Une étude de la Fnam (Fédération nationale de l'aérien et de ses métiers) estime que le trafic baissera de 2% à cause de l'augmentation des prix des billets payés par les voyageurs français.
La filière de l'aérien ne digère toujours pas la volonté du gouvernement de tripler le produit de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) afin de remplir les caisses de l'État. Cette hausse entrerait en vigueur le 1er janvier prochain.
A titre d'exemple, pour les vols domestiques et en Europe, le barème passerait de 2,63 à 9,50 euros en classe économique. Pour des vols au-delà de 5.500 km, le barème passerait de 7,51 à 40 euros.
Outre les compagnies aériennes, la Fnam (Fédération nationale de l'aérien et de ses métiers) et l’Union des Aéroports Français (UAF) ont fait bloc pour dénoncer les "effets dévastateurs" de cette mesure, notamment en termes d'attractivité et compétitivité pour le pavillon français face à la concurrence non-européenne.
Une baisse de trafic observée en Allemagne
Aujourd'hui, ces deux acteurs publient une étude qui relativise quelque peu le gain financier de ce triplement de la TSBA. Pour résumer, les bénéfices fiscaux de la mesure (850 millions d'euros) seront en partie annulés par la baisse du trafic engendrée et donc des recettes fiscales afférentes.
"Selon les analyses de la Fnam, la mise en œuvre du nouveau barème de la TSBA pourrait entraîner une diminution de trafic en 2025 de 2% en moyenne sur l’ensemble du territoire et bien au-delà sur certains aéroports".
Cette baisse de trafic a par exemple été observée en Allemagne après l'augmentation de taxes alors que "d’autres pays Européens tels que la Suède, l’Irlande, l’Autriche, l’Italie ou la Hongrie reviennent en arrière quant à eux leurs taxes sur le transport aérien", souligne l'étude.
Sur la base de cette hypothèse "conservatrice, la nouvelle taxe induirait, sans prise en compte des effets catalytiques sur le reste de l’économie française, la destruction de 11.500 emplois et une perte de recettes fiscales de 510 millions d'euros pour l’État sans prise en compte de l’ensemble des effets sur tous les autres secteurs qui dépendent du transport aérien".
"En conclusion la perte de trafic du secteur aérien – sur la base d’un schéma conservateur - due à l’augmentation de la TSBA conduira à un manque à gagner potentiellement plus important pour le budget de l’État que les recettes issues de sa collecte", prévient le lobby.
La Fnam demande donc "une véritable concertation (et) une transformation (de cette augmentation) en une contribution exceptionnelle à l’image des autres secteurs sollicités".
Des liaisons abandonnées?
Autre impact qui n'a pas été évalué selon le secteur, "la suppression à venir de nombreuses liaisons aériennes, sous l’effet de la nouvelle pression fiscale, par les compagnies low-cost desservant aujourd’hui majoritairement ou totalement les aéroports régionaux français".
L'UAF souligne en effet que "la sensibilité au prix 'pour ces destinations, (NDLR) est extrêmement forte. Cette destruction de liaisons sur les aéroports régionaux affaiblira considérablement la connectivité et l’économie touristique des territoires et réduira la localisation d’entreprises en région".
Un argument d'ailleurs repris par Easyjet: la compagnie aérienne low cost souligne que "la sensibilité au prix est importante" pour les vols courts et moyens-courriers.
"Pour Easyjet la hausse rapide et importante des taxes sur les billets d’avion impacte directement le pouvoir d’achat des consommateurs et, à moyen terme, privera surtout les ménages de la classe moyenne de l’accès au voyage en avion", peut-on lire dans un communiqué.
"Les classes moyennes, les PME ou les étudiants n’auront bientôt plus accès à des vols courts et moyens-courriers abordables, or prendre l’avion ne doit pas être réservé à une élite", juge même Bertrand Godinot, directeur d’Easyjet pour la France.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business
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