Jusque-là rien de plus normal pour une scientifique de faire ce travail de recherche et d'analyse de la recherche afin de partager l’information avec la communauté scientifique. Quelle ne fut donc pas sa surprise quand l’AFP factuel fit une vérification de son article, ce fameux factcheking, qui s’avère rempli d’erreurs, contribuant par là-même à la désinformation du public. Et bien sûr, cet article n’est pas signé, de ce fait, il est impossible de connaître les qualités et compétences de l’auteur.
Voyez plutôt
L’AFP titrait : « Attention à ces affirmations trompeuses sur le Beyfortus, traitement contre la bronchiolite ». Un titre qui en dit long sur la suite de l’article. L’AFP, avant correction suite à un courrier d’Hélène Banoun, déclarait erronément que l’article scientifique du Dr Banoun était une pré-publication. L'AFP et son journaliste inconnu effactuait donc même une erreur fondamentale, car donnant au lecteur l’impression que ce travail de recherche était préliminaire alors qu’il avait été dûment revue par les pairs pendant plusieurs mois. De plus, l’AFP Factuel donnait la parole au Pr Christèle Gras-Le Guen qui n’avait visiblement pas lu la publication et se permettait des digressions avec les faits qui paraissent indignes à son serment d’Hippocrate ! Il s'avère que ce médecin a de nombreux liens d’intérêts avec l’industrie indiqués sur le site Transparence Santé. Liens qui ne sont malheureusement pas déclarés dans l’article de l’AFP, telle qu'est la règle que ne devrait ignorer ni le journaliste de l'AFP, ni le médecin !
À ce sujet du Beyfortus et de ses effets indésirables, les futures mamans peuvent lire en détail le rapport ANSM (Agence Nationale de Sécurité et du Médicament) qui vient de sortir. Malgré les 153 cas graves signalés par l'ANSM (dont 3 morts subites en France), les 292 effets indésirables graves, les 10 décès dans la base de données internationale, la balance bénéfice/risque est déclarée positive. Un fait surprenant qui risque d’inquiéter plutôt que de rassurer sur la manière dont l’ANSM procède pour évaluer la balance bénéfice risque d'un médicament.
Dans ce debriefing, Hélène Banoun vient présenter ses travaux scientifiques ainsi que fournir aux lecteurs et auditeurs les conséquences pour eux-mêmes et leurs enfants afin de restaurer l’information loyale qui est due aux lecteurs. Elle parle aussi du congrès annuel de l’AIMSIB, l'Association Internationale pour une Médecine Scientifique Indépendante et Bienveillante, qui a réuni près de 200 personnes le 21 septembre, à Lyon. Le thème de ce colloque portait sur « l’éthique médicale, où allons nous ? ». L’éthique, un véritable sujet tant en médecine, qu’en science et plus encore dans le journalisme, à la lumière de la pollution informationnelle générée par un inconnu de l’AFP.
Le résumé « grand public » réalisé par Hélène Banoun de l’article publié et revue par les pairs : « Analyse de la campagne d'immunisation Beyfortus® (Nirsevimab) : Efficacité, biais et risques d'ADE dans la prévention du VRS » est publié ci-dessous pour information.
Le Beyfortus est un anticorps monoclonal fabriqué par Astra-Zeneca et commercialisé par Sanofi dans tous les pays à haut revenu : c’est un produit cher ( le prix est compris entre 282€ en Espagne et 1 350 € en Allemagne - renégocié à 454€ actuellement; en France 402€ la dose). Il est destiné à la prévention de la bronchiolite à VRS du nouveau-né et surtout à éviter la surcharge hospitalière due à cette maladie. Il s’agit donc de soigner l’hôpital et pas principalement les bébés! La bronchiolite est une maladie bénigne généralement (3% d’hospitalisation selon la HAS); le traitement classique efficace a été abandonné : kinésithérapie et aérosol. Beyfortus remplace Synagis, qui nécessitait 1 injection par mois chez les bébés fragiles. Il a été modifié pour augmenter sa durée de vie. Les essais cliniques datent de 2018 (pour la phase 1 et phase 2 en 2022 seulement, donc pas de visibilité à long terme). Les essais cliniques font apparaitre de rares cas d’hospitalisations plus graves chez les enfants traités que chez les placebos. De nombreux participants sont exclus. Il y a légèrement plus de décès dans les essais chez les traités que chez les placebos. Lorsque des détails sont disponibles à propos de ces décès on note qu’ils sont majoritairement dus à des pneumonies ou des bronchiolites graves. Dans un des essais, l’EMA (Agence Européenne du Médicament) mentionne des chiffres différents au cours de son rapport ( entre 2 à 5 décès dans le même essai concernant 978 enfants sans plus de précision).
La première campagne a concerné la France, l’Espagne, le Luxembourg et les USA en 2023-2024.
En France, d’après Santé Publique France, l’activité hospitalière n’a pas été réduite pendant cette campagne et on note même un pic d’activité pour les nourrissons à partir du 15 septembre 2023 (début de cette campagne). Les données publiées de cette campagne dans les 4 pays montrent un pic d’infections respiratoires précoces juste après l’injection du Beyfortus. En France on observe une augmentation significative du taux de décès entre 2 à 6 jours de vie pendant la campagne d’immunisation.
On sait depuis les années 1960 que les anticorps contre la protéine F du virus VRS sont capables de provoquer l’ADE : facilitation/aggravation de l’infection par l’anticorps. Le Beyfortus est dirigé contre la protéine F et a une très forte affinité pour celle-ci et pour un récepteur membranaire capable de faciliter l’entrée du virus dans les cellules cibles. Les études précliniques et cliniques de cet ADE possible montrent des lacunes mais suggèrent que la modification apportée au Beyfortus par rapport au produit précédent (utilisé depuis 20 ans) pourrait avoir un effet délétère lorsque le produit circule à faible concentration. Les études pharmacocinétiques partielles qui ont été effectuées montrent que, chez certains bébés, le produit n’atteint pas la concentration efficace dans les premiers jours suivant l’injection. Les injections concernent des nouveau-nés dès les premiers jours de vie mais les essais cliniques n’ont pas été menés principalement sur cette population mais sur des bébés plus âgés et de jeunes enfants.
Pourquoi injecter tous les nouveau-nés.
Ces campagnes massive d’immunisation sous autorisation accélérée ne sont pas justifiées ni scientifiquement ni économiquement. Le Beyfortus réduit les infections à VRS mais pas la charge globale sur l’hôpital.
Sûr et efficace pour qui? Les bébés? l’hôpital? la santé financière de l’industrie?Merci de partager : ce médicament à l'efficacité douteuse et à la toxicité probable est proposé à toutes les mamans pour leur nouveau-né dès la maternité.
Hélène Banoun est aussi l'auteur du livre la Science face au pouvoir aux editions Talma.
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