Au-delà de ce titre orwellien, nous sommes bien dans la réalité française de 2024. Le ministère de l’Intérieur cherche son « responsable complotisme et coordination de projet ».
La fiche de poste est publique, et figure sur le site du ministère.
Placée sous l’autorité du Secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, l’Unité de contre-discours républicain constitue un dispositif de riposte à la propagande séparatiste en ligne. Elle élabore et diffuse, par ailleurs, un discours institutionnel valorisant les principes et valeurs républicains.
Le (la) responsable complotisme et coordination de projet aura pour mission de mettre en place un dispositif permettant de répondre aux enjeux de lutte contre le complotisme en ligne.
1. Élaborer et mettre en œuvre, au sein de l’UCDR, une stratégie de lutte contre le complotisme en ligne
2. Production de contenus
La réalisation et mise à jour, régulière, d’une cartographie dynamique de la sphère complotiste sur les réseaux sociaux ;
La rédaction de notes d’analyse, de synthèse et de prospective, en collaboration avec des partenaires ;
La création de formats adaptés aux réseaux sociaux ;3. Identification, coordination et suivi
L’identification de projets associatifs intégrant une dimension de lutte contre le complotisme ;
L’identification des acteurs institutionnels mobilisés sur le complotisme ;
L’identification des initiatives, projets, événements nationaux, européens et internationaux de lutte contre le complotisme ;
La coordination quotidienne des relations avec les différents partenaires et prestataires de l’UCDR engagés dans la lutte contre le complotisme en ligne ;
La coordination de travaux communs associant acteurs de la société civile et partenaires institutionnels ;
La préparation des ateliers de formation sur ce domaine ;
Le suivi et pilotage des actions de veille, d’analyse des phénomènes et discours complotistes en ligne ;
La création et l’animation d’un réseau de spécialistes, chercheurs et experts sur le complotisme ;
Le suivi des actions des associations financées par le SG-CIPDR, dont les travaux s’inscrivent dans la lutte contre le complotisme, en appui avec le pôle mobilisation de l’UCDR ;
Des échanges réguliers avec les plateformes en ligne sur les dynamiques complotistes ;4. Manager une équipe
5. Appui au développement d’une dynamique interministérielle de travail en matière de manipulation de l’information et de complotisme
Le candidat en question, armé des « principes et valeurs républicains », devra donc lutter contre la « propagande séparatiste » et le « complotisme en ligne ».
Un vaste combat, dont les frontières semblent (volontairement ?) floues : critiquer la politique du Premier ministre, comme l’a fait Liste Noire Cohen, est-ce du séparatisme ? Une forme de délinquance ? Une attaque des principes républicains dont Gabriel Attal serait une incarnation, sachant que l’incarnation la plus parfaite de ces valeurs serait le Président en personne ? Une telle attaque peut-elle être considérée comme la volonté de déstabiliser l’État, la République ? L’opposition politique est-elle une menace pour l’ordre public, et si oui, où est cet ordre public, dans une France en plein chaos social ? Et, ce chaos, d’où vient-il ? Notre gouvernement est-il à la hauteur de sa tâche ?
On écoute le ministre de l’Économie, qui n’a pas réussi à détruire l’économie russe, et qui du coup s’est rabattu sur l’économie française :
Cet homme, responsable d’une partie du chaos social actuel, peut-il être considéré comme une menace pour l’ordre social, le vivre-ensemble, la sécurité ?
Et puisque cela nous intéresse au premier chef, une information authentique, qui va contre les intérêts de ce gouvernement mais pas contre les intérêts des Français, est-ce encore du complotisme ? On pense aux confinements inutiles de 2020, à la destruction de l’économie qui en a résulté, à la campagne forcée d’injection de 2021 qui débouchera sur une explosion des effets secondaires, et enfin l’entrée en guerre homéopathique contre la Russie de la France, complètement inféodée à l’OTAN, c’est-à-dire aux États-Unis...
Est-on là encore dans le complotisme si on s’oppose à toutes ces mesures liberticides et dangereuses ? Doit-on être pro-guerre mondiale pour rester dans l’arc républicain ?
Robert Ménard : "Bien sûr que l’Ukraine doit pouvoir utiliser les armes occidentales pour frapper des cibles militaires russes" pic.twitter.com/LlOGpWAIGW
— Sud Radio (@SudRadio) May 30, 2024
Si Alain Soral, sous la pression du pouvoir profond français, est persécuté jusqu’en Suisse, si le parti de Jean-Luc Mélenchon, qui s’oppose avec courage (pas exempt d’un certain calcul électoral) au génocide en cours à Gaza, est interdit comme le demandent les ultras du Système, alors sur quoi a-t-on encore le droit de s’opposer ? Doit-on nécessairement être PS ou LR pour rester dans l’arc républicain, qui serait alors l’enclos de l’opposition contrôlée, soumise, châtrée ?
Netanyahou met ici en garde Macron contre la reconnaissance d’un État palestinien :
Normalement, les docteurs en droit devraient s’emparer de cette fiche de poste et la décortiquer jusqu’à l’os, pour en déterminer l’intention cachée, une avancée de la dictature sous couvert républicain. Un mot qui ne veut plus rien dire puisqu’il est utilisé contre les Français qui pensent et qui restent lucides dans la tempête.
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