22 septembre 2024

La révolution de la voiture autonome

Des voitures qui roulent toutes seules, conduisant leurs passagers à bon port sans que ceux-ci aient besoin de diriger le véhicule. Ce n’est pas de la science-fiction, mais une réalité en Chine et dans plusieurs villes des États-Unis. Cette révolution de la voiture autonome va bouleverser l’industrie mondiale et l’organisation des villes.

Shenzhen, cœur de la transformation chinoise

Le retard technologique de la France à l’égard de la Chine devient de plus en plus grand. La voiture autonome roule déjà dans les grandes villes chinoises, mais les voitures françaises manquent encore de technologies avancées. Par frilosité, par peur aussi des nouvelles technologies, il y a toujours un refus du développement des voitures autonomes, alors que des marques comme Tesla et Toyota sont déjà bien avancées pour des véhicules circulant en France. En Chine, la révolution est portée à Shenzhen. Ce qui était un village de pêcheurs il y a 50 ans, peuplés de quelques milliers d’habitants vivant dans le delta des perles, est aujourd’hui une mégapole de 22 millions d’habitants, ville moderne parcourue d’autoroutes, de gratte-ciels, de parcs et d’espaces verts. Shenzhen est non seulement l’un des principaux ports du monde, mais aussi l’une des grandes villes technologiques de la planète, siège du géant Huawei.

La ville fut fondée en 1979, quand Deng Xiaping a choisi cette bourgade pour sa proximité avec Hong Kong et lancé la modernisation de la Chine. Dès 1980 s’ouvrent les premières zones économiques spéciales, disposant d’une fiscalité allégée et d’une liberté d’entreprendre, afin d’attirer les entreprises étrangères. « Peu importe la couleur du chat, l’essentiel est qu’il attrape les souris » disait Deng. Après des années de famine, la Chine devait connaitre le développement et la prospérité. C’est aujourd’hui chose faite et son avance technologique est palpable, aidée par une Commission européenne dont la politique environnementale conduit à la destruction de l’industrie européenne et une frilosité de bon nombre d’Européens, toujours réticents à l’égard du progrès technologique.

Voiture autonome

En France, le développement de la voiture a modifié la géographie des villes. Alors que l’étalement urbain s’est effectué « en doigts de gants », en suivant les lignes de chemin de fer qui se sont déployées dans les vallées, la voiture, à partir des années 1950-1960, a permis d’accéder aux plateaux et donc d’y développer les immeubles nouveaux. La ville a pris une nouvelle dimension, avec ses centres commerciaux, ses pavillons, ses zones de travail. Un mode de vie qui est toujours plébiscité par les Français. Le développement de la voiture autonome va à son tour modifier l’environnement urbain et le rapport aux paysages.

Pour parvenir à développer ce type de véhicule, il faut non seulement des voitures développées, mais aussi des infrastructures urbaines qui permettent la circulation des nouvelles voitures. Le gouvernement de Shenzhen a ainsi décidé d’équiper la ville en capteurs 5G, installés dans les feux de signalisation, les panneaux de circulation, les carrefours, qui interagissent avec les véhicules. En 5 ans, une mégapole de 22 millions d’habitants a ainsi été équipée. Ce que les Chinois ont réalisé reste a priori à la portée de la France qui pourrait au minima équiper ses autoroutes avec de tels capteurs. Le résultat est saisissant : une voiture qui s’arrête aux passages piétons, qui lit les panneaux pour prendre la bonne direction, qui s’insère dans les bretelles d’autoroutes, qui arrive à destination.

Les conséquences à court terme vont être multiples. D’abord, la très forte réduction de la mortalité routière. Il y aura toujours des accidents, dus à des défaillances du système informatique, mais il y a moins de risque avec une voiture dirigée par un robot que par un humain. Les principales causes de la mortalité sur les routes sont la somnolence et les conducteurs ivres ou drogués. Tout cela disparait avec la voiture autonome. Les avions d’aujourd’hui sont entièrement autonomes, les pilotes intervenant peu, sans que cela ne pose des problèmes de sécurité.

L’autre conséquence sera un gain accru de productivité. Xi Jinping a lancé le concept de « nouvelle productivité » afin d’accroître le développement économique de la Chine. À croire qu’il a lu Jean Fourastié. La voiture autonome permet de réaliser d’importants gains de productivité. Fini le temps perdu dans les transports pour le conducteur : possibilité de travailler ou de se reposer dans les bouchons, possibilité aussi de dormir pendant que la voiture roule, rendant le train de nuit totalement obsolète. Avec des voitures dont le siège se déploie comme un lit, les voitures deviennent des lieux où il sera possible de se reposer et de rouler de nuit pour se rendre au travail ou dans sa maison de vacances. Elles pourront aussi rouler plus vite sur autoroutes, réduisant d’autant les distances. Ce sont les rapports campagnes / villes qui vont ainsi être renouvelés.

De même, les personnes âgées pourront continuer à se déplacer, augmentant d’autant leur autonomie.

Tout cela ne relève pas de la science-fiction, mais existe aujourd’hui et ne demande qu’à se déployer. Les gains de productivité obtenus dans les transports augurent toujours de progrès humains importants. Autrefois le train, l’automobile, l’avion, aujourd’hui la voiture autonome. Il serait dommage que la méfiance technologique et la peur de l’innovation placent la France et l’Europe en dehors d’un monde qui ne cesse de se développer. Ni la Chine ni les autres pays d’Asie ne nous attendront.

Jean-Baptiste Noé

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