Les effets étranges rapportés par les témoins d’observations sont sans doute anciens, mais c’est l’ufologue britannique Jennifer Randles qui détient la primeur de leur révélation et d’un début d’analyse. Cela s’est passé au tout début des années 1980, il y a quarante déjà, et il faut noter qu’aucun de ses nombreux livres n’a jamais été traduit en français. «Jenny» Randles est également à l’origine de la qualification «d’effet d’OZ» accolé à ces effets à priori incompréhensibles, et donc absurdes. Cette dénomination provient du roman de L. Franck Baum qui date de 1900 et qui a ensuite fait l’objet de plusieurs films titrés «Le magicien d’OZ», dont celui de Victor Flemming en 1939. Le thème tourne autour de l’accession à une réalité différente qui peut interférer avec notre réalité1.
Ceci explique pourquoi les témoignages furent d’abord majoritairement anglo-saxons ; mais par la suite, on constata assez rapidement que ce genre de récits provenait du monde entier. Notre pays n’a pas échappé à ce mouvement et il suffit de consulter le très précieux livre de Joël Mesnard, édité en 20162, pour prendre connaissance d’un répertoire édifiant de cas français ; et il en existe d’autres.
Définir «l’effet d’OZ» n’est pas trop difficile parce que l’homogénéité des témoignages est assez remarquable sur toute la planète. Le phénomène est prioritairement lié aux observations rapprochées de type 1, 2 et 33. Il se présente sous la forme d’une bulle de silence et de calme qui s’installe dans la zone où va se dérouler l’apparition. Si les témoins se trouvent sur la route, ils s’aperçoivent soudain qu’elle tend à se vider progressivement de ses voitures et camions. Fréquemment,
la voiture peut s’arrêter inexplicablement avant l’apparition de
l’ovni, et dans certains cas repartir d’elle-même (!) dès que la bulle
se résorbe et que les choses reviennent «à la normale».
Les sentiments éprouvés par les témoins sont variables. Ils vont de la surprise à la peur, en passant par une sensation que Joël Mesnard qualifie «d’effet coton» et que certains témoins verbalisent par «je me trouvais comme hors du temps».
Justement,
nous voici au cœur du problème car il arrive souvent que des témoins
constatent, une fois les évènements terminés, qu’ils sont en retard sur leur horaire. Cette
situation est plus particulièrement remarquée par ceux qui sont en
voiture. L’exemple suivant illustre cet aspect : Vous partez en voiture
avec votre épouse et vos deux enfants car vous êtes invité chez votre
belle-mère. En chemin, le phénomène étrange se produit, puis un ovni apparaît. L’observation dure, disons trois minutes (temps moyen d’une observation rapprochée) et
puis tout disparaît et vous continuez votre route. Mais à l’arrivée,
votre belle-mère fait preuve de mécontentement parce que vous avez une heure de retard.
Attention, il y a bien un temps manquant, mais il ne s’agit nullement
d’un «missing time», ce qui sous-entendrait que vous avez tous les
quatre perdu conscience ; et ce n’est pas le cas. De fait, il n’est pas impossible qu’un missing-time soit associé à un effet d’OZ, mais c’est plutôt rare.
En résumé, on peut facilement déduire de ce qui précède que derrière la jolie appellation «d’effet d’OZ» se trouve une déformation temporelle localement induite par le phénomène ovni. Cette singularité temporelle est une
des huit caractéristiques récurrentes et parfaitement cohérentes (liées
entre elles) qui constituent la matrice même de l’hyper physique propre
aux ovnis. Des dizaines de milliers de cas sont là pour
nous le rappeler. Il suffit de les consulter et de les comparer pour
s’en apercevoir.
Cependant,
le fait de constater une chose, fusse-t-elle apparemment impossible,
n’est pas la comprendre et encore moins la prouver. Nous
sommes face à un vide parfaitement exprimé par Aimé Michel il y a plus
de quarante ans : « Nous ne pouvons comprendre les ovnis parce que nous
ne sommes pas capables de les penser ».
Une hyper physique est par nature impensable4 au prorata du décalage évolutif qui nous sépare d’elle.
