Récemment, j’ai regardé un court documentaire sur l’histoire du discours politique et des divisions aux États-Unis et cela m’a fait réfléchir à la façon dont les conflits internes du passé pourraient être liés aux batailles sociales rampantes auxquelles les Américains sont confrontés aujourd’hui. Depuis les premiers désaccords entre les différents pères fondateurs sur des questions brûlantes comme la loi sur la sédition, la banque centrale et les armées permanentes, jusqu’aux conflits épiques et désastreux comme la guerre de Sécession, l’Amérique n’a jamais été « d’accord » sur tout.
Dans l’ensemble, cependant, l’hypothèse de longue date est que même lorsque nous glissons et tombons dans le désarroi, les Américains trouveront un terrain d’entente et avanceront ensemble vers l’avenir. C’est un beau sentiment, mais que se passe-t-il si cet idéal ne s’applique plus ?
Certains affirment que les États-Unis n’ont jamais connu d’âge d’or, qu’ils ont toujours été destructeurs, exploiteurs ou « impérialistes ». Bien sûr, il est très facile d’examiner une période donnée à travers le prisme des sensibilités modernes et de porter un jugement. La façon dont nous ferions les choses aujourd’hui n’est pas nécessairement celle d’hier. Nous ne pouvons pas condamner facilement les hommes et les femmes du passé sans au moins reconnaître que nous ne verrons probablement jamais les problèmes de leur époque de leur point de vue.
La gauche politique est le plus grand violeur de ce principe. Elle a la mauvaise habitude d’essayer de réécrire l’histoire en fonction de son cultisme idéologique actuel et d’appliquer ses tabous à des périodes où la civilisation avait des points de vue très différents sur la manière de fonctionner. La philosophie progressiste est en partie ancrée dans le « futurisme », l’idée que toutes les vieilles idées et façons de faire doivent être abandonnées pour faire place à de nouvelles méthodes. En d’autres termes, ils pensent que tout ce qui est « nouveau » est meilleur et doit être adopté.
Franchement, cette théorie ne s’est jamais avérée correcte. Toutes les vieilles idées ne doivent pas être abandonnées et toutes les nouvelles méthodes ne sont pas meilleures. En fait, la plupart des idées que les gauchistes considèrent comme nouvelles sont en réalité très anciennes. Le DEI (Diversity, Equity and Inclusion) n’a rien de révolutionnaire, il s’agit simplement d’une autre forme de marxisme basée sur l’identité personnelle plutôt que sur la traditionnelle politique de classe.
Voulez-vous savoir ce qu’est vraiment la DEI ? C’est un véhicule d’association forcée.
L’association forcée est utilisée pour transformer les populations en une soupe homogène, un esprit de ruche sans pensée individuelle ni droit de discrimination à l’encontre des groupes et idéologies destructeurs. Mais si l’Amérique fait aujourd’hui l’expérience d’un programme d’association forcée, nous devons nous demander ce qu’il y a à y gagner. Pourquoi faire pression sur des personnes qui sont fondamentalement en désaccord les unes avec les autres à tous les niveaux pour qu’elles coexistent au sein d’une société ? Pourquoi les gens au pouvoir veulent-ils tellement cela ?
Pour les planificateurs centraux (généralement des socialistes/globalistes), le tribalisme est à proscrire. Il est inacceptable que les gens suivent leur propre voie. Si la population pense qu’elle peut se diviser, se séparer et vivre différemment des autres, comment l’establishment peut-il continuer à exister ? Pour qu’un gouvernement mondial unique puisse voir le jour, TOUTES les divisions doivent être effacées et tout le monde doit soit aimer, soit craindre ceux qui prônent l’« unité ».
La séparation doit donc être diabolisée. Le problème est qu’il n’y a aucun moyen de faire chanter une population pour qu’elle s’associe, pas à long terme en tout cas. Un groupe est une abstraction sans forme ; il ne signifie rien tant que les individus impliqués ne partagent pas un principe unificateur. Lorsque je me penche sur les désaccords politiques de l’histoire, je constate qu’il existe un facteur vital qui a existé au cours des conflits passés et qui n’existe pas aujourd’hui.
