait plus d'hôpitaux !
    ce sera le signe d'une
    Humanité guérie ...de la loi de cause à effet .

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  2. Bonsoir,

    C'est certain aDn... dans l'absolu.
    Pour l'instant nous n'en sommes pas encore là.

    Il n'y a pas que les services hospitaliers qui se raréfient. Les transports, la Poste, les services de police... L'état s'absente au nom du profit.
    Voir aussi l'Aude et l'Ariège... Tous les départements sont touchés.

    Edouard

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    1. Bonsoir Edouard
      Globalement d'accord avec vous .
      Bien loin d'atteindre
      la loi de grâce en effet ...
      La cupidité est le pivot de tous les vices :
      pas par la seule faute des humains !
      non !
      mais
      parce qu'elle est le fer de lance
      des entités prédatrices régnant sur le monde .
      Ceci explique en partie
      pourquoi
      toutes les activités humaines dont le BUT CACHE
      est d'amener l'individu , puis la collectivité
      à une plus haute compréhension du plan existentiel
      conduisant à la CON-NAISSANCE ,
      sont devenues VAMPIRISANTES
      à un point tel que l'individu devient lui-même VAMPIRE
      ...à l'insu de son plein grès ,
      ça c'est le TOP pour le système ;
      faire adhérer l'individu à l'INFAMIE
      qui le vampirise ,
      qu'il dénonce et nourrit de ses propres turpitudes !
      Aurait-on le monde qu'on mérite ?
      Hum !
      Je garde ma réponse .

      Maintenant
      question réalité du terrain
      après avoir rempli 3 bons mandats de suite
      comme conseiller municipal
      je sais qu'il n'y a rien à attendre du pouvoir institué
      parce que le JEU est truqué au sommet ...
      tout le monde le dit
      moi je l'ai constaté .
      Cependant
      tout le monde s'en contente tant qu'il s'accroche à son
      "brillant" petit rôle d'élu ( les hochets )
      sans oublier son "indemnité" qui dépasse sans vergogne
      ce que l'on nomme pudiquement mais avec fièreté "SALAIRE"
      chez un Ouvrier !





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  3. Ce que nous voyons se réaliser lentement en France, s'est déjà réalisé en accéléré en Grèce où les services de soins sont en totale déroute, et aussi en Espagne.

    Dans la prolongation du "soin" prodigué par les bons docteurs de l'UE, BCE et du FMI (Troïka) pour "guérir les pays de la crise" nous ne pouvons qu'assister à la disparition du service public et des droits sociaux, un des points les plus dramatiques étant la "santé publique" puisqu'il s'agit pour les malades graves, de "vie ou de mort".

    Imaginez ce qui se passerait s'il y avait de nouveau une "pandémie" (fabriquée comme H1N1 en 2009?) cette fois "vraiment mortelle" (faisons confiance aux labos) avec des systèmes de santé HS...

    Les "Assassins financiers" et leurs serviteurs au pouvoir politique (Flamby, Rajoy, Samaras etc) provoquent un génocide des pauvres dans les pays Européens en coupant les soins.
    Nous en verrons les funestes résultats dans les prochains mois sans doute, car la "crise" n'est pas finie et n'a pas de remède avec ces "bons docteurs Mengele".

    L'ami Pierrot

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  4. Il est vrai aDn qu'il est plus facile de dénoncer le "système" que de balayer devant sa porte.

    Si nous étions aussi clairs que nous le prétendons nous aurions un monde bien plus paisible et juste.

    Conan Doyle a fait dire à S. Holmes (citation approximative) : "Voyez ces êtres brutaux... et pourtant ils recèlent en eux la même étincelle que tous les autres humains."
    C'est dans cette étincelle que réside notre véritable humanité et dès lors, la prise de conscience de notre fraternité.

    Edouard

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  5. citation ;
    "Il est vrai aDn qu'il est plus facile de dénoncer le "système" que de balayer devant sa porte."

    J'ai fait les deux à la fois ,

    d'une pierre deux coups ...

    et c'est pas fini !

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  6. Effectivement, balayer devant sa porte et dénoncer, c'est ce qu'il faut faire.

    Dans mon village aussi : plus de dentiste, une permanence à la banque par semaine, la poste seulement le matin, plus de car pour la liaison avec les villes plus grandes...
    Alors que nous avions ces services à temps plein auparavant.

    "... et c'est pas fini..."

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