À un siècle de distance, c’est encore jouable, mais pas à 10 000 ans
sans parler d’un million d’années, ce qui n’est pourtant rien à
l’échelle de l’univers. Au cœur de ce vide se trouve le problème du
langage, la base du cognitif dont le propre est de modifier la
perception et la compréhension des choses. Beaucoup
d’aspects de la phénoménologie ovni sont par nature indicibles, ce qui
signifie qu’il n’existe pas de référents, de concepts, pas même « les mots pour le dire » et qualifier les choses.
Un effet d’OZ ? c’est bien, faute de mieux !
Un
soupçon de déformation temporelle ? C’est mieux parce que visiblement,
cela correspond aux informations qui remontent du terrain. Mais encore ?
Il
faut dire que nous nous trouvons dans une époque de spécialisation
intensive où chacun tend à «creuser au fond de son puits», ce qui est
une pente naturelle observable dans tous les domaines.
L’ufologie n’échappe pas à ce mécanisme, si bien que l’historien (c’est mon cas) tend à tracer les sources et à analyser la profondeur historique, le psychologue tend à s’intéresser aux aspects conscientiels, le médecin s’applique à considérer les cas avec effets somatiques, le physicien analyse
les manifestations selon une grille liées aux lois universelles, le philosophe assemble ou fabrique des concepts, etc.
C’est la raison pour laquelle je pense que l’avenir est lié au travail en équipe.
Un petit groupe fondé sur des compétences pointues et ciblant un thème
particulier peut obtenir des résultats significatifs. Bien sûr, il faut
que l’ambiance soit au rendez-vous et que la synergie s’opère, au-delà
des égos.
Fin 2015, alors que nous étions réunis pour une série de conférence en Belgique, j’ai parlé d’un cas étonnant à mon ami Philippe Guillemant. Il s’agissait d’une RR3 s’étant déroulée en Italie, dans la banlieue de Sienne (Toscane) le 17 septembre 19785.
Pour
résumer les faits, le témoin alors âgé de 25 ans, rentrait chez lui en
voiture, venant de chez sa mère. C’était en début de soirée et la nuit
était tombée. Il passait par une route ancienne et étroite qu’il
connaissait bien, dans une zone mixte, à la fois rurale mais comportant
aussi des habitations. L’ambiance était étrange et la route
totalement vide. Soudain, la voiture a freiné d’elle-même puis s’est
immobilisée, en panne.
Vous devinez la suite : un petit objet en forme de soucoupe a fait son apparition et s’est posé à une vingtaine de mètres devant le véhicule, illuminant fortement les lieux. Deux petites entités en combinaison en sont sorties et ont lévité à dix centimètres du sol. Elles ont fait le tour de la voiture, sans jeter un regard au témoin pétrifié, avant de réintégrer l’objet.
Celui-ci
a décollé à la verticale, éraflant le mur en pierre sèches du côté
gauche (les enquêteurs italiens ont retrouvé les marques) puis a
disparu. L’observation n’a pas duré plus de trois minutes.
Le propre des RR3 et plus généralement des rencontres rapprochées,
c’est qu’au-delà de leur aspect fascinant, elles sont vectrices
d’informations. L’affaire en elle-même est assez classique, mais ce qui
va suivre l’est moins. Dès l’objet disparu, le moteur de la voiture s’est remis tout seul en marche,
sans intervention du conducteur, et celle-ci a commencé à rouler.
Crispé au volant, le témoin s’est évertué à reprendre le contrôle du
véhicule et y est finalement parvenu. Il est rentré chez lui, un
tantinet choqué, et son épouse lui a passé un beau savon en raison de
son inexplicable retard !
Ce
cas m’a toujours intéressé en raison de mes origines toscanes (je
connaissais bien les lieux) et pour d’autres raisons également. Il est
évident que cet homme n’a jamais compris ce qui lui était arrivé et
qu’il a eu du mal à supporter la montagne de quolibets qui s’est abattue
sur lui au fil du temps.
Une histoire cent fois entendue et hélas parfaitement connue des ufologues.
C’est
à cet exemple que l’on reconnaît la vertu du travail en
synchronisation. Le propre d’un physicien c’est qu’il réagit en fonction
de sa spécialité, et Philippe m’a immédiatement répondu :
- C’est simple la voiture ne s’est jamais arrêtée.
