Plus nous serons nombreux à réaliser avoir été dupés toute notre vie sur le fonctionnement de notre société, mieux nous serons à même de briser l’emprise du contrôle narratif impérial.
Je boude la course à la présidence des États-Unis parce que les élections sont bidon.
Lorsque quelqu’un dit que les élections présidentielles américaines sont truquées, cela peut signifier bien des choses. On pourrait dire que les votes sont délibérément manipulés pour garantir un résultat donné, comme l’ont prétendu les Républicains lors de l’élection de 2020. Mais ce n’est pas ce que je veux dire ici, même si les élections américaines sont les plus frauduleuses de toutes les démocraties libérales de la planète.
On pourrait aussi parler de la corruption légalisée aux États-Unis, qui se traduit par des dons aux campagnes électorales en vue de manipuler les résultats des élections et susciter des allégeances politiques. Bien qu’il s’agisse d’un fait avéré, ce n’est pas non plus ce dont il est question ici.
On pourrait aussi faire allusion à la question de savoir qui remporte réellement les élections, puisque le président américain n’est qu’une façade qui prétend diriger un pays en réalité gouverné par des ploutocrates non élus et des gestionnaires d’empire au sein d’agences gouvernementales occultes. Encore une fois, c’est tout à fait vrai, mais ce n’est pas ce dont je veux parler.
De fait, quels que soient les problèmes liés au système électoral américain, les élections présidentielles américaines resteraient truquées. On pourrait modifier les lois sur le financement des campagnes électorales pour que les riches ne puissent plus se servir des dons de campagne pour obtenir les résultats politiques escomptés, mais les élections présidentielles américaines seraient toujours truquées. On pourrait doter le président américain de tous les pouvoirs officiels auxquels il croit depuis son jeune âge, que les élections présidentielles américaines seraient toujours truquées.
Les élections présidentielles américaines seraient toujours truquées parce que l’opinion politique dominante continuerait d’être façonnée par les riches et les puissants qui contrôlent les sources dont les Américains se servent pour s’informer. Tant que les riches et les puissants peuvent manipuler l’opinion publique à grande échelle par le biais des médias d’entreprise, d’Hollywood et de la manipulation des algorithmes de la Silicon Valley, ils peuvent truquer les élections comme ils l’entendent.
Une citation attribuée à Albert Einstein circule depuis des années sur les réseaux sociaux. Elle dit en gros quelque chose comme : «Un jour viendra où les riches posséderont tous les médias, et le public aura toutes les peines du monde à se forger une opinion éclairée».
Contrairement à la plupart des citations cool attribuées à Einstein sur internet, celle-ci repose sur des propos réellement tenus par le célèbre physicien théoricien, à ceci près qu’il n’a pas anticipé d’événements à venir, mais qu’il relate des faits survenus en 1949.
Dans son essai intitulé «Pourquoi le socialisme ?», Einstein a écrit ce qui suit pour la revue Monthly Review (c’est moi qui souligne) :
«Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Cela est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans les faits, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques».
C’était vrai quand Einstein l’a écrit il y a 75 ans, et cela le reste aujourd’hui. Cette vérité demeure aujourd’hui parce qu’Einstein ne critiquait pas les individus et les événements de son époque, mais les systèmes sociétaux globaux encore en vigueur aujourd’hui.
Dans un système capitaliste, ceux qui contrôlent le capital contrôlent les idées et les informations ingérées par la plupart des gens. Dans un système de gouvernement démocratique – même doté d’un système électoral à toute épreuve où l’argent n’aurait pas droit de cité – les riches trouveraient toujours le moyen de truquer les élections en manipulant l’opinion publique grâce à la propagande.
Et c’est ce qu’ils font. En plus de racheter des médias entiers et d’en prendre le contrôle, les riches investissent dans la consolidation du contrôle narratif par d’autres biais, comme les think tanks, les opérations de diffusion d’informations en ligne telles que NewsGuard et Wikipedia, et la manipulation via les algorithmes par des méga-corporations comme Google. Ces outils leur permettent de façonner la vision du monde chez une majorité de citoyens, et de garantir ainsi des résultats électoraux soutenant le statu quo qui permet aux plus riches de bâtir leur fortune.
C’est le cas pour toutes les élections américaines majeures, et pas seulement les présidentielles, et c’est valable pour l’ensemble du monde occidental, pas uniquement pour les États-Unis. Dès l’enfance, nous sommes manipulés psychologiquement et massivement, nos esprits étant sans cesse façonnés par ceux qui usent de leur richesse pour dominer nos récits collectifs sur le déroulement des événements, sur ce qui se passe dans le monde et sur ce qu’il convient par conséquent de décider. Notre monde nous est enseigné par des parents et des enseignants profondément endoctrinés, formés dans un même cadre d’information favorisant le statu quo, et notre endoctrinement est perpétué par tous les écrans de notre vie, jusqu’à notre dernier souffle.
On peut remédier à tous les dysfonctionnements du système politique, mais sans éradiquer la capacité de la classe capitaliste à manipuler psychologiquement le public pour le convaincre de soutenir un statu quo politique artificiel, façonné par les puissants au profit des puissants, rien de significatif ne se produira. Les guerres se poursuivront, l’oligarchie perdurera, les inégalité et l’injustice se propageront, l’exploitation et le pillage se poursuivront, tout comme l’écocide.
C’est pourquoi j’insiste toujours sur la nécessité d’agir sur le contrôle narratif et la nature de ce contrôle – parce que de ce contrôle découlent tous nos problèmes, et que tant que nous n’aurons pas réglé le premier, nous ne serons pas en mesure de résoudre les autres .
Heureusement, il est tout à fait possible de s’y attaquer. Nous, les gens ordinaires, sommes pénalisés par l’impossibilité de racheter tous les médias et plateformes les plus influents de notre société pour imposer nos préférences politiques, comme peuvent le faire les ploutocrates, mais nous sommes avantagés par notre nombre, bien supérieur au leur, et par notre capacité à faire triompher la vérité et l’authenticité.
Aucun d’entre nous ne peut s’opposer seul à la machine de propagande impériale, mais nous pouvons tous ensemble mener une guerre de l’information pour démystifier les récits impériaux et discréditer la propagande impériale aux yeux du public. Pour ce faire, il nous faut mobiliser toutes les plates-formes et moyens de communication à notre disposition pour éveiller nos concitoyens à la vérité dès que possible, afin de les inciter à se joindre à la lutte. Plus nous serons nombreux à réaliser avoir été dupés toute notre vie sur le fonctionnement de notre société, mieux nous serons en mesure de briser l’emprise du contrôle narratif impérial.
L’évolution positive du comportement humain est toujours précédée d’une expansion de la conscience, qu’il s’agisse des humains en tant qu’individus ou en tant que collectivité. La situation actuelle ne diffère en rien. Si nous réussissons à saisir toutes les occasions de faire connaître la vérité et d’ouvrir d’autres perspectives sur la réalité de notre monde, nous pourrons alors consacrer notre énergie à attaquer l’empire en ses points faibles, et ce, de la manière la plus efficace qui soit.
Que ce soit une victoire ou une défaite, si nous dédions notre vie à ce combat, nous pourrons assurément dire qu’en fin de compte, nous avons fait de notre mieux.
Caitlin Johnstone
Source : Caitlin Johnstone via Spirit of Free Speech
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