31 mai 2024

L’UE veut s’endetter au détriment de nos enfants


 
L’Union européenne a besoin d’argent – 75 milliards d’euros par an rien que pour la défense, et au moins 800 milliards d’euros supplémentaires pour atteindre les objectifs climatiques européens d’ici 2040. Alors que la France s’engage fermement en faveur d’une dette commune, l’Allemagne freine (encore) des quatre fers. En fait, la question de l’ « union de la dette » pourrait déterminer qui sera le prochain président de la Commission. Cependant, la question de savoir qui devra un jour payer tout cela n’est toutefois pas discutée.
En période de campagne électorale, les lobbyistes de l’UE jonglent avec des centaines de millions d’euros : Mario Draghi, à qui l’on prête des ambitions pour le poste de président de la Commission, a évoqué fin février un besoin d’investissement de 500 milliards par an – un tiers devant être financé par des fonds publics, deux tiers par des fonds privés.

Emmanuel Macron, jamais à court de grands mots, a demandé lors de sa visite en Allemagne que le budget de l’UE (1,8 billion d’euros pour une période de sept ans) soit doublé. Le président français s’est montré ouvert à de nouvelles recettes fiscales, mais aussi à un emprunt commun. Les objectifs de la transition verte et technologique ainsi que de la défense commune doivent être atteints. Dans son discours à Dresde, il a également évoqué l’achèvement de l’Union des marchés de capitaux afin de mobiliser davantage d’investissements privés.
Une solution par l’union de la dette ?

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Paolo Gentiloni, envisage également un instrument commun pour les investissements, financé par la dette. Et même Ursula von der Leyen s’est récemment montrée pour le moins disposée à discuter de ce sujet. Ce faisant, elle contredit toutefois la ligne de son parti : les conservateurs allemands excluent catégoriquement (du moins jusqu’à présent) une union de la dette.

Il est tout à fait remarquable que le FMI recommande actuellement à l’Allemagne d’assouplir la limite du déficit d’environ un point de pourcentage de la production économique : il faudrait créer une marge de manœuvre pour les investissements publics tout en maintenant le taux d’endettement sur une tendance à la baisse. Actuellement, le frein à l’endettement réduit les emprunts de la République fédérale à 0,35% de la performance économique par an.

Outre le fait que le Fonds monétaire international n’est vraiment pas responsable des questions relatives aux dispositions constitutionnelles allemandes, nous nous trouvons ici sur un terrain délicat.

Nous savons que les traités régissent précisément la manière dont les recettes de l’UE sont générées et les règles applicables en matière de dette. En intégrant le fonds de reconstruction Corona de 750 milliards d’euros en 2020, ce qui n’était pas prévu dans les traités, la Commission a brisé un tabou. Une partie (des dirigeants) des États souhaite aujourd’hui manifestement poursuivre dans cette voie. Cela conduirait à un approfondissement de l’intégration et à un démantèlement de la souveraineté des États.

Selon des données récentes d’Eurostat, le ratio dette publique/PIB de l’UE a certes légèrement diminué, passant de 83,4 % en 2022 à 81,7 % en 2023. Pour l’ensemble de l’UE, la Commission prévoit toutefois une croissance économique de seulement 0,9% en 2024. Si les ressources propres ne sont pas augmentées, les dettes de l’Union devront être payées par le budget courant. La question de savoir comment y parvenir, compte tenu des nombreux projets coûteux, n’a pas été clarifiée.

Reiner Eichenberger, professeur de théorie de la politique financière et économique à l’université de Fribourg, a récemment résumé de manière très pertinente cette évolution erronée dans un commentaire, en parlant d’une « course aux rats pour la fortune de l’État » :

« Pour les citoyens, une bonne politique axée sur un développement durable de la société, de l’économie et de l’environnement ne vaut plus la peine. Au contraire, il est raisonnable pour eux de s’approprier le plus rapidement possible les ressources encore disponibles. Le meilleur moyen d’y parvenir est de financer les dépenses publiques non pas par l’impôt, mais par la dette. De cette manière, les coûts seront à la charge des générations futures. »

Cette « course aux rats pour le patrimoine de l’État » n’est pas un phénomène suisse : ce phénomène a visiblement aussi touché l’UE et ses États membres. Il faut donc s’attendre à ce que la question de la dette commune détermine qui sera le prochain président de la Commission. Cela ne change rien au fait que les lobbyistes de l’UE se servent sur le dos des jeunes générations et donc sur le dos de nos enfants.

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/05/31/lue-veut-sendetter-au-detriment-de-nos-enfants-par-ulrike-reisner/

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