- Comment cela est-il possible ?
- C’est possible parce que derrière
ce que vous nommez «effet d’OZ» se trouve une dilatation temporelle au
niveau local, induite volontairement par le phénomène lui-même.
Ce mécanisme relève d’une manipulation avancée des lois de la physique
et constitue certainement le préalable indispensable à ce genre de
manifestations rapprochées.
Par la suite, j’ai effectué des recherches sur les cas de pannes de voitures avec les effets de redémarrages spontanés décrits plus haut. J’en ai trouvé immédiatement deux pour la France6 et il en existe certainement beaucoup d’autres, et plus encore dans le monde. Les pannes de voitures sont fréquentes dans les rencontres rapprochées et l’idée a circulé pendant des décennies qu’elles étaient la conséquence « des champs magnétiques ou micro-ondes » émis par l’ovni. Ce genre d’ineptie continue d’ailleurs à circuler alors que l’on sait depuis 1970 et les travaux de Claude Poher que ce n’est pas possible.
L’ingénieur
du CNES s’y était intéressé parce qu’il y voyait un angle
d’objectivation possible du sujet. Il déchanta rapidement à cause
d’impossibilités manifestes. Le champ magnétique décroit très rapidement
en fonction de la distance et l’intensité nécessaire pour produire un
tel effet grillerait littéralement les occupants de la voiture. Par
ailleurs, cela se retrouverait immédiatement sur le plan statistique
dans le rapport entre la voiture tombée en panne et sa distance à
l’objet. Dans cette logique, une apparition très rapprochée devrait
systématiquement immobiliser le véhicule et les dégâts humains seraient
très importants. Ce n’est évidemment pas le cas, malgré quelques sensations de chaleur parfois rapportées.
Mes propres travaux sur ce thème, qui datent de 1977-78, ont même
montré le contraire : plus l’éloignement augmente et plus la voiture
parait susceptible de tomber en panne, sous certaines conditions.
L’explication est donc tout autre, même si ces constats ne signifient nullement que l’ovni n’émet pas de champs magnétiques7.
De
son côté, Philippe Guillemant a continué de travailler sur un modèle
susceptible d’expliquer les mécanismes à l’œuvre. Ce modèle, je l’ai
révélé pour la première fois dans une «sur-introduction» écrite pour la
réédition de mon livre de 1979, «Les apparitions d’humanoïdes» (JMG, 2020). Philippe lui-même l’a produit dans un nouvel apport à «Ovnis et conscience» réédité en 20218.
Je le résume de nouveau, le plus simplement et le plus clairement possible. L’essentiel tient dans la capacité de l’intelligence ovni et de son hyper physique à produire localement une bulle quantique au niveau macroscopique. Scientifiquement, on considère actuellement que c’est impossible dans notre réalité propre. Curieusement, on sait théoriquement comment il faut faire, mais cela reste quand même impossible à cause de l’énergie nécessaire et surtout du seuil de décohérence.
Cela sera peut-être réalisable dans un futur indéterminé.
La procédure tient en deux temps :
- Il faut comprimer l’espace, ce qui a pour effet de dilater le temps. Il existe d’autres façons d’opérer mais nous ne les aborderons pas ici.
- Il faut ensuite impérativement contrôler le processus (le seuil) de décohérence, ce qui est sans doute la partie la plus difficile. Si ce n’est pas le cas, la bulle ne pourra pas se développer, ou la nature pourra à tout moment reprendre ses droits : la bulle disparaîtra instantanément en un millième de seconde au lieu de se résorber graduellement.
À ce stade, il faut revenir à quelques éléments de physique quantique. Au niveau de l’infiniment petit, l’espace-temps n’existe pas. Il s’agit d’un milieu cohérent, fluide, où diverses possibilités coexistent pour un même évènement en devenir. Ce sont les fameux «états superposés» qui nous entourent en permanence à notre insu.
Pour certaines raisons, parmi lesquelles la conscience joue un rôle, un
seul de ces états va passer le seuil naturel de la décohérence (le nom
est bien trouvé) et devenir réalité dans notre propre espace-temps. En
ce sens, la conscience joue le rôle d’amplificateur de l’indéterminisme
quantique.
