Tout un symbole ! En Allemagne, le géant RWE est en train de démonter des éoliennes pour agrandir une mine à ciel ouvert de charbon, le tout avec le feu vert du gouvernement. Avec la guerre en Ukraine et les coupures de gaz russe, le pays a relancé des projets de charbon, bien que ce soit la plus polluante des énergies fossiles.
Après avoir fait raser le village de Lützerath,
devenu un temps le point de ralliement des écologistes du monde entier,
RWE s’attaque désormais à un parc éolien. L’énergéticien allemand a en
effet commencé à démonter des éoliennes, toujours dans l’optique
d’étendre sa mine de charbon à ciel ouvert Garzweiler, située en
Rhénanie, dans l’ouest du pays. "Le fait que des éoliennes soient
démolies pour agrandir une mine de charbon à ciel ouvert en pleine crise
climatique et énergétique ne peut être surpassé en termes d’absurdité", a réagi l’initiative locale d’opposants "All Villages Remain" citée par Der Spiegel.
L’extension
de cette mine, l’une des plus grandes d’Europe, qui produit du lignite,
l’un des charbons les plus polluants, prévue depuis 1995 a été relancée
à l’automne dernier quand RWE et le gouvernement allemand ont signé un
accord polémique. L’énergéticien a obtenu le feu vert définitif pour
exploiter le sous-sol de Lützerath et pour raser donc le village et ses
alentours, comprenant le champ d’éoliennes. En échange de quoi, il s’est
engagé à sortir du charbon plus tôt que prévu dans le bassin minier
rhénan, en 2030 au lieu de 2038.
"Un péché vis-à-vis de la politique climatique"
Pour
le gouvernement allemand, il s’agit ainsi de "sécuriser"
l’approvisionnement énergétique du pays, après les coupures de gaz russe
liées à la guerre en Ukraine. Il s’agit aussi de combler la fermeture
des dernières centrales nucléaires
au printemps dernier et d’avoir un back-up au cas où les objectifs de
production d’énergie renouvelable, particulièrement ambitieux du pays,
ne soient pas atteints. L’Allemagne vise en effet à tripler la
production éolienne et quadrupler la production solaire d’ici à 2030.
Or, on constate un léger ralentissement ces dernières années avec une
contestation qui commence à émerger sur les éoliennes terrestres.
RWE
se targue en outre de laisser sous terre 280 millions de tonnes de
lignite avec la fin anticipée du charbon. Mais c’est sans tenir compte
du fait que deux centrales électriques au lignite, chacune d’une
capacité de 600 mégawatts, vont rester en activité jusqu’en 2024, alors
qu’elles devaient s’arrêter de fonctionner à la fin de 2022. "Bien
sûr que c’est un péché vis-à-vis de la politique climatique, et que
nous devrions travailler à ce que cela dure le moins de temps possible", s’est justifié le ministre écologiste de l’Économie, Robert Habeck, qui admet un choix difficile mais "nécessaire".
Record de consommation mondiale de charbon
Au niveau mondial, malgré l’essor des renouvelables, le charbon continue de battre des records. L’année 2023, qui s’apprête vraisemblablement à être la plus chaude, devrait aussi établir un nouveau record mondial de consommation de charbon. En 2022, celle-ci avait déjà augmenté de 3,3%, un niveau inédit. En outre, entre 2015 et 2022, les émissions de carbone liées au charbon par habitant au sein des pays du G20 ont augmenté de 9%, selon un rapport du think tank Ember.
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