Même pendant les pires périodes, y compris la guerre civile, les deux camps en présence avaient les mêmes principes de base et la même morale. Ils partageaient les mêmes valeurs, la même religion et la même compréhension de la réalité. Il s’agissait de personnes liées par la même âme américaine, qui étaient simplement en désaccord sur des questions particulières. L’objectif de chaque camp était que l’Amérique et son héritage fondamental survivent, même s’ils n’obéissaient pas toujours à tous les aspects de la Constitution ou aux dirigeants en place à l’époque. Ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent en 2024.
En termes de politique de surface, il est évident qu’il n’y aura jamais de réconciliation pacifique entre les progressistes et les conservateurs/indépendants. L’un ou l’autre doit disparaître, et je pense que la majorité des gens aux États-Unis veulent que les gauchistes disparaissent.
Pour être clair, je ne dis pas que tous les gens de la gauche politique sont exactement les mêmes. Il existe bel et bien un spectre politique allant des libéraux traditionnels aux activistes extrêmes. Mais il est indéniable que, pour l’instant, les zélateurs de l’ouverture contrôlent les leviers de pouvoir et d’influence au sein du parti Démocrate et des médias de gauche. Ils bénéficient également du soutien explicite de toutes les grandes institutions, des entreprises aux ONG en passant par les gouvernements.
On ne voit pas beaucoup de Démocrates moyens ayant le courage de se lever et de critiquer leur propre camp, même lorsqu’ils savent qu’il se passe quelque chose de très grave. Ils suivent le programme par paresse ou par peur. Chez les conservateurs, c’est l’inverse. Les conservateurs ne parviennent pas à organiser quoi que ce soit parce qu’ils ne sont jamais d’accord entre eux sur les solutions à apporter.
Et n’oublions pas les « fence riders / suiveurs ». Il est bien agréable d’être toujours en dehors de la mêlée et à l’arrière avec le matériel tout en prétendant être « au-dessus de tout ça ». C’est une position très confortable, car elle permet d’éviter les risques tout en donnant l’impression de prendre la voie royale. C’est un peu comme un universitaire glissant qui ne définit jamais sa position dans un débat, ce qui lui permet de changer d’arguments sur un coup de tête.
Le problème, c’est que, même si les « fence riders » ne veulent pas l’admettre, il y a des moments où l’un des camps a raison et l’autre a tout à fait tort. Parfois, il n’y a pas de juste milieu.
Beaucoup de modérés s’éveillent enfin aux horreurs des mouvements collectivistes qui sévissent parmi nous. Il s’agit peut-être des fermetures d’usines en cas de pandémie, des tentatives d’endoctrinement des enfants par les transgenres ou de la nature déséquilibrée des militants d’extrême gauche dans les rues, mais quelque part, les modérés ont finalement réalisé que les conservateurs avaient raison depuis le début sur un grand nombre de points. Nous nous sommes battus pour sauver leurs libertés il y a des années, tandis qu’ils se la jouaient cool et se demandaient pourquoi tout ce remue-ménage.
De nombreux facteurs distinguent les conservateurs (et de nombreux modérés) de la gauche politique, mais la déconnexion fondamentale est si profonde et inquiétante qu’il est difficile de la quantifier. Je ne peux que le résumer ainsi :
- Le principe unificateur de la gauche est la déconstruction. Ils trouvent leur sens ou leur but dans l’acte de démolir et de détruire ce que d’autres ont construit.
- Le principe unificateur des conservateurs est de construire et de protéger ce qui a fait ses preuves.
La liberté assortie de la responsabilité, les marchés libres et la méritocratie sont les meilleurs gages de réussite pour l’humanité. Autant de choses que nous essayons de préserver et que les gauchistes veulent faire sauter.
Pour les progressistes, la question la plus importante est la suivante : que se passera-t-il lorsqu’ils auront détruit le dernier édifice ? Quelle est la prochaine étape ? Si le démantèlement des systèmes est leur principe unificateur, que feront-ils lorsqu’ils n’auront plus rien à démanteler ? Que se passera-t-il lorsque toutes les assiettes du magasin de porcelaine seront cassées ? Ils sont incapables de créer une société nouvelle et fonctionnelle et ont donc besoin d’une fondation extérieure.
