02 août 2024

Les organisateurs ne connaissaient pas l’état de la Seine lors du triathlon, mais après, si !

Les autorités municipales parisiennes ne connaissaient pas le niveau de contamination de la Seine lors des épreuves de triathlon disputées mercredi matin, a appris Le Journal.

«Les résultats des dernières analyses d’eau reçus [...] ont été jugés conformes», a annoncé le comité organisateur des Jeux de Paris quelques heures avant l’épreuve, mercredi.

Les athlètes ont ainsi pu se jeter dans la Seine pour ce triathlon disputé sur un site à faire rêver. Les 2,1G$ investis publiquement pour assainir l’eau de la Seine et y présenter des épreuves olympiques prennent un peu plus de sens, finalement.

Mais la réalité, c’est qu’au moment de la course, le niveau de contamination était inconnu, m’a confirmé une source impliquée avec la Ville de Paris après que je lui ai présenté les informations qui suivent.

Le comité organisateur a expliqué s’être basé sur des analyses d’eau reçues à 3h20.

Le problème, c’est qu’il a plu de 4h à 8h, entre leur décision et le début de l’épreuve.

De grosses variations

La contamination de la Seine varie principalement en raison des pluies. C’est simple. Quand il mouille, les eaux usées et contaminées aboutissent dans le fleuve. Et quand il fait beau, le soleil tue les bactéries. Ainsi, la Seine peut être pas si pire pour la baignade et être carrément dangereuse pour la sécurité trois heures plus tard.

Par exemple, le triathlon aurait pu se tenir si c’était le 11 juillet. Mais le 12 juillet, la Seine est 15 fois plus contaminée que la norme maximale pour se baigner au Québec. Ce sont les chiffres officiels de la mairie de Paris.

Les organisateurs ont indiqué, mercredi matin, que le niveau d’E. coli se situait entre 488 et 770 (UFC) pour 100 ml d’eau. Au Québec, la limite pour se baigner, c’est 200. À Paris, 1000 était la limite maximale pour tenir l’épreuve. L’eau est ainsi conforme.

Mais il était impossible de connaître avec précision cette donnée en raison des averses. Dès qu’il pleut, les tests deviennent caducs. Et les tests homologués pour mesurer le niveau de contamination nécessitent au moins 48 heures en vertu de la directive européenne sur les eaux de baignade, m’a expliqué jeudi matin Lionel Cheynus, porte-parole de la fondation Surfrider, qui surveille la qualité des plans d’eau pour la baignade dans le monde.

Fluidion, une petite entreprise française, a développé une nouvelle technologie pour tenter de suivre en direct la qualité de l’eau de la Seine. On constate que les résultats de leurs tests sont bien différents de ceux annoncés par le comité organisateur.

Non sécuritaire?

Durant le triathlon, la contamination a varié entre 516 et 867, selon leurs analyses. En incluant les agrégats de particules (bactéries attachées à des particules fécales ou à des sédiments), le niveau de contamination varie entre 1518 et 3538. Cette donnée, qui inclut les agrégats de bactéries, n'est pas incluse dans d'autres méthodes d'analyse. 

Ces agrégats de bactéries, contenant une «large quantité de E. coli et potentiellement d'autres pathogènes, étaient présents dans l'eau et ont fait monter le niveau de E. coli pour la méthode du calcul incluant les agrégats de bactéries à un seuil supérieur, de façon significative, au niveau acceptable», peut-on lire sur le site internet de Fluidion sur la page «Paris 2024- Qualité de l'eau de la Seine» qui provient de l'initiative Olympics Open Data de Fluidion.  

«La qualité de l’eau était potentiellement non sécuritaire durant le triathlon», mentionne également l'entreprise. 

«Le risque est beaucoup plus grand» que ce qui a été annoncé, croit l'entreprise à la lumière de ses tests. 

«Nous ne souhaitons pas que les athlètes soient malades après avoir été exposés à l'eau de la Seine [...] Bravo aux athlètes pour leur merveilleuse compétition».

Jeudi après-midi, le comité organisateur a indiqué avoir reçu des résultats des prélèvements qui nécessitaient 24h pour être connus. L'eau de la Seine était «très bonne», à leur avis.

Le niveau de contamination a varié de 192 à 308, selon leurs données, ce qui détonne avec d'autres analyses. 

L’association Surfrider, qui avait sonné l’alarme en avril dernier sur la qualité de l’eau de la Seine, s’est dite « étonnée» que le triathlon ait eu lieu. Son porte-parole, Lionel Cheynus, avait recommandé de ne pas tenir l’épreuve en cas d’averses dans la nuit avant l’épreuve.

Eau de Paris, l’organisme municipal qui gère tout ce qui concerne l’eau à Paris, a refusé de répondre à nos questions, nous orientant vers la mairie.

Le cabinet de la mairesse, Anne Hidalgo, n’a pas donné suite à nos questions.

Rappelons que depuis le 23 juillet, la mairie de Paris a cessé de publier quotidiennement sur son site internet le niveau de contamination de la Seine

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