LA POLITIQUE de FORTIFICATION de SÉRÉ de RIVIÈRES À LYON
Le Général Séré de Rivières (1815-1895)
Originaire d’Albi, ce polytechnicien sert pendant toute sa carrière dans le Génie Militaire à Toulon, Perpignan, Castres, Carcassonne. Blessé en Italie, il est par la suite directeur du Génie à Metz où il fortifie la place (1866).
En 1868 il est directeur du génie à Lyon ; il juge que les fortifications de son prédécesseur Rohault de Fleury
sont obsolètes, tant par l’extension de la ville que par l’augmentation
de la portée des canons et il projette une ceinture d’ouvrages
nettement plus large.
Le 4 septembre 1870, Lyon apprend la chute de l’Empire ; le colonel Séré de Rivières, commandant de la place de Lyon,
parvient à garder le contrôle de la situation face à un climat
semi-insurrectionnel, tout en mettant en route les chantiers de
fortifications. Promu général, il part de Lyon courant décembre avec le 24° corps
rejoindre l’armée de l’est avec Bourbaki et passe en Suisse ; il
revient à Paris commander le Génie de l’armée de Versailles qui assiège
Paris contre la Commune.
Après la défaite de 1870, la IIIème République réorganise toute la politique de défense. Séré de Rivières devient alors en 1874 Directeur du Service du Génie au ministère, où il est chargé de la construction urgente du nouveau système de fortification, qu’il va développer de Lille à Toulon, en passant par Verdun, la nouvelle frontière de Lorraine, le Jura et les Alpes et aussi les villes de Paris et Lyon considérées comme des objectifs stratégiques. Malgré la mise en disponibilité de Séré de Rivières par le ministre en 1880, sa politique sera poursuivie. Il a été qualifié de « Vauban du XIX° siècle« .
FORTIFICATIONS RÉGIONALES – période 1874-1885
Fortifications de Lyon :
L’allongement de la portée des canons rend obsolètes les enceintes continues et la première ceinture de forts proches de la ville construits sous Louis-Philippe. Le projet pour Lyon prévoit la construction d’une seconde ceinture comprenant une série de forts beaucoup plus éloignés de la ville (5 à 10 km). Ces forts ont en général une forme polygonale, avec un angle dirigé en pointe vers l’ennemi, plus larges que profonds, protégés par d’épais massifs de terre, avec des fossés étroits et profonds.
Voici la liste des ouvrages réalisés autour de Lyon avec la date
du début de leur construction : – Sur la rive droite de la Saône du sud
au nord : le fort de Champvillars (1878 Irigny), le fort de Montcorin (1878 Irigny), le fort de Côte-Lorette (1882 St-Genis-Laval), le fort du Bruissin (1878-81 Francheville), le fort du Paillet (1884 Dardilly), batterie de la Fretta (1878) et l’ensemble formé par le fort du Mont-Verdun (1874) occupé aujourd’hui par la BA 942 et les batteries du Narcel, du mont-Thou et la batterie des Carrières à Limonest.
Entre Saône et Rhône d’ouest en est : la batterie de Sathonay (1878), le fort de Vancia (1878 Rillieux) et les batteries de Sermenaz (1878 Neyron). Le fort de Vancia accueille en 1914 le centre d’instruction automobile du 14° escadron du Train, puis en 1919 un centre d’instruction motocycliste de la Gendarmerie, occupé aujourd’hui par une base de loisirs.
Sur la rive gauche du Rhône du nord au sud : la batterie de Lessignas (1878), le fort de Bron (1875-77), la batterie de Parilly (1878), le fort de Corbas (1878-80) et le fort de Feyzin
(1875-77). La maquette du fort de Feyzin montre les façades des deux
casernes : casernes de parados et caserne du cavalier orientées vers
l’arrière du fort.
Le maître d’œuvre des forts du Mont-Verdun et de Vancia est le capitaine du Génie Edouard Thiers, héros du siège de Belfort en 1870 avec les mobiles du Rhône, qui sera ensuite député de Lyon. L’avenue Thiers dans le 6ème arrondissement lui est dédiée (et non pas au politicien bien connu Adolphe Thiers).
Fortifications des Alpes :
La défense de Alpes fait aussi partie des projets de Séré de Rivières. Les contraintes topographiques conduisent à construire un fort d’interdiction pour bloquer l’entrée d’une vallée, un ou plusieurs forts de protection à mi-hauteur et des ouvrages de surveillance sur les crêtes. Les travaux commencent en 1875 pour les places de Modane, Briançon, Grenoble et Chamousset avec le fort du Montperché (ouvrage du capitaine Thiers avant ceux de la place de Lyon).
FORTIFICATIONS RÉGIONALES – période 1890-1895
L’introduction en 1885 d’un nouvel explosif brisant la mélinite rend obsolète les constructions précédentes, qui doivent être renforcées par un enrobage de béton. Les nouveaux ouvrages seront plus trapus, en béton, puis en béton armé, avec des pièces d’artillerie sous casemates ou dans des tourelles métalliques.
À Lyon sont construits le fort de Chapoly (1890 St-Genis-les-Ollières), le fort de Meyzieu (1893), l’ouvrage de Décines (1896), le fort de Genas (1889), le fort de Saint-Priest (1885). Le fort de Corbas est le seul à être équipé d’une tourelle cuirassée de 160 tonnes à 2 canons de 155 actionnée par une machine à vapeur. En 1890 sont construits 2 magasins à poudre (capacité 100 tonnes) dans le ravin de Sathonay et à Saint-Fons. Au total la nouvelle ceinture de fortifications compte 14 forts et 12 batteries sur un périmètre de 65 km.
Dans les Alpes, on renforce ou on construit les places de Bourg-St-Maurice, de St-Michel-de-Maurienne et du Mont-Cenis (fort de la Turra). Les italiens font de même avec leurs forts du Mont-Cenis et surtout construisent le fort de Chaberton qui domine Briançon.
Un site général remarquable sur les fortifications de cette époque : www.fortiffsere.fr/
Pour une visite virtuelle et toutes les informations sur le fort de Bron, voir le site : www.fort-de-bron.fr/
L’association Limonest Patrimoine gère la Batterie des Carrières, voir le site : www.limonest-patrimoine.net/
Article de 2010 – dernière modification 06/2020
Sources :
Henri Ortholan -Le général Séré de Rivières – Giovanangeli 2003 /
Dallemagne & coll. – les Défenses de Lyon – ELAH 2006 / R.Bonijoly –
Les systèmes fortifiés de Lyon – Association Vauban 2005
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