10 juin 2024

“Notre monde a fabriqué une boîte à outils pour les pédocriminels”

La journaliste Lætitia Ohnona a enquêté sur l’essor de la pédocriminalité sur Internet pour Arte. Un travail de longue haleine, qui l’a transportée dans huit pays et en immersion dans les agences qui luttent au quotidien pour ralentir le phénomène.

Le constat est implacable : « Tout pédocriminel fait partie de la société. » Un Français sur dix déclare avoir été victime d’inceste. « Sur une classe de trente élèves, trois sont concernés », illustre Lætitia Ohnona, documentariste spécialisée dans les questions liées aux violences sexuelles. Son dernier film, « Pédocriminels, la traque », sonne l’alarme. Il est temps d’ouvrir les yeux. La vie n’est pas un conte. L’agresseur n’est pas un monstre caché dans le placard. Il est dans la chambre d’à côté. Comme pour les viols, l’écrasante majorité des agressions ont lieu au sein du cercle proche. Il n’est cependant pas question de s’arrêter à la porte du domicile.

Lætitia Ohnona l’a compris en enquêtant sur le sujet : la pédocriminalité est un problème structurel. Une mère de famille n’arrive pas à s’extirper du bidonville où elle habite, elle peut bien vendre ses enfants au plus offrant. Les entreprises du numérique veulent de l’engagement sur leurs plateformes, s’attaquer au contenu pornographique peut donc bien attendre. Les institutions judiciaires sont en manque d’effectif et de formation, une majorité des victimes peuvent bien rester sur le carreau. De toute façon, les enfants doivent rester sages. Effrayant.

Vous avez mené un travail en profondeur sur la façon dont la justice traite les affaires de viol et d’inceste avec, respectivement, « Elle l’a bien cherché » (2018) et « Cours criminelles » (2022). Cela vous a paru évident d’enquêter sur la pédocriminalité ?

Cela fait une vingtaine d’années que je m’intéresse au traitement judiciaire des violences sexuelles. J’avais donc commencé à me pencher sur le phénomène de la pédocriminalité sur Internet. J’étais encore très loin du compte. J’ai donc assisté à un colloque sur les cyberviolences, où Véronique Béchu, la cheffe du pôle stratégique de l’Office mineurs de Nanterre, a fait une présentation.

Source

Vu ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.