La grande nouvelle du jour dans une campagne présidentielle qui devient lassante à force de tension, de fureurs, de nullités, de mensonges et de simulacres aussi vides qu’infâmes : le Washington ‘Post’ (WaPo), la vedette de la presseSystème US chargée de gérer le simulacre derrière le New York ‘Times’, a décidé de ne pas choisir un des deux candidats, – c’est-à-dire Kamala, car nul ne pensait à Trump, l’ennemi juré de la presseSystème. C’est une grande nouvelle, une nouvelle révolutionnaire !
C’est le propriétaire du WaPo, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, qui a imposé cette décision à sa rédaction qui se préparait à publier un message d’engagement en faveur de Kamala. L’on dit qu’en prenant connaissance du communiqué de la rédaction qui allait annoncer l’engagement du WaPo derrière Kamala, Jeff a été « profondément choqué ».
La nouvelle est surprenante par rapport aux engagements évidents des uns et des autres, Bezos ayant racheté le WaPo (en 2014), pour 600 $millions, avec l’accord et le soutien financier indirect de la CIA au travers d’une commande passée par l’Agence au groupe Bezos et dont nul ne sait de quoi il était question et si cela fut bien réalisé, – en attendant Bezos disposait des 600 $millions en liquide et du feu vert de l’Agence pour le rachat. On comprend évidemment que tous ces gens sont viscéralement antiTrump, et donc pro-Kamala par logique des contraires. Eh bien, pas Bezos ou du moins en bonne et saine logique, ce qui plonge la rédaction et les lecteurs du WaPo, et toutes les têtes bien pleines de Washington D.C., dans une grande colère :
« En réponse à la décision de Jeff Bezos de ne pas soutenir un candidat à la présidentielle cette année, le personnel est en pleine crise, les libéraux annulent leurs abonnements et l’un des collaborateurs vedette, le neocon Robert Kagan (mari de Victoria Nuland) vient de démissionner. » [...]
« Si la démission de Kagan a été la seule jusqu’à présent, le Washington Post a été vivement critiqué pour la décision de Bezos. Susan Rice, ancienne conseillère pour la sécurité du président Barack Obama, a dénoncé cette décision comme “la décision la plus hypocrite et la plus débile d’une publication censée demander des comptes aux personnes au pouvoir”.
» “C’est de la lâcheté, un moment sombre qui fera de la démocratie une victime”, a déclaré Marty Baron, rédacteur en chef du Post pendant la présidence Trump, à NPR dans un communiqué, qualifiant le non-soutien de Harris de “chapitre inquiétant de la mollesse d’une institution réputée pour son courage”.
» Sous la direction de Baron, le Post a remporté plusieurs prix Pulitzer pour des articles sur la théorie du complot du ‘Russiagate’ et pour avoir accusé Trump d’être responsable de l’émeute liée aux élections de 2021 au Capitole américain. »
Autre démission de choc d’une grande signification : la collaboratrice extérieure (donc ne faisant pas partie de la rédaction) Anne Applebaum, historienne et neocon patentée, et de surcroît épouse du ministre des affaires étrangères polonais Sikorski. On voit que le gratin neocon essuie un grave défi d’autant que le WaPo est le second grand quotidien progressiste à diffusion nationale à laisser tomber Kamala. L’autre est le Los Angeles ‘Times’, progressiste affirmé lui aussi. C’est également sur l’intervention de son propriétaire, et contre l’avis de la rédaction, que l’orientation a été prise. La aussi, on constate quelques dégâts.
« Le propriétaire du Los Angeles Times a interdit au comité de rédaction du journal de soutenir Kamala Harris lors de l’élection présidentielle américaine de cette année, ce qui met fin à deux décennies de soutiens démocrates, a rapporté Semafor.
» Le comité de rédaction se préparait à soutenir Kamala Harris pour la présidence, jusqu’à ce que le rédacteur en chef Terry Tang intervienne plus tôt ce mois-ci et ordonne qu’aucun soutien ne soit publié, a rapporté Semafor mardi, citant deux sources anonymes.