C’est la raison d’une phrase célèbre du physicien David Bohm, qui peut à première vue sembler énigmatique : «je travaille sur la quantique depuis quarante ans, et tout
ce que je peux dire, c’est que ce que nous appelons « réalité » est
produit par une source située hors de l’espace et du temps».
L’apport de ce prodigieux esprit qu’était Erwin Schrödinger9 doit également être pris en considération. Sa
célèbre équation a permis de définir en termes de probabilités l’espace
où pouvait émerger une information quantique dans notre réalité10.
Tous nos ordinateurs et autres i-phones fonctionnent aujourd’hui sur la
base de cette équation, et une seconde vague de produits est en cours
de développement.
Revenons, à notre effet d’OZ, ou plutôt à cette bulle quantique générée par l’intelligence ovni. Elle a au préalable «éclairé» ou isolé une zone précise de l’espace-temps dans laquelle se trouve un ou des témoins. Selon Philippe, cet acte a pour effet immédiat de dilater le temps et de créer la bulle. Celle-ci commence alors à se propager, affectant les témoins et l’environnement. Cela correspond exactement à leurs ressentis (silence, sensation de se trouver hors du temps) et constats (la route se vide inexplicablement). La voiture peut effectivement s’arrêter car elle aussi est prise dans la dilation du temps.
Il arrive même que plusieurs véhicules soient concernés11 (Note LDLN : voir aussi N° 387-389 et 390 LDLN, observation en Corse). Dans la singularité quantique, la perception n’opère plus quant à la réalité ordinaire, et ceci vaut dans les deux sens.
Par exemple, si d’autres voitures passent sur la route, elles apparaissent comme des ombres très fugaces et à peine perceptibles.
Mais le plus incroyable se situe avant que l’objet apparaisse et devienne visible aux yeux des témoins potentiels : l’intelligence
ovni «voit» les états superposés, c’est-à-dire les différentes
occurrences qui peuvent s’incarner dans l’évènement12. C’est le point capital et central, de toute cette affaire.
Dès
que l’intelligence fait l’acquisition d’une ligne, d’une situation
donnée -celle qui l’arrange naturellement et lui assure l’impunité
totale en sortie de manifestation- l’objet apparait, «il se densifie» dit Philippe Guillemant.
Autrement dit, l’ovni s’inscrit dans une
séquence totalement déterminée à l’avance parce que choisie par lui. Il
n’y aura en principe ni photos, ni arrivée d’un tiers, ni accident
grave, ni le moindre grain de sable imprévu susceptible de perturber la
séquence. Une autre manière de l’exprimer est de dire que cette intelligence dispose d’informations en post-événementiel, elle voit le futur (de l’évènement) dans la bulle, comme un film immuable dans lequel elle s’incarne.
Quand la bulle se résorbe, le retour à la normale se fait sans heurts et le raccord avec notre réalité classique reste invisible. L’élusivité est la garantie du déni des sociétés. C’est la situation que nous constatons depuis de décennies.
Le schéma ci-dessous résume ce qui se passe selon ce modèle
Si Philippe a raison, nous tenons là un début d’explication sur le mécanisme qui nous abuse depuis plus d’un siècle : l’impunité absolue de l’ovni, cœur de l’élusivité.
Depuis
Aimé Michel et Bertrand Méheust (entre 1975 et 1980) peu d’ufologues
ont pris ce problème en compte ; sans doute était-il trop visible13 par ses effets et trop peu pensable ontologiquement.
Les
témoins eux-mêmes n’ont jamais rien soupçonné. C’est impossible sur une
seule séquence et il faut passer par la lecture minutieuse de plusieurs
centaines de cas. Même à ce stade, on se heurte à la difficulté du
langage en regard de l’indicible : l’absence de mots pour le dire. En
revanche, certains témoins ont suspecté l’intentionnalité par une forme d’intuition.
Celle-ci est globalement décelable, comme l’élusivité, sur des centaines de cas. Il suffit de se concentrer sur «la manière dont ça commence».
