J’écris ces chroniques du lundi depuis plus de 10 ans et j’en commet environ 40 par année.
Chacun de ces documents fait quatre pages, j’ai donc dû publier plus de 2000 pages qui se trouvent toutes sur ce site et j’invite ceux qui nous ont rejoint récemment à lire au hasard des chroniques anciennes qui pourraient répondre à des questions qu’ils se posent aujourd’hui.
A chacune de ces chroniques, les lecteurs font librement des commentaires, ou posent des questions, et je crois avoir lu toutes ces remarques, même si je n’ai pas répondu à toutes les questions par manque de temps. J’ai toujours essayé cependant d’en tenir compte dans mes écrits suivants.
Aujourd’hui, je voudrais répondre à une série de commentaires que je vais appeler les affirmations à la fois stupides et insultantes. J’en ai quelques-unes chaque lundi, et, bien entendu, elles sont toujours faites sous la protection de l’anonymat. Comme le disait mon cher père, contre la bêtise au front de taureau, on ne peut rien faire et donc pendant longtemps, je n’ai rien fait, mais je me suis dit que je pouvais sans doute en faire un petit florilège pour faire rire ou sourire mes lecteurs.
Commençons par la plus étonnante.
Prix de la remarque la plus stupide.
Ce que je gagne, je l’ai pris à quelqu’un d’autre.
Récemment, j’ai écrit que grâce à la méthode d’investissement que je développe dans l’Université de l’épargne, il me semblait possible d’avoir une rentabilité annuelle en termes réels d’environ 4 %.
A quoi un lecteur indigné m’a demandé : « À qui les avez-vous pris ces 4 % ? ». A personne est la réponse. Ce gros analphabète pense à l’évidence que l’économie est un jeu à somme nulle, et que ce que je gagne à droite, lui le perd à gauche.
Comme l’a dit l’amiral Kersauson dans les grandes gueules « Être une victime n’est pas un projet de vie ». Qu’il reste donc à gauche où il crèvera dans la misère en maudissant tous ceux qui font quelque chose pour que le monde change.
Deuxième prix.
Seul le travail crée de la valeur.
Dans un papier sur Pareto et le règle des 80/20, j’expliquais que tous les phénomènes sociologiques sont distribués selon la Loi de Pareto. Ainsi 80 % des accidents sur la route sont créés par 20 % des conducteurs, 80 % de l’alcool est bu par 20 % de la population etc… Et je rajoutais que 80 % des valeurs dans l’économie était créées par 20% des individus et que dans ces 20 % d’individus, 80 % de la valeur créée l’était par 20 % d’entre eux. Et je concluais donc qu’en France 4 % des individus créent 64 % de la valeur et que le gouvernement devrait leur foutre bien la paix.
Le Marxiste de service me fit alors remarquer que la seule chose qui créait de la valeur était le travail des masses laborieuses et qu’il fallait donc taxer au maximum ces 4 % puisqu’à l’évidence, ces 4 % étaient ceux qui exploitaient le mieux lesdites masses laborieuses, dont il fallait faire baisser le temps de travail. A l’évidence, ce géant de la pensée est inscrit à LFI et l’on peut espérer qu’il (ou elle) ait été élu au Parlement grâce aux voix des Macronistes, ce qui lui permet de faire savoir à toute la population qu’il est non seulement totalement idiot, mais aussi qu’il devrait aller vivre à Cuba ou au Venezuela pour bénéficier du niveau de vie que ces idées ont engendré dans ces paradis du socialisme scientifique.
Troisième prix.
Il faut taxer les superprofits.
Mention spéciale au RN qui semble décidé à être aussi bête que LFI et qui sont en bonne voie pour y arriver.
Voilà qui suppose deux choses.
- Qu’en France, les sociétés fassent des profits.
- Que nos élites au Parlement soient capables de déterminer ce qui serait un profit normal et ce qui serait un super profit.
Prenons ces deux idées l’une après l’autre.
- Depuis le début de 1990, la marge brute d’autofinancement des entreprises françaises (ce qui reste dans la caisse quand tout a été payé) a baissé de 16 points de PIB, en trente-quatre ans, ce qui est à peu près sans égal dans le monde. Parallèlement, le poids de l’Etat est monté de plus de 16 points pendant la même période, ce qui est aussi à peu près sans égal dans le monde, surtout si l’on exclut Cuba et le Venezuela, le niveau de la suisse étant, quant à lui, resté à 30% depuis cinquante ans. La misère des Suisses fait peine à voir, surtout si on la compare à notre prospérité.
Moins de profits = moins d’impôts et moins d’emplois, plus d’Etat implique plus de dépenses financées par des déficits budgétaires et donc plus de dettes et à la fin, nous arrivons à » La Faillite, nous voici ».
- Les superprofits. La France a eu un coup de pot historique. Nous avons une dizaine de grandes sociétés, cotées à Paris, qui font d’immenses profits a l’étranger. (Total, Air Liquide, Schneider, LVMH, Hermès, Pernod-Ricard, Dassault Systèmes, etc..).
Les profits qu’elles engrangent à l’étranger viennent en déduction de notre déficit extérieur, ce qui aide beaucoup à la crédibilité de la France sur les marchés obligataires.
