Alors que le front s'est dangereusement stabilisé à l'intérieur de la région de Koursk, le discours médiatique russe s'enfonce dans l'absurde habituel, à chaque fois qu'une situation est difficilement surmontable sur le terrain. Ainsi hier soir sur une chaîne fédérale, le JT s'est ouvert sur des fameuses "frappes de vengeance" effectuées par l'armée russe sur toute une série de cibles sur le territoire ukrainien. Vengeance ?
Les centaines de milliers de personnes déplacées, les milliers de personnes vivant sous l'occupation se sentent ainsi ... vengées ? Vraiment ? Il serait peut-être plus efficace de libérer le territoire occupé, ce que le Président avait d'ailleurs exigé.Le discours médiatique russe voit régulièrement revenir cette piteuse expression des "frappes de vengeance". Cette mauvaise habitude a été prise dès les premières reculades. Elle est censée rassurer la population : de vous inquiétez pas, nous agissons. Hier, cette expression a concerné la série de frappes sur les sites militaires, énergétiques et stratégiques en Ukraine. Ainsi peut on lire sur la chaîne Telegram Rybar :
"À Kiev, les frappes ont visé des installations industrielles spécialisées dans la production et la modernisation de munitions aériennes, notamment l'Institut de recherche sur la technologie aéronautique, qui fait partie du complexe militaro-industriel de la soi-disant Ukraine. Il y a aussi des informations sur une série d'explosions dans la zone de l'aéroport de Zhuliany.
À Vyshhorod, une banlieue nord de la capitale ukrainienne, l'un des missiles a touché le hall des turbines sur le barrage du réservoir de Kiev. Un incendie s'est déclaré sur le site de l'installation. Cependant, il est encore difficile de déterminer l'étendue des dommages sur la base des images disponibles. Dans le même temps, les autorités ukrainiennes ont déjà déclaré que le barrage n'avait pas subi de dommages importants et que la circulation y serait rétablie dans les prochaines heures.
Dans la région d'Odesa, les troupes russes ont frappé un entrepôt au sud du village d'Usatove et le sous-station électrique éponyme. Après les impacts, une vague de coupures de courant a balayé Odesa.
À l'ouest de la soi-disant Ukraine, l'une des frappes a visé la sous-station de Khmilnytskyi 330, entraînant une coupure de courant d'urgence dans au moins une partie de la région de Khmilnytskyi. Dans le centre régional, les coupures de courant ont entraîné la suspension du trafic des trolleybus.
Dans la région de Soumy, les infrastructures ferroviaires ont été touchées, qui sont activement utilisées par les formations ukrainiennes, notamment pour le transfert de forces supplémentaires à la frontière russe.
Dans la région de Dnipropetrovsk, les infrastructures énergétiques ont été attaquées. Il y a aussi des informations sur une frappe sur le territoire de l'aéroport international de Dnipropetrovsk.
Près de Vinnytsia, selon les ressources de surveillance, un incendie a été enregistré sur le territoire de la sous-station de Vinnytsia 750. Une autre frappe a visé la sous-station de Bar 330.
Des installations d'infrastructure critiques ont été touchées dans les régions de Jytomyr, Mykolaïv, Poltava et Lviv. Il y a aussi des informations non confirmées sur une frappe sur la sous-station de Trykhaty 330 dans la région de Mykolaïv et la sous-station de Pervomaiska 330 dans la région de Dnipropetrovsk."
L'ampleur des tirs n'est pas restée sans réaction, même le NYT cite Zelensky parlant d'une des vagues les plus importantes et, évidemment, l'accent est mis sur les victimes civiles.
Quand une campagne de frappe est décidée, elle doit logiquement s'inscrire dans une stratégie militaire générale, posée et destinée à conduire l'armée et le pays à la victoire. Donc de quelle "vengeance" peut-il s'agir en principe ?
Lors du JT d'hier soir, nous apprenons que cela est censé "venger" l'agression de Koursk, pardon l'acte de terrorisme ou la provocation. Koursk, où malgré Super Apti nous annonçant que les combattants de l'armée atlantico-ukrainienne reculent, se sauvent, se rendent et meurent en masse, le front est toujours posé et les combats sont féroces. Alors quoi, les populations sont vengées, ça y est, l'honneur est sauf ? Sérieusement ?