Les
grands enquêteurs eux, s’étaient aperçus de quelque chose. Il en existe
encore quelques-uns, du calibre d’un Jean-Marie Bigorne ou d’un Joël
Mesnard, et d’autres suivent cette voie, comme Jean-Marc Gillot ou Bruno
Botta14. J’ai connu des personnalités qui avaient à leur
actif 500 enquêtes ! Eux aussi manquaient de «mots pour le dire», si
bien qu’ils le disaient à leur manière : Ce phénomène évolue décidément à la marge, c’est un manque de chance, quelque chose nous échappe ; etc. Mais la chance ou le hasard n’ont rien à voir dans cette affaire.
Par
nature et pour nombre de raisons, j’ai tendance à me méfier des grands
modèles et autres hypothèses ou théories, qui pour la plupart ne sont
que des productions humaines (anthropocentriques) non dépourvues
d’idéologies. L’expérience montre qu’elles apparaissent et
s’évanouissent, ou se transforment en doxas intransigeantes, ce qui est
encore plus dommageable. Cependant, je fais une exception pour le modèle
de Philippe Guillemant.
Naturellement, il pourrait s’agir d’une simple aporie15, ce qui est le risque majeur dans ce genre d’exercice. Mais ce modèle pourrait aussi s’avérer le meilleur outil actuellement disponible pour progresser dans la compréhension de la phénoménologie ovni. Deux arguments en ce sens peuvent être formulés.
Le premier est qu’il est issu d’éléments parfaitement rationnels, connus et vérifiés en physique quantique. Il s’agit bien sûr d’une projection, d’une construction bâtie à partir de ces éléments en relation avec les récits émanant de la matière ufologique. Tous les physiciens, y compris quantiques, ne seront sans doute pas d’accord avec ce genre de démarche, mais il faut leur laisser ce débat.
Le second concerne justement l’ufologie et l’information issue de l’interface humaine. A ce niveau, le constat devient saisissant : absolument tout ce qui remonte du terrain correspond au modèle de Philippe, et c’est une dialectique qui joue dans les deux sens : certaines choses à priori incompréhensibles trouvent tout naturellement leur sens. C’est l’illustration d’un théorème bien connu et mille fois vérifié «le cognitif (la connaissance) modifie la perception». Cela se remarque immédiatement en regard des caractéristiques du phénomène ovni ; ce que dans mon jargon j’appelle «les bases». Cette dernière partie m’oblige à une digression pour préciser de quoi il s’agit.
Quand on travaille en profondeur sur l’information et que l’on compare des centaines de cas, on finit par s’apercevoir que, derrière ce qu’Aimé Michel nommait «le carnaval de l’absurde», émerge l’étrange sensation de toujours lire la même chose. Comment cela se peut-il ?
Cela se peut parce que le fond émerge dans la forme sous l’aspect de caractéristiques récurrentes. C’est ce que l’on nomme en statistique : des «invariants».
Une caractéristique se définit donc par son taux de récurrence pour l’ensemble des observations, sans exceptions. Ce taux varie de 60% à plus de 99%. En dessous, cela reste une anomalie (certaines anomalies représentent 0,1%). D’une manière amusante, on pourrait dire qu’une caractéristique est une anomalie qui a réussi.
On en distingue huit, que l’on peut imaginer sous la forme d’une chaine à huit boucles étroitement liées ensemble et parfaitement cohérentes (leur
synergie est très forte). On peut nommer cette chaine de diverses façons : structure fondamentale, canevas, pattern (en Anglais), matrice, etc.
Peu importe…
Cette
structure possède en outre certaines particularités sur lesquelles je
ne disserterai pas ici car cela nous entrainerai trop loin. Mais c’est
le fond qui produit pourtant cette forme que nous appelons « phénomène
ovni ». Sans doute faut-il toujours se rappeler cette phrase de Joël
Mesnard : « De ce phénomène, nous ne voyons que des apparences ».
En
confrontant ces huit caractéristiques au modèle, on s’aperçoit que ce
dernier jette un éclairage particulier sur six des huit
caractéristiques, ce qui est une performance tout à fait remarquable :
- Les comportements physiques hors normes et semblant faire abstraction de la gravité. Dans une bulle quantique, et selon divers travaux16 la gravité pourrait être fortement atténuée et permettre à l’ovni les évolutions constatées. Il en va de même pour les entités, fréquemment en lévitation.
