« Jour par jour, et presque minute par minute, le passé était mis à jour »
Ce lundi 9 septembre, dans le journal du 19/20 de la région Rhône-Alpes, qui a vu naître Henri Grouès dit l’Abbé Pierre, les charognards journalistes ont osé intituler leur reportage « Faut-il effacer l’Abbé Pierre ? ».
Leur inculture est si grande qu’ils n’ont pas fait le rapprochement avec Winston Smith travaillant au Ministère de la Vérité et dont la tâche principale consistait à réécrire l’histoire pour qu’elle corresponde à la version officielle du Parti (1984).
Ils ne sont que les Winston Smith des temps présents, mais eux, contrairement au héros orwellien, ne se rebelleront pas.
Un projet d’espace muséal est déjà enterré et ce n’est que le début On a une stelle, on a une place et on a une fresque. Si le débat fait qu’il faut tout effacer, et bien il faut voir comment est-ce qu’on efface, comment est-ce qu’on envisage de supprimer et l’image et le nom de tout ce qui est sur Irigny.
Blandine Freyer,
Madame le Maire d’Irigny (Rhône),
ville natale de l’Abbé Pierre.
D’aucuns disaient pourtant qu’il fallait bien séparer l’œuvre et l’artiste, ainsi des Roman Polanski, des Woody Allen, des Pablo Picasso, etc. Même Harvey Weinstein, pourtant en prison, n’a pas vu son nom effacé des centaines d’anciens films qu’il a produits.
Or, l’œuvre de l’Abbé Pierre (ce Français préféré des Français à l’époque malheureusement révolue des Commandant Cousteau, Haroun Tazieff et autres Sœur Emmanuelle) est autrement plus grande que beaucoup de ces artistes ! (Les esprits taquins diront qu’il a même comme fait d’armes d’avoir préfacé l’ouvrage fracassant de Roger Garaudy)
Ne conviendrait-il donc pas de séparer cette œuvre publique bienfaitrice pour l’humanité de quelques agissements crapoteux privés – qui d’ailleurs n’auraient jamais dû sortir de l’intimité des « victimes ».
On a écrit « victimes » entre guillemets, car on pourrait ajouter incidemment qu’il serait bien avisé de considérer ces témoignages avec prudence, comme nous le rappelle avec force sagesse Laurent Guyénot dans des textes que nous avions relayés il y a peu.
D’autant que c’est la militante féministe Caroline de Haas qui est à l’origine de ces divulgations d’activistes et dont l’honnêteté et l’impartialité sont fortement mises en doute comme nous le rappelle cet article du magazine Le Pèlerin :
Le cabinet Egaé, codirigé par la militante féministe Caroline de Haas, alimente les critiques depuis la parution de son rapport d’enquête sur l’Abbé Pierre. Certains lui reprochent son orientation politique et d’anciennes enquêtes douteuses.
Ainsi donc, soit ces témoignages sont vrais (et certains le sont probablement) et c’est l’œuvre de l’Abbé Pierre qui prévaut sur ses turpitudes personnelles, soit ces témoignages sont faux et l’Abbé Pierre ne doit pas être effacé de l’histoire.
Dans les deux cas, d’autant plus qu’il ne pourra pas se défendre, nous devons donc continuer à saluer la mémoire d’un homme pour ce qu’il a fait et donné au Monde. Seul cet héritage public et visible de tous nous importe en ce qu’il a aidé – et aide encore à travers sa fondation – à améliorer l’humanité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.