Le problème est que pour ainsi dire aucune de ces sociétés ne gagnent de l’argent…en France et que notre pays a signé des accords de double imposition avec la quasi-totalité des pays où ces sociétés opèrent et qu’elles payent donc des impôts là où elles sont implantées. Et à ce point du raisonnement nous n’avons plus que deux possibilités.
Ou bien nous les imposons sur leurs bénéfices mondiaux et elles transfèrent toutes leurs sièges sociaux à Amsterdam, Londres ou New-York, où sont leurs actionnaires, ou alors nous leur foutons bien la paix, ce qui voudrait dire que nombre de gens au Parlement, et pas seulement chez la France Insoumise, cesse de raconter des âneries démagogiques. Je pense que la deuxième solution est plus probable et reste donc un éternel optimiste.
Après tout, si nos parlementaires comprenaient quelque chose à la réalité, ils ne seraient sans doute pas parlementaires, mais feraient un métier honnête et utile, conforme à leurs capacités et tiendraient une baraque à frites à côté d’une gare. Hélas, ils en sont bien incapables et se sont rabattus sur la politique. Que ces ignoramus économiques se croient capables de déterminer ce qui serait excessif dans les profits générés par Total ou LVMH devrait faire rire. Hélas, cela ne prête pas à rire, mais à pleurer. Quand les clowns sont au Parlement, au Gouvernement et à la Présidence d’un pays, la vie ne devient pas plus drôle, mais le pays devient un cirque.
Premier accessit
Il faut réindustrialiser la France.
Pour ceux que cette idée intéresse, je ne saurais trop recommander la lecture du dossier IDL que nous avons publié il y a un peu plus d’un an sur ce site, intitulé :
Comment réussir sa désindustrialisation.
Tout y est.
Mais je voudrais faire une remarque toute simple : Pour réindustrialiser, il faudrait que la rentabilité des usines en France soit supérieure à la rentabilité des usines en dehors de France. Si tel était le cas, Schneider, Total ou Air Liquide s’empresseraient de le faire.
Hélas, cette rentabilité en France est à peine à soixante pour cent de ce qu’elle est dans un pays où les travailleurs sont exploités de façon honteuse, je veux parler bien sûr de la Suisse.
Heureusement, nos élites ont la solution : il nous faut créer un « Etat Stratège » qui, bien qu’étant incapable de se gérer lui meme puisqu’il emploie des centaines de consultants extérieurs et qu’il est en quasi-faillite, se donnerait comme mission de faire de la France une start-up nation écologiquement parfaite. Si vous avez aimé messieurs Macron ou Philippe (celui qui aime les communistes), vous allez adorer l’Etat stratège.
Après tout, c’est ce que nous avait promis monsieur Macron, et nous en avons vu les résultats d’ un génie quand il s’attache à dominer le concret. Que le lecteur se renseigne sur la production industrielle française ou sur l’évolution de notre système de production d’électricité.Il fallait quand même des stratèges remarquables pour détruire en quelques années la position dominante de la France dans le nucléaire. Et ils y sont arrivés. Et à ce propos, où en est le procès de madame Lauvergeon ? Il semble qu’il prenne plus de temps que celui de monsieur Fillon, ce qui est incompréhensible.
Et finalement, un prix spécial a été créé par le Jury (moi tout seul) pour deux grands intellectuels français en vue de récompenser leur soutien indéfectible au projet européen.
Le Prix Ligne Maginot a donc été attribué à messieurs Attali et Minc pour défendre avec tout le talent qu »on leur connaît l’idée la plus destructrice de toutes:
L’Euro est un grand succès et l’Europe nous protège.
Ces deux grands esprits ont une caractéristique commune : ils n’ont pas dit que des bêtises. Ils en ont écrit encore plus. Ce qui permet de revenir en arrière puisque les écrits restent.
A ce point de l’article, il me faut citer Jean François Revel parlant de Minc : « Il y a deux façons d’être un intellectuel. La première est de ne jamais se tromper, c’est celle de Raymond Aron. La deuxième est de se tromper toujours, et c’est celle d’Alain Minc ». Cette citation s’’applique parfaitement à Minc, mais encore plus à Jacques Attali.
En 2000, les deux récipiendaires du prix, délirants de bonheur nous annoncent que l’Euro et une Europe fédéraliste allaient nous amener à la prospérité, au bonheur, à la cohésion sociale, à la fin de l’Histoire, et enfin à un gouvernement mondial qui mènerait à une paix éternelle entre les Nations.
On songe au slogan du Front Populaire pour gagner les élections en 1936 « la paix, la liberté et du pain ». Trois ans après, nous avions la guerre, les Allemands à Paris et notre pain partait Outre Rhin avec monsieur Marchais.
Et l’histoire se répète : aujourd’hui, le revenu disponible médian des français est en baisse depuis l’an 2000, le FMI sera bientôt à Paris et notre pays est à nouveau envahi.
Et ces deux hommes sont en grande partie responsables de ces désastres puisque ce sont eux qui ont poussé vers la Présidence, Sarkozy, Hollande et Macron.
Ils reçoivent donc ce prix Maginot, d’une valeur inestimable et qui consiste en une semaine dans une casemate de la ligne éponyme, le deuxième prix (à attribuer) étant deux semaines au même endroit, pour l’ensemble de leurs efforts, dont le but était, à l’évidence, de détruire la Nation Française.
Il est rare de voir des intellectuels atteindre un but quel qu’il soit.
Force est de constater qu’à eux deux, ils y sont pleinement arrivés.
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