- Les effets lumineux parfois très impressionnants. La bulle quantique offre une situation propice à ce genre de fantasmagories fréquemment rapportées et qui seraient plus difficilement réalisables dans notre réalité propre.
- Les effets conscientiels. Ils s’expliquent idéalement par la situation particulière dans une bulle quantique où la conscience règne en maître. Des phénomènes d’intrications psychiques17 sous toutes les formes, y compris acausales (effets PSI) pourraient y proliférer, et même persister dans notre réalité. C’est bien ce que l’on observe.
- Les déformations temporelles ; inutile d’insister.
- L’intentionnalité. Elle est connue depuis les années 1975 et se pose comme une évidence pour les observations rapprochées. Le travail sur l’information et les centaines de cas en apportent la confirmation : les RR ne se produisent pas au hasard et l’intelligence ovni est capable de sélectionner le lieu et la situation. Elle est même capable de beaucoup plus, mais c’est un autre sujet…
- L’élusivité
reste la partie absolument centrale car elle concerne la plus puissante
caractéristique du phénomène, à l’origine du faible effet causal qui,
historiquement, en découle. Le protocole décrit dans le modèle est le
premier à apporter une explication rationnelle à ce qui apparait comme
un détournement des lois de la nature, notamment du principe de
causalité.
Si l’on commente cette liste, deux réflexions surgissent spontanément.
La première renvoie comme souvent à la parole d’Aimé Michel. Ce n’est certes pas un hasard s’il a donné la meilleure définition existante de ce qu’est le phénomène ovni :
«Nous sommes face à une hyper physique qui se manifeste ponctuellement dans notre environnement». Pourquoi n’a-t-il pas employé le concept «d’hyper technologie», terme qui faisait déjà partie des obsessions de l’époque ? Ce point doit être médité.
Une indication nous est donnée par la parole de Michel Picard18 :
«L’Anthropocentrisme est le pire ennemi de la pensée en ufologie». J’ajouterai à titre personnel : un ennemi mortel…
La
seconde s’inscrit dans une évolution de l’histoire des idées en
ufologie. Comme nous l’avons vu, le modèle de Philippe Guillemant cadre
de manière étonnante avec ce que les témoins relatent de leurs
expériences. Il projette également un éclairage saisissant sur six des
huit caractéristiques fondamentales de la matrice. Ce qui nous porte à
déplacer immédiatement la focale sur les deux manquantes, lesquelles
sont très fortement liées entre elles, ainsi qu’avec la dimension
conscientielle :
- La dimension protéiforme, c’est-à-dire l’extraordinaire capacité créative de cette intelligence, qui n’est pas sans évoquer le surréalisme19.
- La dimension spéculaire (specchio : miroir en italien) que beaucoup d’ufologues ont repéré au fil du temps, mais sur laquelle vous ne trouverez guère d’informations20.
Ces trois dimensions forment ainsi un triangle qui recèle des indications capitales.
Ce qu’il faut noter au sujet du modèle de Philippe, c’est qu’il explique bien des choses, mais pas tout. Il ne nous renseigne pas sur l’origine de cette intelligence, ni sur la manière dont elle vient si facilement vers nous21, et encore moins sur l’objectif qu’elle vise22. Si l’expérience venait à le confirmer, il constituerait enfin une première brèche dans «le mur de l’impensable».
C’est une histoire passionnante et qui remonte à loin ; à près de cinquante ans, quand une certaine ufologie française découvrit les caractéristiques fondamentales du phénomène ovni, notamment la dimension conscientielle, l’intentionnalité et l’élusivité.
À ce moment, les chercheurs les plus lucides eurent la confirmation de ce qu’ils soupçonnaient depuis longtemps : l’obsolescence totale de l’HET 1
dite « tôles et boulons »23 par analogie à nos propres voitures, avions, et capsules spatiales.
C’est de là qu’émergea la nécessité vitale de construire une HET 2.
L’idée
de départ était d’intégrer la complexité issue de l’hyper physique ovni
et de limiter, dans la mesure du possible, les projections
anthropocentriques. À priori, cela relevait d’un défi très incertain
mais c’est pourtant ce mouvement qui commence à devenir visible, au
grand dam de certains, et qui repose principalement sur une idée de mise
en commun des compétences et de priorité à la recherche et à la
réflexion.
