Macron manque de peu la médaille d’or du leader occidental le plus détesté

Emmanuel Macron n’est pas le responsable politique le plus impopulaire du monde occidental: il est battu d’une courte tête par Olaf Scholz, le chancelier allemand. C’est ce que montre la comparaison des “opinions favorables” dont bénéficient les présidents ou les premiers ministres dans différents pays. Le New York Times a voulu aider Joe Biden en montrant qu’il n’est pas le plus impopulaire des dirigeants occidentaux. Cela fait ressortir la crise de la légitimité politique dans nos pays.

 

 

C’est un graphique publié par le New York Times pour rassurer ses lecteurs: Joe Biden n’est pas le responsable politique le plus détesté. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un sondage nouveau mais de la collation des sondages publiés dans les grands pays “occidentaux” sur le mode “approuvez-vous l’action de X….? “

Non, Joe, t’es pas tout seul…

En détournant une chanson de Jacques Brel, les démocrates américains peuvent être un peu rassérénés: non, Joe, t’es pas tout seul….! Avec des 46% d’opinions favorables, le président américain figure même honorablement dans le tableau. Ils sont six chefs d’Etat ou de gouvernement à faire moins bien que lui.

Vraiment moins bien, même, quand on regarde la “course en tête” de l’impopularité à laquelle se livrent Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Avec 29% d’opinions favorables, le président français manque de peu la première marche du podium. Olaf Scholz est lui à 27% !

On ne sera pas étonné de voir figurer deux des sujets de Sa Gracieuse Majesté, les premiers ministres britannique et canadien, respectueusement à 33 et 41% d’opinions favorables. En revanche, ceux qui talonnent Scholz et Macron sont, ex aequo à 30% d’opinions favorables, le président sud-coréen et le Premier ministre japonais.

La crise de la légitimité démocratique

Ces résultats sont impressionnants dans la mesure où les gouvernements occidentaux sont actuellement en guerre, au moins indirecte, à la fois contre la Russie et contre la population palestinienne au nom de la défense de la démocratie.

Il ne se passe pas de journée sans que nos médias ne nous rappellent, sentencieusement, que nous appartenons au monde des démocraties et que nous devons nous défendre contre les régimes autoritaires: un groupe fourre-tout où l’on met aussi bien Xi Jinping que Vladimir Poutine, Reycep Erdogan….

Et s’ils se laissent aller nos politiques et nos journalistes y mettent Viktor Orban, dont le parti Fidesz a obtenu 54% des voix aux dernières élections et qui est encore dans les sondages à 45% d’opinions favorables en moyenne; et ceci malgré les difficultés économiques liés à la guerre d’Ukraine. Faut-il rappeler que, pour les prochaines élections européennes, le parti d’Emmanuel Macron ne dépasse pas 20% dans les sondages et celui d’Olaf Scholz est à 17%? 

 
Le couple franco-allemand existe bien toujours….

On parle beaucoup – à commencer par le Courrier des Stratèges – de la crise des relations entre la France et l’Allemagne. De fait, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ne cachent même plus leurs désaccords; alors qu’avec Angela Merkel on faisait encore semblant. Pourtant, les deux gouvernants se ressemblent profondément par leur façon de mener une politique contraire aux intérêts de leurs peuples respectifs – et de l’Europe.

La guerre d’Ukraine a servi de révélateur, bien entendu, mais elle est loin d’être le seul épisode de la profonde coupure entre le monde dirigeant et le reste de la société qui caractérise les sociétés occidentales. Que nous parlions des plus diplômés, des habitants des métropoles, des écologistes ou des hauts revenus, nous allons à chaque fois identifier à peu près le même groupe de personnes qui représentent le socle des dirigeants dans l’opinion. Emmanuel Todd parle “d’oligarchie libérale”, qu’il oppose par exemple à la “démocratie autoritaire” que serait selon lui la Russie de Vladimir Poutine.

Il y a en tout cas une énorme crise de la légitimité politique en Occident. A vouloir relativiser l’impopularité de Joe Biden, le New York Times est venu nous le rappeler crûment.

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/04/04/macron-manque-de-peu-la-medaille-dor-du-leader-occidental-le-plus-deteste/