Suite aux entraves régulières à la participation des délégations russe et biélorusse, les deux chambres du Parlement russe décident de la sortie de la Russie de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE. Cette assemblée, ajoutée après la chute de l'URSS au tout début des années 90, est un véritable organe de soft power globaliste, devant exercer sa pression au niveau des organes représentatifs des pays membres. La sortie de la Russie de cet organe est en soi une excellente décision : y rester sans pouvoir réellement y participer est une forme de légitimation, de soumission.
L'OSCE est le produit des Accords d'Helsinki de 1975, quand l'URSS a joué la détente, ne pouvant comprendre le rôle destructeur qu'allait jouer la montée du culte des droits de l'homme, véritable instrument d'ingérence dans les affaires internes des pays. Sa forme actuelle découle de la Charte de Paris de 1990. La création de l'Assemblée parlementaire a été décidée en 1991 et elle a commencé à fonctionner dès 1992. Malgré le nom de l'institution, elle dépasse largement l'Europe pour intégrer 52 pays, dont notamment les Etats-Unis et le Canada. Avec la chute de l'URSS, les Etats de l'espace post-soviétique y sont entrés.
C’est à l’occasion de la Conférence de Madrid, en 1991, qu’il a été décidé de doter l’organisation d’une assemblée parlementaire, qui s’est réunie pour la première fois à Budapest en 1992.
L’Assemblée parlementaire de l’OSCE compte 323 parlementaires désignés par leur parlement national. Il s’y ajoute des délégations d’observateurs (assemblées parlementaires internationales) et de partenaires (asiatiques et méditerranéens), ainsi que le Saint-Siège, à titre d’invité d’honneur. Elle a principalement pour missions d’évaluer la mise en œuvre des objectifs de l’OSCE et de débattre des sujets traités par le Conseil ministériel et par les réunions des chefs d’État ou de Gouvernement.
Les commissions de l’Assemblée parlementaire sont au nombre de trois, correspondant aux trois « corbeilles » d’Helsinki :
- la commission générale des affaires politiques et de la sécurité ;
- la commission générale des affaires économiques, de la science, de la technologie et de l’environnement ;
- la commission générale de la démocratie, des droits de l’homme et des questions humanitaires.
Cet ensemble constitue toute une zone d'influence politique privilégiée. L'OSCE est très présente dans les réformes politico-juridiques dans l'espace post-soviéque, elle a déployé des missions de "paix" avec l'objectivité que l'on a vu dans le Donbass, elle est également l'un des instruments privilégiés de la pression électorale avec ses missions d'observation internationale (qui ne concernent pas les pays occidentaux). Le rôle de l'OSCE s'est trouvé être incontournable dans les révolutions de couleur, notamment en Ukraine.
Avec l'intensification du conflit en Ukraine, ces organes se sont encore plus polarisés. Régulièrement, les droits de la Russie, qui est l'un des membres fondateurs de l'OSCE, sont bafoués. La dernière goutte, qui a fait déborder le vase, est le refus de délivrance des visas aux délégations parlementaires russe et biélorusse pour venir participer à la réunion de l'Assemblée parlementaire, qui doit se tenir en Roumanie le 29 juin.
Le Conseil de la Fédération soutient l'idée que, dans ces conditions, il faut mettre un terme à la participation de la Russie à l'Assemblée parlementaire de l'OSCE. Comme le déclare la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matvienko :
"Nous avons beaucoup de patience, nous avons essayé pendant longtemps d'expliquer à l'AP OSCE le réglement en vigueur, les normes existantes selon lesquelles personne n'a le droit de limiter la participation des délégations nationales aux réunions de l'AP OSCE, nous avons essayé de les faire revenir à la raison, mais comme on le voit, cette organisation est devenue complètement biaisée, ukrainisée.»
La décision devrait formellement être votée lors de la prochaine séance du 3 juillet. Pour autant, il ne s'agit que de la participation de la Russie à l'Assemblée parlementaire, il ne s'agit pas de la sortie de la Russie de l'OSCE. De son côté, la Douma soutient la même position et le comité compétent doit préparer la résolution, qui prévoit également la suspension du financement. Comme l'a déclaré le député Piotr Tolstoï :
"Nous ne paierons pas pour quelque chose, auquel nous ne participons pas", a déclaré l'homme politique. Il a précisé qu’il ne sera possible de parler des perspectives de rétablissement du dialogue qu’après la victoire de la Russie en Ukraine. « Alors nous reviendrons à la question du dialogue parlementaire »
Lorsque le conflit arrive à la phase armée, comme c'est le cas entre l'Axe atlantiste et la Russie, les organes internationaux ne peuvent objectivement plus fonctionner : ils incarnent la répartition des clans géopolitiques et aucun compromis ne peut être atteint ; ils se transforment, soit en instrument du conflit, soit sont paralysés. Ces organes ne peuvent fonctionner qu'en cas de conflits mineurs, ne confrontant pas des pays dominants. En ce sens, Piotr Tolstoï a raison : la fin de la guerre en Ukraine ne sera réelle que lors de la victoire d'une partie et de la défaite d'une autre seront reconnues ; une autre configuration géopolitique en découlera et un nouveau système d'organes traduisant ce nouvel ordre pourra alors fonctionner.
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