Quels changements la Russie apporte-t-elle à sa doctrine nucléaire ?
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé une série de mises à jour de la stratégie nationale d’utilisation des armes nucléaires, destinées à faire face à l’évolution de la situation militaire et politique et à l’émergence de nouvelles menaces.
Le sujet a été évoqué lors de la session du Conseil de sécurité russe mercredi, à laquelle ont participé les ministres de la Défense et des Finances et les chefs du SVR, du FSB, de Roscosmos et de Rosatom.
“Aujourd’hui, la triade nucléaire reste la garantie la plus importante de la sécurité de notre État et de nos citoyens, un instrument de maintien de la parité stratégique et de l’équilibre des forces dans le monde“, a déclaré Poutine.
Attaque par un “État non nucléaire“
La première mise à jour proposée de la politique de l’État “élargit la catégorie d’États et d’alliances militaires” auxquels s’applique la dissuasion nucléaire, et “complète la liste des menaces militaires” censées être neutralisées par la dissuasion.
Elle inclurait « l’agression contre la Russie par tout État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un État nucléaire » comme leur « attaque conjointe », franchissant ainsi le seuil nucléaire.
Bien qu’aucun pays ne soit nommé, cela s’appliquerait clairement à l’Ukraine frappant le territoire russe avec des armes fournies par les États-Unis ou ses alliés nucléaires de l’OTAN. Poutine avait déjà déclaré que de telles frappes nécessiteraient la participation active de personnel et de moyens militaires étrangers, les mettant en conflit direct avec la Russie.
Abaisser le seuil nucléaire
Les révisions proposées « énoncent clairement » également les conditions dans lesquelles la Russie peut procéder à l’emploi d’armes atomiques, comme « la réception d’informations fiables sur un lancement massif d’armes d’attaque aérienne et spatiale et leur franchissement de notre frontière d’État ».
Poutine a précisé que cela signifie « des avions stratégiques et tactiques, des missiles de croisière, des drones, des avions hypersoniques et autres ». La mention des drones ici est particulièrement significative, car l’Ukraine a lancé à plusieurs reprises des attaques massives de drones contre des bases stratégiques russes.
Élargissement du parapluie à la Biélorussie
Pour la première fois, la Russie a précisé que sa dissuasion nucléaire pourrait être utilisée en cas d’agression contre la Biélorussie également, en tant que membre de l’État de l’Union. Cela inclut une « menace critique pour notre souveraineté » par l’utilisation d’armes conventionnelles, selon la proposition.
Tout cela a déjà été convenu avec Minsk et le président Alexandre Loukachenko, a déclaré Poutine mercredi.
Quelle était la doctrine précédente ?
Le document adopté en 2020 décrivait quatre situations dans lesquelles Moscou pourrait activer la dissuasion nucléaire. Premièrement, s’il recevait des « informations fiables » sur le lancement de missiles balistiques contre le pays et/ou ses alliés. Deuxièmement, si une arme nucléaire ou un autre type d’ADM était utilisé contre la Russie et/ou ses alliés. Troisièmement, si un ennemi agissait contre des « installations étatiques ou militaires critiques » qui pourraient perturber la réponse des forces nucléaires russes. Et quatrièmement, si la Russie était soumise à une attaque conventionnelle qui « menacerait l’existence même de l’État ».
Pourquoi les changements ont-ils été proposés maintenant ?
Plus tôt cette année, Poutine avait déclaré que certaines mises à jour de la doctrine pourraient être nécessaires, compte tenu des nouvelles menaces émergentes de la part de l’OTAN. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a qualifié en juin la doctrine existante de « trop générale » et a déclaré que « l’ignorance » occidentale exige que la Russie dise « plus clairement, plus distinctement, plus définitivement ce qui pourrait arriver » si elle poursuivait ses « actions inacceptables et ses escalades ».
Depuis mai, le gouvernement de Kiev réclame à cor et à cri que les États-Unis et leurs alliés suppriment toutes les restrictions à l’utilisation de leurs armes contre la Russie, ce qui, selon Moscou, représenterait une implication directe de l’Occident dans le conflit.
Poutine a réitéré mercredi que l’utilisation d’armes nucléaires reste une « mesure extrême » pour protéger la souveraineté russe, mais que Moscou doit tenir compte du fait que « la situation militaro-politique moderne évolue de manière dynamique… y compris l’émergence de nouvelles sources de menaces et de risques militaires pour la Russie et nos alliés ».
RT
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