04 octobre 2024

Telegram partagera désormais les adresses IP et les numéros de téléphone de ses utilisateurs avec les gouvernements

Telegram, l’application de messagerie qui se positionnait comme la réponse des rebelles à la surveillance des Big Tech, a fait un virage à 180 degrés sur l’autoroute du « nous protégeons vos données à tout prix ». Lundi, l’entreprise a discrètement mis à jour sa politique de confidentialité pour permettre la divulgation d’informations sur les utilisateurs – comme ces précieuses adresses IP et numéros de téléphone – aux forces de l’ordre, mais seulement, bien sûr, si elles présentent une demande légale valable.

Comme nous le savons tous, personne n’a jamais élargi la définition du mot « valable » pour l’adapter à son agenda, n’est-ce pas ?

Cette révélation fait suite à un petit incident survenu en août, lorsque le PDG de Telegram, Pavel Durov, s’est retrouvé menotté et détenu par les autorités françaises. Quel était son crime ? Il semblerait que Telegram ait été accusé d’avoir joué les durs avec les forces de l’ordre françaises, en refusant de fournir des données, ce qui a conduit à l’arrestation de M. Durov. Il semble que les forces de l’ordre n’aient pas apprécié ce niveau de non-conformité, surtout après 2 460 demandes d’informations restées sans réponse.

La volte-face de la politique

La nouvelle politique révisée est une véritable volte-face par rapport à celle qui avait été vendue aux fans fidèles de Telegram. Les anciennes règles étaient claires comme de l’eau de roche. Telegram pouvait divulguer vos coordonnées – votre adresse IP et votre numéro de téléphone – mais uniquement si vous étiez suspecté dans une affaire de terrorisme. La politique de Telegram assurait même que ce type de transmission n’avait jamais eu lieu.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Aujourd’hui, Telegram a élargi son champ d’action. Selon la nouvelle politique révisée, si vous enfreignez les conditions d’utilisation de Telegram – vous savez, la chose que personne ne lit jamais – ils peuvent transmettre vos informations s’ils obtiennent un ordre « valide ». Le langage utilisé est très explicite et ne laisse aucune place à l’ambiguïté : « Si Telegram reçoit un ordre valide des autorités judiciaires compétentes confirmant que vous êtes un suspect dans une affaire impliquant des activités criminelles qui violent les conditions d’utilisation de Telegram, nous effectuerons une analyse juridique de la demande et pourrons divulguer votre adresse IP et votre numéro de téléphone aux autorités compétentes.

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Comparaison entre l’ancien et le nouveau texte de la politique « 8.3. Politique relative aux autorités chargées de l’application de la loi ».

Bien entendu, Telegram s’engage toujours à faire preuve de transparence, du moins sur le papier. L’entreprise promet de divulguer tous les incidents de ce type dans ses rapports de transparence trimestriels, qui, comme par hasard, peuvent être consultés via un bot dédié.

La déclaration de Durov : À qui s’adresse-t-elle exactement ?

M. Durov s’est rendu sur Telegram pour informer les utilisateurs : « Nous avons mis à jour nos conditions d’utilisation et notre politique de confidentialité, afin qu’elles soient cohérentes dans le monde entier. »

« Nous avons précisé que les adresses IP et les numéros de téléphone de ceux qui enfreignent nos règles peuvent être divulgués aux autorités compétentes en réponse à des demandes légales valables », a-t-il ajouté.

M. Durov a ajouté : « Ces mesures devraient décourager les criminels. Telegram Search est conçu pour retrouver des amis et découvrir des nouvelles, pas pour promouvoir des produits illégaux. Nous ne laisserons pas de mauvais acteurs mettre en péril l’intégrité de notre plateforme pour près d’un milliard d’utilisateurs. »

La French Connection

Mais qu’est-ce qui a vraiment forcé la main de Telegram ? Revenons à l’arrestation de Durov à l’aéroport en août, où les choses ont commencé à devenir plus claires.

Après avoir ignoré plus de 2 400 demandes de données, les autorités françaises en ont eu assez. Elles ont fait appel à la gendarmerie nationale pour faire la lumière sur le refus de Telegram de coopérer.

Apparemment, la communication de données n’était pas une option jusqu’à ce qu’elles commencent à détenir des PDG.

Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche

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