En matière d’économie, en France, tout va bien et, à l’analyse, tout va même mieux que bien ! Le pays est sauvé et c’est grâce à Bruno Le Maire qui l’a d’ailleurs expliqué avec cette fulgurance qui vaudra certainement à son auteur une trace indélébile dans l’Histoire : « :Si aujourd’hui notre niveau de dette est élevé, c’est parce que j’ai sauvé l’économie française »
Pour le reste des Français à commencer par les plus lucides, et une fois passés les spasmes d’hilarité nerveuse que peuvent encore provoquer les saillies de l’ex-ministre de l’Économie, le constat est plus nuancé : il semble bien, à lire les dernières déclarations quasiment martiales de Michel Barnier, le blob mou désigné récemment Premier ministre, qu’il va falloir prendre des mesures “responsables”, et ce même si elles ne seront “pas toujours populaires”.
Dans ces mesures, Barnier évoque une simplification qu’il veut appliquer au rapport aux administrations et aux tâches des agents publics notamment. On s’étonnera en l’occurrence de la qualification de “pas toujours populaires” tant une telle simplification ne pourrait obtenir que le vibrant accord de l’écrasante majorité des Français, y compris des agents de l’États eux-mêmes confrontés tous les jours à l’inflation bureaucratique sans frein.
Maintenant, il faudrait être le dernier des naïfs pour imaginer que
cette simplification dont se gargarise Barnier se traduira par quoi que
ce soit de concret. On se rappellera à toutes fins utiles qu’en 2014 (il y a 10 ans, déjà !), des gesticulations à ce sujet avaient été lancées à grand bruit par un petit foutriquet
ministre, un certain Macron, pour aboutir à… un accroissement de la
brasse coulée dans les torrents de merde législativo-bureaucratique que
nous pondent députés et administrations avec un rythme devenu
hystérique.
Barnier précise aussi qu’en parallèle de cette simplification parfaitement cosmétique, il envisage une contribution “exceptionnelle et temporaire” face à la situation financière qu’il qualifie, le sourcil tremblant et l’œil humide, de “très grave”.
Là encore, seuls les plus naïfs croiront au caractère exceptionnel et temporaire de ce qui va picoter sévère. Ce sera très probablement aussi exceptionnel, temporaire, ciblé et indolore que le furent CSG et vignette auto pour ne proposer que ces exemples.
Eh oui : exactement comme prévu depuis des mois, les finances de l’État étant sur le point de s’effondrer (et ce n’est pas une exagération), il devient impossible d’imaginer autre chose… qu’augmenter les impôts et les ponctions diverses.
Pourtant, la grogne à certains endroits de la République monte déjà fort au point qu’on supprime certaines taxes, comme actuellement en Martinique : il semble que, lorsque les dirigeants sont très prêts de ceux qui payent l’impôt et qui commencent à trouver la ponction trop piquante, leur vision des solutions à appliquer pour améliorer la situation s’ouvre à d’autres possibilités.
Oh, certes, on n’en est pas encore à la réalisation qu’il va falloir trancher dans certaines dépenses, mais à certains endroits, l’idée commence à faire son chemin. Rassurez-vous, cette idée reste pour le moment âprement combattue en Métropole où certains continuent de se convaincre qu’en fait, il serait plutôt judicieux de multiplier les mesures impopulaires et d’accroître les taxes, par exemple sur les voyages.
Eh oui, on voit encore poindre des idées de taxes, des idées pour emmerder les Français, au moment précis où la tempête d’emmerdes va devenir un véritable ouragan.
Ici, on appréciera le sens du timing redoutable de ces associations de gaïatollahs semi-habiles, qui démontre une fois encore cet état d’esprit si spécifique, si profondément ancré dans le mode opératoire d’une partie des Français et – bien malheureusement – de cette partie qui dispose de l’oreille des médias et des politiciens.
C’est à ce point fermement ancré qu’il en devient impossible pour ces derniers d’écouter la voix de la raison, celle qui intime l’évidence : il faut couper dans les dépenses somptuaires, dans les prébendes, dans les fromages républicains. Il faut raboter comme jamais dans les distributions sociales qui gangrènent le pays. Et si l’effort doit porter à hauteur de la capacité de contribution financière, il est assez peu probable que ce soit la classe moyenne des actifs qui puisse encaisser le choc dont l’ampleur massive semble échapper à beaucoup de Français, politiciens en premier.
Dans ce cadre, la petite musique sur un rabotage des retraites (à commencer par celles des fonctionnaires, qui est directement issue du budget courant de l’État) n’est donc pas anodine ; et pour qu’on en soit à envisager cette voie, c’est que la situation financière est encore pire que ce que les petits prouts aigus de Barnier laissent comprendre.
Comme le notait un certain François Fillon en 2007, la France était un État en faillite, et le camouflage qui a eu lieu depuis n’a été en réalité qu’une fuite en avant, une gabegie décontractée sans regarder en arrière, dont l’accélération depuis 2020 à la faveur d’une crise largement artificielle a propulsé la dette française à des niveaux véritablement catastrophiques.
Cette fuite arrive maintenant à son terme.
Il faut se rendre à l’évidence : si la ponction que veut opérer Barnier est effectivement temporaire, ce ne sera pas parce que le premier ministre en décide ainsi, mais tout simplement parce qu’il n’aura pas l’occasion de renouveler la forfaiture plusieurs fois. Ces prochaines ponctions seront à l’évidence douloureuses mais pourraient fort bien être la goutte qui fait déborder un vase qui n’a jamais été aussi plein, dans l’Histoire française, et dans le monde entier.
La suite est évidente : comme il va devenir assez clair assez vite que le Ponctionnistan ne peut plus fonctionner, et comme à chaque fois qu’on arrive au bout de l’argent des autres, le socialisme va devenir soudainement plus brutal.
La musique va s’arrêter et il n’y aura vraiment pas assez de chaises pour tout le monde.
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