Une douzaine de voitures électriques de différentes marques (Tesla, BYD, Dacia, Xpeng, etc.) ont été démontées au Japon. Le but : comprendre comment les constructeurs chinois réussissent à produire des voitures électriques aussi abordables. La conclusion de l’enquête est très intéressante et montre à quel point les constructeurs traditionnels occidentaux ont du pain sur la planche.
Dans le domaine de la voiture électrique, Tesla fait figure de leader. Il faut dire qu’il s’agit du constructeur qui vend le plus de voitures électriques au monde. Mais il est suivi de près par BYD, le numéro un de la voiture en Chine. Et justement, la Chine est un pays où l’on compte une centaine de constructeurs de voitures électriques. Ces dernières sont souvent bon marché et beaucoup plus abordables que les créations occidentales.
Pour tenter de comprendre pourquoi, les professionnels japonais du secteur automobile ont démonté une douzaine de voitures électriques, chinoises, mais aussi européennes et américaines. On trouve aussi bien une Tesla Model Y qu’une Volkswagen ID.4 ou qu’une BYD Seagull ainsi que la Dacia Spring. Les voitures ont été littéralement entièrement démontées, et tous les composants ont été stockés sur des tables pour pouvoir les analyser et les compter.
Au total, 90 000 pièces sont exposées dans un immense gymnase utilisé pour l’occasion, comme le précise Bertrand Moreau sur X (ex-Twitter). On y apprend que l’exposition sera régulièrement actualisée, avec l’arrivée de nouveaux modèles de voitures électriques.
Le média local Nikkei Asia relaye l’information et la conclusion est sans appel : « Les fabricants chinois de voitures électriques maintiennent les coûts de production à un niveau bas en intégrant plusieurs composants en une seule pièce et en maximisant la production interne, ainsi qu’en standardisant les pièces sur plusieurs modèles de véhicules« .
« Choqué par les BYD et les Tesla »
Mais surtout, il ne s’agit pas uniquement des constructeurs chinois, mais aussi de Tesla. Un responsable de Nissin Precision Machine (un sous-traitant automobile) affirme, après avoir analysé l’ensemble des voitures, être « choqué par le peu de pièces que contiennent les BYD et les Tesla« .
On comprend alors mieux comment Tesla réussit à vendre des voitures électriques performantes, avec une grande autonomie et une recharge rapide bien moins chère que les concurrents européens. Et on comprend mieux comment les constructeurs chinois de voitures électriques ont réussi à faire largement mieux que les constructeurs européens sur le marché chinois.
Là-bas, Volkswagen s’est fait reléguer dans le classement, au profit de BYD. En cause notamment : des voitures électriques au coût trop élevé et des technologies dépassées. Il faut dire que les constructeurs chinois ont un coup d’avance sur la voiture électrique, grâce aux batteries produites localement, que ce soit par des entreprises spécialisées (comme CATL) ou carrément directement par les constructeurs (comme BYD). De quoi réduire fortement les coûts.
Le plan de bataille des constructeurs européens
Les constructeurs européens ont donc du pain sur la planche pour survivre sur ce marché ultra-concurrentiel. Ils ont trois axes de bataille : intégrer verticalement la production au maximum, avec par exemple, la production des batteries. C’est déjà le cas pour certains, comme Renault ou Stellantis en France, d’ici quelques mois.
Il faut également réduire le nombre de composants. Une étape cruciale, qui est plus simple avec des plateformes 100 % électriques (comme chez Renault) qu’avec les plateformes multi-énergies que la plupart des constructeurs européens veulent conserver.
Enfin, les constructeurs occidentaux vont devoir standardiser les différentes pièces sur les différents modèles. Pour cela, les plateformes vont devoir être le plus similaires possible, à l’image de ce que tente de faire Volkswagen avec la plateforme MEB par exemple.
On peut donc se demander si la récente décision de Mercedes d’annuler la future plateforme 100 % électrique pour créer une plateforme multi-énergies est donc une bonne nouvelle. Mais ce n’est pas le seul constructeur à prendre ce genre de décision. La plupart des constructeurs occidentaux ont réagi à la baisse de croissance des ventes de voitures électriques pour annoncer une baisse de leurs objectifs 100 % électriques.
À l’inverse, la plupart des constructeurs chinois maintiennent un objectif 100 % électrique et/ou hybride rechargeable. Comme le prouve BYD, qui a totalement arrêté de produire des voitures uniquement thermiques depuis 2022. La guerre économique ne fait que commencer.
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