Si nous choisissons de nous attarder à quelques remarques assez lestes et gardées telles quelles d’un gentleman de
l’élite britannique sur l’Ukraine, ce n’est certainement pas pour les
révélations qu’il nous apporterait à ce propos. Parce que de
révélations, point du tout...
Mais il nous apparaît intéressant et important, et peut-être, – espérons-le, – significatif pour bien des esprits encore prisonniers des clichés du Système, d’entendre un propos dans une langue si leste et si méprisante, et cela justement d’un gentleman qui fait partie du Système, qui était encore le principal conseiller du Premier ministre Boris Johnson en décembre 2020 lorsqu’il démissionna à la suite d’un “scandale” ; c’est-à-dire scandale politique de première grandeur pour port insuffisant de ce masque anti-Covid qui fut l’enjeu d’une des plus brillantes batailles politiques de nos élites pour la défense de la civilisation, ces dernières années.
Note de PhG-Bis : « On peut consulter le Wiki sur Dominic Cummings pour mesurer son, importance politique : leader du mouvement politique pour le Brexit et conseiller n°1 de Johnson, venu d’un milieu très huppé, – et, d’une façon assez inattendue, ayant comme une de ses idoles le colonel de l’USAF et réformiste haï de la bureaucratie du Pentagone John Boyd. C’est d’ailleurs ce qui guidait Cummings avec le Brexit : attaquer la bureaucratie bruxelloise, avec l’intention, jamais réalisée, de s’attaquer ensuite à la bureaucratie britannique. »
Cummings ne prend pas de gants pour donner son opinion. Il emploie l’argot et les exclamations courantes entre hommes politiques, hors des micros et des discours électoraux. Pour nous, il s’agit de bien plus qu’un simple laisser-aller, il s’agit d’une volonté délibérée de la part de Cummings de montrer son exaspération méprisante devant la situation et l’évolution qui y a mené.
Le ton et les mots employés par un personnage qui est nécessairement au courant des causes et des formes des démarches des hommes qui prennent les décisions conduisent à considérer l’hypothèse qu’il n’y a dans ces décisions aucune dimension géopolitique ni métapolitique, ni morale, etc. Cela n’est pas pour nous étonner mais cela est bienvenu car on pourrait espérer que cela éclaire certains sur les vérités-de-situation de la guerre en Ukraine, y compris sur les fondements des grandes et majestueuses théories politiques et morales qui sont bâties autour, avant et après...
On commence par des considérations générales, faites lors d’une interview sur ITV-News mercredi dernier, et reprises par RT.com :
« “Nous n’aurions jamais dû nous retrouver dans cette situation stupide”, a déclaré Cummings. Il a également décrit l’Ukraine comme un “trou du cul de corruption qui n’a aucune importance politique”.
“Il ne s’agit pas d’une répétition de 1940 avec la courge [le président ukrainien Vladimir] Zelenski comme outsider churchillien”, a-t-il ajouté. “Tout cet État mafieux corrompu ukrainien nous a tous escroqués et nous allons tous nous faire baiser en conséquence”.
Les sanctions occidentales ont été “davantage un désastre” pour l’UE que pour la Russie, faisant grimper le coût de la vie tout en rapprochant Moscou et Pékin, selon Cummings. Tout ce que l’Occident a réussi à faire, c’est de se lancer dans une guerre d’attrition avec la Russie, “que nous avons poussée à conclure une alliance avec la plus grande puissance manufacturière du monde”. »
Autre chapitre abordé, l’effet sur Poutine du comportement des Occidentaux, – “la leçon que nous avons donnée à Poutine”, puisqu’en effet nous ne cessons d’affirmer que l’attitude de l’Occident-satisfecit ne cesse de montrer une orientation glorieuse et superbe au “maître du Kremlin”, qui serait complètement abasourdi par ce torrent de vertu. On entend donc les ricanements de Dominic Cummings.
« Cummings a également abordé l’argument selon lequel le président russe Vladimir Poutine avait besoin de “recevoir une leçon” du fait de l’invasion de ses voisins.
» “La leçon que nous avons donnée à Poutine, c’est que nous sommes totalement une bande de putains de comiques”, a-t-il déclaré.“ Je veux dire, bon, Poutine s’en doutait bien déjà avant la guerre, mais cela l’a confirmé totalement dans sa perception. En plus, cela s’est diffusé dans le monde entier, de voir confirmé quelle bande de clowns nous sommes”.