» Selon les sources, l’ordre est venu directement du propriétaire du journal, Patrick Soon-Shiong. Docteur en médecine né en Afrique du Sud et entrepreneur milliardaire, Soon-Shiong a acheté le LA Times en difficulté en 2018. S’il a réussi à inverser des décennies de pertes et de réductions d’effectifs, les revenus publicitaires du journal ont chuté pendant la pandémie de Covid-19, et plus de 100 employés ont été licenciés plus tôt cette année.
» La décision de Soon-Shiong de bloquer le soutien à Harris sera considérée comme un coup dur pour la vice-présidente, car le LA Times est le journal le plus important de son État natal, la Californie. »
« La responsable de la rédaction, Mariel Garza, a démissionné en signe de protestation contre cette décision qui, selon elle, donne au journal “une apparence lâche et hypocrite, peut-être même un peu sexiste et raciste”, après avoir passé huit ans à “critiquer” Trump. »
Ces prises de position, tout à fait inattendues, ne bouleversent pas spécialement une campagne qui est tellement dispersée, désordonnée, sans aucun précédent, qu’on se dit que rien, vraiment, ne saurait la bouleverser plus qu’elle ne se bouleverse elle-même. Ainsi, les événement inattendues s’inscrivent dans une continuité de désordre comme s’ils étaient attendus en vérité.
Un texte du commentateur J. Peder Zane, donne une bonne image de cette campagne en la fixant dans un paradoxal climat de calme, alors qu’elle en est tout le contraire. Mais c’est le calme de la tension nerveuse poussée à l’extrême, le calme d’une tension extrême justement, et le calme qu’on éprouve lorsqu’on se trouve au cœur de la tempête, dans l’œil du cyclone, enfin le calme d’une sorte de paralysie tant on craint que chaque mouvement imprévu une déclenche une réaction en chaîne.
Le titre choisi par Zane est d’ailleurs une phrase fameuse qui fait proverbe, qu’il souligne d’une citation inventée, une parole qu’il prête à la population américaine...
« “Le calme avant la tempête”
» “J’ai vraiment hâte que cette campagne se termine”
» Le peuple américain. »
Pour le reste, il s’agit d’une description sans surprise d’une campagne qui n’est elle-même qu’une longue suite de surprises complètement attendues, de comportements incompréhensibles selon les normes de la politique. L’Amérique est évidemment devenue complètement folle et l’on ne voit pas qu’on puisse émettre un jugement ni émettre une prévision acceptable. L’Amérique est un bateau fou, comme elle l’est depuis 2016 et il semble difficile d’attendre, comme au hasard, qu’un élément politique vienne y mettre bon ordre pour offrir un sens à tout cela
« Pourtant, les sondages sont très serrés et Harris pourrait gagner. Si Trump a pu affirmer qu’il a remporté la course de 2020 alors que tous les sondages prédisaient sa défaite, imaginez sa réaction s’il échoue alors qu’il semblait réussir. Il ne s’en ira pas tranquillement.
» Kamala Harris, quant à elle, a décidé de conclure en se concentrant sur l’inaptitude présumée de Trump à exercer ses fonctions. Alors que la candidate elle-même décrit son adversaire comme une menace instable pour la Constitution, ses représentants le comparent une fois de plus à Hitler, Staline et Mussolini. Ils croient sincèrement à cette rhétorique, ce qui les empêchera de se plier à son ascension.
» Nous avons déjà vu ce film. Les démocrates ont refusé d’accepter la victoire de Trump en 2016 ; il ne reconnaît toujours pas que le président Biden a gagné en 2020. Comme auparavant, aucun des deux camps ne se blâmera pour la défaite ; ils s’en prendront à leurs ennemis présumés. Chacun d’entre eux fera valoir sa théorie du complot préférée – Trump s’en prendra à la presse et à l’État profond, les Démocrates à l’influence étrangère et à la désinformation – mais tous deux présenteront le résultat comme illégitime.
» C’est ce qui arrive quand on est contrôlé par l’émotion tribale, quand la politique est gouvernée par la psychologie plutôt que par la politique. Les gens sont trop investis dans le résultat – littéralement, dans leur sens de soi – pour se lancer dans une introspection (du moins à court terme). »
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