À cet égard, je distingue les globalistes des gauchistes typiques. Les globalistes sont en effet des gauchistes à la base, mais ils sont aussi des bâtisseurs, et pas dans le bon sens du terme. Les globalistes ne construisent pas des sociétés, ils construisent des prisons. Une fois que les idiots utiles de la gauche auront fini de déconstruire l’Amérique, les globalistes prévoient d’arriver avec un nouvel idéal, une nouvelle religion, une nouvelle fondation basée sur LEUR culte.
C’est ici que nous trouvons la plus grande division de toutes – la nature spirituelle de notre impasse.
La liberté peut en effet être un principe unificateur, mais elle doit être combinée à la sagesse et au sens moral. Autrement dit, la liberté seule ne suffit pas.
Je n’ai jamais été du genre à promouvoir le concept de théocratie et j’ai beaucoup de scrupules lorsqu’il s’agit d’organisations religieuses « terrestres ». Tout ce qui est gouverné par des hommes peut être corrompu. Mais je reconnais aussi que l’Amérique a été construite par une société majoritairement chrétienne, suivant des valeurs chrétiennes intégrales. Je ne pense pas que chaque Américain doive être chrétien. Les pères fondateurs avaient compris que la liberté religieuse était essentielle. Mais nous devons reconnaître et accepter le fait que le pays fonctionne mieux lorsque le christianisme est au premier plan. Au moins, il y a un code moral unificateur pour maintenir le cadre ensemble.
En outre, il serait bien plus facile de réconcilier les systèmes sociaux chrétiens avec la science et la pensée critique que de réconcilier les Américains épris de liberté avec les collectivistes d’extrême gauche. La secte woke est aujourd’hui beaucoup plus hostile à la science que les chrétiens ; elle refuse même de reconnaître la biologie humaine. Je pense également que le christianisme se développe en même temps que les nouvelles générations de conservateurs qui respectent davantage le scepticisme. Nous pourrions assister à une renaissance suivant les voies tracées par de grands penseurs chrétiens comme Thomas d’Aquin ou C.S. Lewis.
Je constate que l’ancienne dévotion aveugle au parti Républicain est en train de disparaître et que l’on s’intéresse davantage aux réalisations des hommes politiques qu’à leurs promesses. Je constate que les gens de droite reconnaissent davantage la valeur de la comédie et de la culture pop, ce qui a toujours été un problème pour les conservateurs. Et je vois la science ouvrir des portes à la pensée religieuse au lieu d’essayer de les fermer. À mesure que l’humanité approfondit la physique quantique, la cosmologie et même les sciences de l’esprit, notre relation avec l’au-delà exige de prendre en compte le physique ET le métaphysique.
C’est le genre de chose qui ferait rager et écumer les progressistes. Pour eux, la science doit toujours être au service de leurs causes, sinon elle cesse d’avoir de la valeur, et l’une de leurs principales causes est l’effacement du christianisme. Ils n’accepteront jamais un monde où la science et la religion travaillent ensemble pour construire un avenir où la découverte est équilibrée par la responsabilité éthique.
Il y a ensuite la question de l’impératif moral. Beaucoup d’entre nous constatent que les enfants sont ciblés pour être endoctrinés et exploités. Nous voyons la promotion de la réalité subjective et de la dégénérescence. Nous voyons le penchant pour le mensonge comme outil de pouvoir politique. Nous voyons les gauchistes se soucier davantage de la victoire que de la vérité.
Pour les globalistes et les « wokistes », la moralité n’est rien de plus qu’une construction sociale, mais nous savons que ces idées sont innées et inhérentes à la majorité des gens. Si ce n’était pas le cas, l’humanité se serait éteinte il y a longtemps à cause de l’autodestruction. Les gauchistes ne sont pas d’accord avec le concept de code moral de base. Les gauchistes ne sont même pas d’accord avec le fait que la morale est une nécessité. Ils pensent qu’ils peuvent créer leur propre réalité à partir de rien. Comment pouvons-nous vivre côte à côte avec des gens qui méprisent tous les piliers de la civilisation occidentale ?
La réponse est : nous ne pouvons pas. Pour l’instant, je ne vois pas de chemin vers la paix. La paix nécessiterait un principe unificateur, un respect mutuel, et cela n’existe pas.
Brandon Smith
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