Le 24 mars 1475
Simon de Trente
Extrait du livre de Frederik To Gaste :
Le jeudi de la semaine pascale de l’an 1475, dans la ville de Trente, se déroula un drame épouvantable : un meurtre rituel dont la victime fut le petit Simon Gerber âgé de 2 ans et demi ; meurtre à propos duquel nous sommes renseignés jusque dans les moindres détails grâce aux documents du procès obtenus dans leur intégralité.
Dans
la ville habitaient alors trois familles de juifs dont les chefs,
Angelo, Tobias et Samuel se retrouvèrent à plusieurs reprises
manifestant leur contrariété à l’idée de manquer de sang chrétien
indispensable à la préparation des galettes azymes de Pâque.
Ce fait et la description ultérieure du crime seront donnés en toute clarté lors des séances d’audition des témoins.
Les trois juifs pressèrent un marchand
juif de passage, du nom de Lazzaro, de leur fournir un enfant chrétien.
Après quelque hésitation, il se déclara d’accord pour le prix de 100
ducats et parvint à attirer, le petit Simon Gerber de 2 ans et demi,
enfant particulièrement beau, dans le maison de Samuel. La nuit tombée,
le crime fut accompli, auquel participèrent les 7 juifs suivants :
Samuel et son fils Israël, Moïse (le vieux), son fils Mohar et son
petit-fils Bonaventura, le serviteur Vitale, le cuisinier Bonaventura et
le médecin Tobias. Angelo, qui avait vraiment été l’instigateur du rapt
de l’enfant, n’était pas présent.
Il est intéressant de noter que la
version du meurtre qui va suivre fut rapportée unanimement par les
accusés, alors même qu’ils étaient gardés sous le régime d’isolement
cellulaire et qu’aucun mauvais traitement corporel ne leur fut appliqué.
Nous commencerons par l’exposé du valet
Vitale, particulièrement détaillé : le jour de la Pâque juive, jeudi, au
crépuscule (il ne se souvenait plus exactement de l’heure), il (Vitale)
était allé dans la maison de Samuel, puis dans la chambre qui faisait
face à la synagogue.
Là se trouvaient aussi : Moïse, le vieux
; son fils Mohar ainsi que le fils de celui-ci, Bonaventura ; Samuel et
son fils Israël ; Bonaventura, le cuisinier et Tobias, le médecin.
Samuel entoura le cou de l’enfant, que le vieux Moïse, assis sur un
banc, tenait sur ses genoux, d’un foulard. Moïse et Samuel tirèrent
fortement sur le foulard afin d’étouffer tout cri que pût émettre
l’enfant. Alors Moïse, muni d’une pince arracha un morceau de chair de
la joue droite de la petite victime. Samuel et Tobias firent de même. Le
sang qui s’écoulait de la joue était recueilli dans une écuelle ;
Tobias et Mohar se relayaient pour récolter le sang.
Tous, y compris Vitale, avaient en main
des aiguilles pour percer l’enfant, tout en articulant des paroles en
hébreux qu’il ne comprit pas. Puis, avec la même pince, ils prélevèrent
de la chair à l’extérieur de la cuisse droite du petit. Il ne se
souvenait pas qui des deux avait été le premier à continuer ainsi
l’infâme besogne, ni qui tenait ensuite l’écuelle dans laquelle
s’écoulait le sang. Puis Moïse et Samuel, assis sur un banc, saisirent
l’enfant et le placèrent debout entre eux, tout en le soutenant : Moïse,
à la droite de l’enfant, saisit le pied de celui-ci et étendit en même
temps son petit bras droit ; Samuel fit de même à gauche. Le témoin
croit se souvenir que même Tobias maintenait les pieds de l’enfant ;
ainsi le petit revêtait la position du crucifié. C’est alors que les
autres juifs qui l’entouraient lui portèrent des estocades avec des
aiguilles qu’ils avaient en main. Vitale, comme déjà dit, y participa
aussi. Sous ce martyre, l’enfant expira.
L’interrogatoire aboutit à toute la
clarté souhaitable, incluant les mobiles du meurtre : ainsi donc
l’enfant fut tué en vue de récupérer son sang pour le mêler à la pâte
dont on fait les galettes azymes qui sont consommées à Pâque. Ce sang,
provenant d’un enfant chrétien serait nécessaire à chaque célébration
pascale. Car il règne, dans les cercles de juifs initiés, la conviction
selon laquelle le sang d’un enfant chrétien tué est de grande utilité
pour le salut de leurs âmes ; mais que ce sang ne serait pas aussi
efficace si on ne tuait pas la victime de la même manière que les juifs
ont tué Jésus Christ ; que l’enfant peut vraiment être tué quel que soit
le jour, son sang récolté, mais que le sacrifice est plus agréable à
Dieu si l’expiation a lieu peu avant Pâque.
Les juifs ne seraient pas des juifs
s’ils ne liaient pas leur désir de meurtre à un florissant trafic. Le
procès du meurtre de Trente démontra clairement qu’il ne s’agissait
nullement d’un cas isolé ; du reste les épouses de Tobias et de Mohar,
auditionnées comme témoins, reconnurent encore bien d’autres meurtres
auparavant. L’accusé Samuel rapporta, entre autres, que les sanguinaires
marchands juifs étaient pourvus d’autorisations rabbiniques
supérieures, afin que les « clients » soient sûrs de ne recevoir que du
sang recueilli de manière irréprochable ; sang qui, selon les accusés,
n’était pas utilisé que dans la cuisson de galettes pascales, mais aussi
mélangé au vin de circonstance.
Il va de soi que, même pendant la durée
du procès, s’installa une intense agitation juive afin d’obtenir la
libération des accusés, occurrence coutumière que nous observons lors de
tous les procès de meurtres rituels. Malgré toutes les démarches
auxquelles participèrent ici exceptionnellement le pape et l’Eglise
catholique, quatre des accusés furent condamnés à mort et exécutés. Le
vieux Moïse, en tant que chef de la communauté, préféra se donner la
mort en prison.
Pourtant l’agitation des juifs ne tarit
pas, agitation qui, pour le moins, visait à disculper ultérieurement les
juifs du fléau des meurtres rituels. Ils se réfugièrent avant toute
chose derrière une protection papale, mais celui-ci avait été
entre-temps dûment renseigné sur l’affaire ; ainsi confirma-t-il, dans
une bulle extraordinaire, que la sentence des juges de Trente était
équitable et inattaquable. C’est ainsi que le pape Grégoire XIII permit,
cent ans plus tard, au petit Simon d’être accueilli au sein des martyrs
de l’Église romaine et canonisé.
Notes :
- Le culte de Simon de Trente, saint patron des enfants victimes d'enlèvement ou de tortures, fut aboli par Paul VI.
PDF gratuit : "La vérité sur les meurtres rituels juifs" de Frederik To Gaste.
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