Il est temps de conclure ce texte, et la tradition veut qu’une conclusion porte une ouverture sous forme de problématiques.
Je me plie volontiers à ce rituel en posant les questions suivantes :
Quel est le taux de récurrence de l’effet d’OZ dans les apparitions rapprochées ?
Nous ne le savons pas car nous manquons cruellement d’études sur le sujet. Les chercheurs s’accordent généralement sur un chiffre de 20% mais rien ne permet de le valider. Cela pourrait être beaucoup plus.
Une autre question tout aussi importante est : À quel moment de l’histoire apparait-il ?
Les quelques exemples français évoqués appartiennent à la décennie 1970-1980, mais il est probable que le mécanisme existait bien avant, taant il parait consubstantiel à la phénoménologie ovni. De fait, j’ai retrouvé un récit, celui de la Ferté St Aubin (Loiret, 45) qui remonte au mois d’août 193124. Une recherche mondiale permettrait certainement de corroborer cette impression.
Dans le cas contraire, il faudrait examiner d’autres options. L’intelligence ovni pourrait par exemple injecter de la complexité au fil du temps, ou bien ne pas utiliser systématiquement ce genre de protocole. C’est une possibilité, mais personnellement, je reste sur la première option. Le phénomène a parfaitement pu passer inaperçu dans le contexte rural des origines : peu de voitures, peu de montres, pas de champs sémantiques disponible.
Le silence…
Finalement, d’un point de vue métaphorique, l’ovni n’est jamais qu’un miroir qui nous renvoie à notre statut. Albert Camus disait : «Un miroir renseigne mais n’enseigne pas».
Il renseigne parce qu’il reflète notre propre situation, pour peu que l’on veuille bien l’accepter, mais il n’enseigne pas pour une raison simple : un miroir reflète tout sauf lui-même.
Ainsi, l’ovni ne fait que nous renvoyer à notre statut archaïque. Pour beaucoup de personnes et surtout pour les systèmes, c’est intolérable.
Mais c’est aussi tout l’intérêt d’une ufologie populaire et de la notion de recherche qui lui est liée…
E. zurcher/2022
NOTES :
1 La relation avec le miroir cher à Lewis Carroll et son idée d’accéder à une autre réalité en parvenant à le traverser parait évidente. Ce thème possède de surcroit une forme d’analogie subtile avec l’ufologie.
2 Joël Mesnard, Les apparitions ovnis, le Mercure Dauphinois, 2016.
3 Les rencontres rapprochées représentent environ 13% de toutes les apparitions d’ovnis.
4 Sauf pour ceux qui considèrent (en général les « scientistes », au sens du XIXe siècle) qu’il n’y a plus rien à découvrir des réalités de l’univers ; dans ce cas, effectivement, il n’y a pas d’hyper physique, l’univers ne recèle plus de pans entiers d’inconnu, c’est-à-dire de métaphysique au sens étymologique (méta en Grec : au-delà de…) et il ne reste plus que les lubies technologiques pour alimenter le Dieu Progrès…
5 Voir E. Zurcher : « Les apparitions mondiales d’humanoïdes », JMG 2018, p 141. Pendant l’année 1978, l’Italie a enregistré une forte vague d’apparitions d’ovnis.
6 Les cas de Saliceto (Corse) le 21.07.73 et celui de Sissone (Aisne) en octobre 1976 : J. Mesnard, «Les apparitions d’ovnis», éditions le Mercure Dauphinois, 2016, pp 257-270.
7 D’où les détecteurs de champs magnétiques, très à la mode dans le milieu ufologique au cours de la décennie 1970-80.
8 Ovni et conscience, réédition JMG 2021, pp 319 et suivantes.
9 Erwin Schrödinger (1887-1961), prix Nobel 1933, est aussi l’inventeur de la célèbre expérience « du chat vivant et mort » qui est un exemple de l’indéterminisme quantique et du rôle des états superposés.
