Le débat entre Israéliens devient plus acerbe alors que l’on se rapproche de l’anniversaire de l’attaque du 7 octobre. Dans le feu de la polémique, Yaïr Lapid, chef de l’opposition à la Knesset, a lâché le chiffre de “douze bataillons perdus” (soldats tués et blessés) depuis le début de la guerre de Gaza. Ce chiffre a créé un choc dans l’opinion israélienne – alors qu’il est sans doute inférieur à la réalité.
Le débat sur l’exemption de la conscription pour certains groupes de Juifs religieux s’envenime en Israël. Alors que Benjamin Netanyahu s’apprête à faire reconduire cette exemption à la demande des partis religieux de sa majorité, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déclaré que toute personnalité politique rationnelle devait voter pour la levée de telles exemptions. Et il a cité des chiffres:
Le débat sur l’exemption de la conscription pour certains groupes de Juifs religieux s’envenime en Israël. Alors que Benjamin Netanyahu s’apprête à faire reconduire cette exemption à la demande des partis religieux de sa majorité, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déclaré que toute personnalité politique rationnelle devait voter pour la levée de telles exemptions. Et il a cité des chiffres:
Des pertes se montant à 12 bataillons depuis le 7 octobre 2023 ?
« Lorsque la discussion sur la loi sur la conscription a commencé, le chef d’état-major de l’armée a déclaré qu’il manquait 12 à 15 bataillons à Tsahal. Ce qui s’est passé depuis, c’est que les FDI ont perdu 12 bataillons supplémentaires de blessés et de morts. Dans ces conditions, il est impossible de renoncer à recruter les ultra-orthodoxes », déclare Lapid, qui prédit la chute du gouvernement dans les mois à venir
12 bataillons représentent à peu près 12.000 hommes dans l’armée israélienne. Tués et blessés. L’opinion israélienne a été choquée par ce chiffre.
Des chiffres en dessous de la réalité?
Les chiffres donnés par Lapid ne sont pas complètement cohérents. Il parle d’environ 1.300 tués et 10.000 blessés. Un tel ratio ne correspond pas à ce qu’on estime habituellement dans la guerre moderne: un tué pour trois ou quatre blessés graves.
Dans le cas de l’Ukraine, qui a une mauvaise logistique médicale, on parle d’un ration de un pour deux. Mais l’armée israélienne est équipée de façon très moderne. Restons-en au chiffre – favorable aux Israéliens de un pour quatre.
Avec 10 000 blessés, on aurait un chiffre de 2500 tués. Soit trois à quatre fois plus que le chiffre annoncé par Lapid, qui parle de 700 tués à Gaza, qu’il additionne aux 600 militaires victimes du 7 octobre – la moitié des victimes ont été en effet des militaires, des agents du renseignement et des policiers israéliens.
En fait, Lapid nous donne des chiffres plus cohérents qu’il n’en ont l’air mais il les maquille. Laissons hors du décompte les morts militaires du 7 octobre. On aurait 2500 morts à Gaza et 10 000 blessés, soit à peu près les 12 bataillons. Prenons un ration de trois blessés pour un tué, on aurait plus de 3000 morts, en tout 13 ou 14 bataillons.
Mais ce qui est intéressant, c’est ce que Lapid dit de manière camouflée. Il ajoute les 12 bataillons manquants à une déclaration du chef d’état-major de l’armée israélienne se plaignant, au début du débat sur l’abolition des exemptions à la conscription, de 12 à 15 bataillons manquant pour mener la Guerre de Gaza. Et Lapid y additionne les 12 bataillons de pertes!
Calculons: on aurait en fait une révélation camouflée des pertes israéliennes. Elles seraient au total (ajoutons la guerre contre le Hezbollah) de 12 plus 15 soit 27 bataillons. Et dans ce cas, on aurait entre 5000 et 7000 militaires israéliens tombés au combat et environ 20 000 blessés.
En mai dernier, Benjamin Netanyahu parlait de 14 000 combattants du Hamas morts depuis le début de la guerre. Calculons avec cinq mois de plus de guerre, on serait à 20 000 morts du Hamas. Et donc un ratio d’un pour trois entre combattants israéliens et combattants palestiniens tués. Cela représenterait un ration défavorable à Israël vu les moyens engagés par Tsahal.
En réalité, il existe d’autres chiffres plus plausibles. On parle de trois bataillons du Hamas – soit 3000 hommes tués depuis le début de la guerre. Ajoutons-y un nombre à peu près équivalent de combattants d’autres mouvements palestiniens. (On considère en effet qu’il y avait, au début des opérations, 24 000 combattants du Hamas et à peu près la même quantité d’effectifs dans les autres mouvements combattants palestiniens.
On arriverait dans ce cas à environ 6000 combattants palestiniens tués à Gaza. Soit environ le même nombre de pertes que l’armée israélienne.
On se reportera avec profit à une analyse de la BBC en février dernier, qui incite à la prudence concernant les pertes des combattants palestiniens:
L’ambassade d’Israël au Royaume-Uni nous a dit qu’elle pensait que le nombre total de combattants du Hamas tués se situait « entre 10 000 et 12 000 ».Elle a toutefois précisé qu’il était difficile de faire la distinction entre les civils et les combattants, car nombre d’entre eux ne portent pas d’uniforme militaire et le Hamas compte également des combattants âgés de 16 et 17 ans.
D’autres facteurs cités par les experts comme des obstacles au décompte des victimes combattantes sont notamment le fait que le Hamas opère dans des tunnels.BBC Verify a passé en revue les 280 vidéos postées sur la chaîne YouTube des FDI entre le 7 octobre et le 27 février et a constaté que très peu d’entre elles contenaient des preuves visuelles de combattants tués.
Une seule d’entre elles, publiée le 14 décembre, est censée montrer des cadavres de combattants. Une poignée d’autres vidéos semblent montrer des combattants sur lesquels on tire.
Nous avons également tenté de compter le nombre de déclarations individuelles de combattants du Hamas tués sur la chaîne Telegram officielle de l’armée israélienne. Nous avons trouvé 160 messages affirmant avoir tué un nombre spécifique de combattants, pour un total de 714 morts.
Mais il y avait aussi 247 références qui utilisaient des termes tels que « plusieurs », « des dizaines » ou « des centaines » de tués, ce qui rendait impossible un décompte global significatif.
Depuis le début de l’incursion des FDI à Gaza, l’armée accuse le Hamas d’utiliser la population civile comme bouclier humain.
Mais certains experts craignent que les FDI ne comptent certains non-combattants comme des combattants simplement parce qu’ils font partie de l’administration du territoire dirigé par le Hamas.
Constatons que le sujet des pertes militaires israéliennes pourrait devenir très sensible.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/09/12/le-chef-de-lopposition-israelienne-affirme-quisrael-a-perdu-douze-bataillons-a-gaza/
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