» ... Et voilà que l'Amérique en remet une couche en voulant saisir les actifs russes, créant ainsi un régime de sanctions qui encourage la mise en place de systèmes financiers alternatifs à l'échelle mondiale... Cela ne donne aucune leçon à Poutine, mais montre seulement que nous sommes idiots". »
Maintenant, quelques mots sur son ancien patron, qu’il a non seulement quitté en décembre 2020 (démission), mais auquel il n’adresse plus la parole. Cela ne l’empêche pas d’avoir gardé des antennes qui lui permettent de rapporter ce qu’il juge être une analyse de comportement.
Il décrit un comportement infantile et inconsciemment contradictoire d’un homme qui a par ailleurs démenti avoir saboté l’accord russo-ukrainien d’avril 2022 comme l’ont affirmé les négociateurs et les médias ukrainiens, mais a confirmé avoir dit aux Ukrainiens que n’importe quel accord avec Moscou serait mauvais, – ce qui n’est pas du sabotage mais du carpet-bombing... (Voir aussi Eric Zuesse)
« Pour Boris Johnson, la guerre “était comme un cadeau du ciel, une bouée de sauvetage pour éloigner tout le monde de son implosion politique probable... en réalisant ses fantasmes churchilliens”. “Ironiquement, Westminster [les Communes] a totalement avalé le tout, même s'ils détestent Boris et le critiquent constamment comme un charlatan menteur, ils ont avalé toutes ses conneries sur l'Ukraine et l'ont pris au sérieux”. »
L’archétype de la tragédie-bouffe
L’expression anglo-américaine « a bunch of clowns » peut se traduire de multiples façons, à l’image du mot “bunch” (“bande”) qui peut avoir des connotations sympathiques ou sordides dans une multitude mots, tandis que le mot “clown” utilisé universellement, et dans le cas qui nous occupe, est d’une signification extrême et unique de burlesque, de ridicule, de grotesque, d’idiots absolument complets – signification voulue ou pas selon qu’on est un vrai clown ou que l’on ait involontairement un comportement de clown.
Nous nous sommes donc trouvés absolument justifiés de choisir l’expression “mafia de clowns” qui a l’avantage des faire apparaître les deux aspects, non seulement de la direction ukrainienne, non seulement des conditions dissimulées de cette guerre, non seulement de nos propres directions, mais de l’événement lui-même tel qu’il a été organisé. Du coup, le parler extrêmement leste de Cummings, des mots grossiers, sont également parfaitement justifiés dans leur réalisme, et complètement à leur place.
Le front uni américaniste-occidentaliste est totalement mafieux. C’est l’évidence écrasante pour les Ukrainiens de Zelenski et Cie qui sont des créatures troubles et glauques, mentant avec un aplomb confondant, agissant et toute corruption à ciel ouvert, avec une hypocrisie désarmante de “franchise”. Leurs alliés de l’Ouest sont également tout cela, mais un cran plus haut, mieux cravatés et plus attentif à l’accent et à la prononciation. Ils se conduisent en “parrains” des Ukrainiens avec un naturel qui ne cesse d’exsuder toutes les vertus possibles. Les corruptions se font avec plus de discrétion, d’ailleurs tous se trouvant dans des attitudes et des fonctions qui sont la corruption même.
Bref, on dirait une belle et bonne organisation, bien huilée, par des gens habiles, qui savent par certains engagements certes de complicité mais aussi d’une certaine loyauté suivre une même voie qui doit répondre à certaines logiques apparentes qui se fiche des lois et des coutumes. Rien de tout cela ! Nos “mafias” sont faites de clowns, et nullement de “parrains” attentif à une certaine sagesse paradoxale. Ils sont tous à la fois stupides, incultes et incompétents ; ce sont des gangsters de bas étage ou des escrocs mondains, mais également des perds-nickelés dont aucun ne parvient à mettre sur pied une opération qui n’est promise à s’effondrer. L’ensemble dégage un ridicule exceptionnel, ce qu’on appelait sur les scènes parisiennes de la Belle Époque le bouffe. Comme cette guerre est également une tragédie à cause de ce qu’elle tue et de ce qu’elle brise, nous sommes en présence d’une tragédie-bouffe complète, un archétype de la chose.
Le parler leste et grossier de Cummings paraîtra déplacé à certains. Pas à nous, parce qu’il restitue une réalité évidente de cette guerre, parce qu’il est du niveau des personnages qui l’ont provoquée, la prolonge pour des intérêts sordides, la déforme pour se faire croire à eux-mêmes qu’ils sont ce qu’ils voudraient qu’on croit qu’ils sont ; parce qu’il nous signale enfin que la vérité-de-situation de ce que nous jugeons être de grands événements commence par une infamie absolue, se poursuit par un simulacre bouffon et grossier avant de donner indirectement et à l’insu de tous les protagonistes des fruits et des effets toujours inattendus et imprévus, – et que, pour l’Ukraine, nous ne connaissons pas encore.
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