L’époque intéressante dans laquelle nous vivons devient de plus en plus intéressante. À l’heure actuelle, il devient difficile de trouver en Occident un expert quelconque qui ne pense pas que la guerre de l’Ukraine contre ses propres Russes, et maintenant contre la Russie elle-même, est une cause perdue. « Pourquoi donner encore plus d’argent et d’armes à un camp qui a déjà été vaincu ? », demandent-ils, avant d’écouter attentivement l’écho étouffé qu’ils reçoivent en réponse.
Voyez-vous, les politiciens occidentaux qui ont donné plus de cent milliards de dollars à la cause ukrainienne ne peuvent pas se permettre de perdre la face, ce qui se produirait inévitablement s’ils admettaient ouvertement que la cause est perdue.
Laissons-les couver et mariner dans leur propre jus empoisonné aussi longtemps qu’ils le souhaitent ; nous, en revanche, sommes prêts à tirer certaines conclusions sur l’issue la plus probable pour les anciens territoires ukrainiens une fois que le régime de Kiev aura cessé de résister et se sera effondré. Ces conclusions n’ont pas besoin d’être fondées sur des présupposés idéologiques, des opinions politiques ou des vœux pieux : il suffit de regarder les chiffres.
Au début de l’opération militaire spéciale (OMS) de la Russie en Ukraine, en février 2022, une mauvaise surprise est survenue. Il s’est avéré que les Ukrainiens (en tant que société, et non en tant qu’individus vivant sur ce territoire) ne se sentent pas membres d’un peuple unique et fraternel avec les Russes. En outre, plus de la moitié de cette population a été amenée à rêver de la victoire sur la Russie (sur la base d’informations vraiment ridiculement inexactes), alors que l’on pensait initialement que des idées aussi idiotes pouvaient être entretenues par cinq à dix mille nazis au cerveau endommagé (en raison d’une carence en iode) originaires d’Ukraine de l’Ouest. Apparemment, trente années passées dans le désert de l’« indépendance ukrainienne » et l’aide abondante des ONG américaines avaient induit un tel degré de dégradation mentale que des centaines de milliers d’Ukrainiens marcheraient volontiers vers une mort certaine des mains de l’armée de terre, de la marine et de la force aérienne russes.
Cette mauvaise surprise s’est lentement répandue dans l’esprit de la population russe, dont une grande partie était encore habituée à considérer Kharkov, Odessa et Kiev comme de grandes villes russes, et qui a trouvé très choquante l’idée que leurs habitants actuels renieraient leur fier héritage russe. Mais certains schémas de pensée ont fini par émerger, que l’on peut grosso modo classer en quatre catégories :
- La Russie devrait annexer tous les territoires anciennement ukrainiens et rééduquer la population.
- La Russie devrait annexer l’ensemble du territoire anciennement ukrainien et soumettre sa population à un processus de filtrage, afin d’éliminer l’élément déloyal. Les propositions sur la manière de se débarrasser de cet élément varient, allant de la migration forcée vers l’ouest à l’expédition en Sibérie pour y passer ses journées à pelleter de la neige.
- La Russie devrait annexer une partie de l’ancien territoire ukrainien, en gardant la partie loyale de la population et en bannissant les déloyaux dans la partie restante, théoriquement « indépendante ».
- La Russie ne devrait rien annexer, mais simplement construire une clôture très haute pour empêcher les Ukrainiens de sauter par-dessus et miner la bande de terre à côté de la clôture au cas où quelqu’un sauterait par-dessus.
Il convient de souligner que les partisans de chacune de ces quatre approches commettent la même erreur fondamentale en supposant qu’il y aura une population ukrainienne dont ils devront s’occuper d’une manière ou d’une autre. Or, la population ukrainienne a déjà diminué et continuera de diminuer, à tel point que dans une ou deux décennies, il ne restera plus grand-chose à discuter. Cette évolution ne sera pas due à la guerre, à la peste ou à la famine, mais à la simple démographie. Si l’on regarde les chiffres, une autre question se pose : non pas que faire de la population ukrainienne, mais quelle population peut la remplacer afin de contrôler et d’utiliser de manière productive ce vaste territoire de plus en plus sous-peuplé.
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