Alors que la pluie ne finit plus de tomber, les maraîchers s'inquiètent pour leurs récoltes : les légumes ne poussent pas faute de soleil, et les semis risquent de pourrir en terre. Dans les Deux-Sèvres, les agriculteurs attendent le retour du soleil avec impatience.
Ce printemps, ce n'est pas la sécheresse, mais bien la pluie qui donne du fil à retordre aux agriculteurs. En ce mois de mai, les précipitations ont été bien plus importantes que la moyenne, avec deux voire trois fois plus d'eau par endroits en France. Selon la Chaîne Météo, il n'a pas plu autant au mois de mai depuis 2013.
Et si la pluie est nécessaire pour les cultures, à trop haute dose, elle peut devenir néfaste. Dans les Deux-Sèvres, à Secondigny, Stéphane Juin est dépité. Ce maraîcher, gérant de l'exploitation Saveurs de Gâtine, constate que ses légumes cultivés sous serres, comme les haricots ou les tomates, prennent déjà beaucoup de retard.
"C'est une petite récolte ce matin, c'est une catastrophe, déplore l'agriculteur, en train de ramasser les rares haricots à maturité. Il n'y a rien sur les pieds, alors qu'on devrait en ramasser à pleines poignées en ce moment."
La faute au manque de soleil et de chaleur depuis de longues semaines. Sous la serre, le thermomètre affiche à peine 20 degrés.
On devrait récolter au moins trois ou quatre fois plus actuellement. Il faudrait 25 à 30 degrés tous les jours pour que les plants puissent donner à plein.
Stéphane Juin
Maraîcher dans les Deux-Sèvres
Quelques rangées plus loin, du côté des pieds de tomates, le constat est le même : elles ont grossi, mais ne rougissent pas, faute de soleil. "Il faudrait aussi 25 à 30 degrés pour qu’elles arrivent à maturité au 1er juin, mais là, on n'y sera pas du tout, soupire Stéphane Juin. On aura 15 jours de retard par rapport aux années normales." Voire plus, si la pluie venait à persister, comme Météo-France le prévoit pour le reste de la semaine.
Avec l'humidité ambiante, le maraîcher craint que ses légumes ne pourrissent avant de mûrir. Et le pourrissement guette aussi les cultures extérieures, comme les pommes de terre, plantées il y a un mois. "Il fait tellement humide qu’elles commencent tout juste à pointer, constate le maraîcher des Deux-Sèvres. S'il pleut encore, on en a qui vont pourrir en terre, on craint une perte de la récolte." Habituellement, Stéphane Juin produit 25 à 30 tonnes de pommes de terre par an.
La terre détrempée ne permet pas non plus à l'agriculteur d'intervenir dans ses champs. "On y laisserait le tracteur, et on ferait du sale boulot, avance le maraîcher. Il faut que la terre sèche. Il nous faut au moins cinq, six jours de beau temps pour pouvoir faire du bon travail."
Les mois de mai et juin sont des mois cruciaux de l’année, où on sème et plante les futurs légumes pour l'automne et l'hiver. Si on n'a pas de beau temps d’ici fin juin, l’année va être foutue.
Stéphane Juin
Maraîcher dans les Deux-Sèvres
Faute de pouvoir travailler la terre, les plants de courges et de choux rouge sont laissés dans les bâtiments, encore en pots. "C'est impossible de les planter, on ne peut pas mettre les pieds nulle part. On n'a pas d'autre choix que d'attendre", se désole Stéphane Juin.
Si le mauvais temps venait à perdurer, le maraîcher craint pour l'avenir de son exploitation. "On est inquiets. C'est urgent que le beau temps arrive, pour essayer de rattraper ce qu'on n'a pas planté ni semé. Si on récolte la moitié d’une récolte annuelle, ça va être problématique", conclut l'agriculteur, qui craint une diminution de 20 à 30 % de sa production cette année.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.