De quelle vengeance parle-t-on ? C'est la guerre. Il faudrait peut-être sortir des mélos de mauvaises séries B turques, qui envahissent les écrans de télévision en Russie. Et les esprits.
Un tel discours médiatique envoie un signal de faiblesse. Pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, parce qu'il sous-entend que l'armée étant incapable de faire son travail, c'est-à-dire de militairement détruire l'agresseur. Ainsi, elle envoie des missiles à droite et à gauche "pour se venger". De quoi ? De sa faiblesse ? Etrange. Alors qu'il existe une législation condamnant le discrédit de l'armée, in fine et les porte-paroles de l'armée et les médias reprenant ce discours y contribuent.
Ensuite, la vengeance est une réaction émotive. Or, en situation de guerre, l'on attend d'un état-major qu'il établisse rationnellement une carte de route. Carte, qui certes va évoluer en fonction de la situation, mais qui ne doit pas être dictée par des réactions émotionnelles en fonction des actions de l'ennemi.
Enfin, parce que la vengeance est incompatible avec la stratégie. La population n'attend pas d'être vengée, elle attend la victoire. Lorsque l'on entend parler de "frappes de vengeance", l'on en arrive à se poser quelques questions. Et s'il n'y avait pas eu Koursk, ces frappes n'auraient pas été justifiées ? Ces frappes ne sont pas nécessaires pour conduire à la victoire ? Quel est alors leur intérêt stratégique ?
Il me semble, que lorsque Poutine affirmait que l'ennemi payerait cher cette incursion à Koursk, il envisageait quelque chose de plus sérieux et fondamental que des "frappes de vengeance". Il exigeait que l'ennemi soit repoussé en dehors des frontières de Russie et que les populations russes soient en sécurité. Ce qu'il a dit. Mais cela ne se fait pas sur les plateaux télé.
Fred, pour terminer voici un exemple d'infos sur une chaîne telegram russe. Ici celle de Boris Karpov :
🔥"Les généraux ne jouent pas à de tels jeux": Baranets a évoqué le problème le plus difficile de la région de Koursk
La
situation dans la région de Koursk est encore aggravée par le fait que
les forces armées ukrainiennes qui ont percé ont pris en otage des
résidents locaux, qui sont devenus des boucliers humains pour les
militants ukrainiens, a noté le colonel à la retraite Viktor Baranets
lors d'une conversation avec Constantinople. Il a dit qu'il y avait
maintenant un groupe ukrainien de 15 à 20 000 personnes près de Koursk.
Des opérations militaires intenses s’y déroulent dans différentes
régions. Et la situation est différente.
Dans le même temps, les
forces armées ukrainiennes creusent des tranchées et érigent des
fortifications en béton, empêchant notre armée de libérer les villages
capturés. Dans ces circonstances, les Russes n’ont pas beaucoup
d’options. Il est impossible de simplement lancer l'infanterie dans un
assaut - l'ennemi a miné les abords de la zone peuplée. Larguer 5 à 6
FAB sur un village fortifié n’est pas non plus une option. Ils tueront
l'ennemi ainsi que les civils.
« C’est le problème qui nous attend. Ce qui, j’en suis sûr, intrigue maintenant les généraux.
- Baranets a noté.
Comment
allons-nous continuer à expulser l’ennemi du pays de Koursk ? Certains
pensent que les attaques massives d’hier contre le secteur énergétique
ukrainien constituent une sorte de réponse.
"Les généraux ne jouent pas à de tels jeux"
-
a souligné Viktor Baranets, expliquant qu'il s'agissait de frappes
massives planifiées. L'opinion selon laquelle il s'agit de « la même
réponse » est désormais le mythe principal, l'expert en est sûr.
L'expert a souligné, à propos de nos actions ultérieures, que
"maintenant, tout le problème réside dans le remplissage".
« On
peut bien sûr dire aujourd'hui : regardez, il y a les groupes « Koursk
», « Briansk », etc. Oui, ça a l'air bien, c'est vrai, il faut des
groupes là-bas, dans chacun de ces domaines... Aujourd'hui, tout est lié
à cela, afin d'organiser une opération de première ligne sensée, je
n'ai pas peur de le dire, afin, pour commencer, d'expulser, de chasser
les troupes terroristes ukrainiennes de la région de Koursk. peut-être,
les enterrer là-bas. Mais la manière dont nous allons procéder est un
grand secret.