10 « Ce petit Einstein ! Sa formule E=MC2 n’est rien à côté de la mienne » disait en riant aux éclats Erwin Schrödinger ! Les grands esprits aussi sont souvent de grands enfants…
11 Par exemple comme dans le cas de Castelfranco Veneto (Trevise – Italie du Nord) survenu en septembre 1976. E.Z, op cit, pp 126-128.
12 Philippe a pour cela une formule bien à lui : « Le temps devient de l’espace… »
13 Souvent, on ne voit pas ce que l’on a sous le nez ; d’autres se complaisent dans le biais cognitif, généralement pour des raisons idéologiques (Doxa).
14 Jean-Marc Gillot est à l’origine de la plus belle contre-enquête (plus de 150 pages et des années d’investigations minutieuses) jamais effectuée en France. Elle a porté sur le cas de Cussac (Cantal) en août 1967. Bruno (Botta) et Anne effectuent des enquêtes partout sur le territoire, avec sérieux et professionnalisme.
15 Une Aporie est une voie sans issue dans une démarche intellectuelle. C’est un terme qui provient du champ sémantique propre à la philosophie, mais que l’on retrouve aussi parfois en Épistémologie.
16 Par exemple selon les travaux du physicien Erik Verlinde, « La gravité entropique » pourrait être un phénomène émergent lié à l’espace-temps. On peut noter l’existence de quelques cas où les témoins auraient rapporté un sentiment de diminution de la gravité, y compris pour les voitures, mais une poignée de cas ne suffit pas à acquérir une certitude.
17
Selon mes propres calculs, un peu plus de 20% des RR3 font l’objet de
diverses formes d’intrications psychiques. Cependant, le rapport Beyond-Ufos (au-delà
des ovnis) qui s’appuie sur 3256 cas et un outillage statistique
performant, évoque entre 60% et 80% de l’échantillonnage (en majorité
des phénomènes PSI). Si cette tendance est exacte, elle confirme la
dimension conscientielle dans le phénomène ovni et souligne la
discordance irrémédiable avec l’actuel paradigme matérialiste.
18 M. Picard : Les ovnis, laboratoire du futur. Éditions JMG, 2002.
19 De ce point de vue, il n’est pas étonnant que Michel Carrouges, un des plus grands spécialistes mondiaux d’André Breton et du surréalisme, ait publié en 1963 « Les apparitions de Martiens », (Éditions Fayard).
20 Une de ses principales déclinaisons, le mimétisme, la rend très dangereuse à plusieurs niveaux, d’abord pour les doxas bien établies -d’où le biais cognitif généralisé- et ensuite parce qu’elle est immédiatement récupérée par les sceptiques en tant qu’argument-clé.
21 Philippe Guillemant pense que ces entités voyagent hors espace-temps, dans une forme de vide quantique, mais on peut également s’interroger sur les potentialités liées aux trous de vers.
22 À partir du moment où il a intentionnalité -voilée ou pas- on est en droit de subodorer un objectif, sauf à penser que «Les dieux s’amusent», selon la formule chère à l’Antiquité.
23 Théorie totalement anthropocentrique, scientiste au sens matérialiste et dogmatique, mais matinée vu le sujet par des références liée à la science-fiction. Elle est obsolète dès le départ, à notre insu bien entendu. Nous rappellerons, si besoin en était, que les ovnis ne viennent pas de Mars (1950) ni de Titan et Ganymède (1975) et pas plus de «l’espace profond» aujourd’hui. L’ovni est bien matériel puisqu’il laisse des traces, mais il peut changer de forme (des cas existent depuis les années cinquante) voir faire du «morphing» devant des témoins éberlués. Nous n’insisterons pas sur la liste désespérante des inepties véhiculées par ce discours tenu depuis 80 ans. L’incapacité à penser l’ovni et le manque de travail en sont la cause.
La conséquence en tant que compensation inévitable se nomme anthropocentrisme, dont l’autre nom est la «technologie» terrestre mise à toutes les sauces. Tout le monde aura compris mon sentiment à ce sujet.
24
Cas de la Ferté Saint Aubin : Enquête de Joël Mesnard, G. Deforge et F.
Schaefer : LDLN 387, 09.2017 / Cat A. Rosales, n°15 – 1931. (Voir
l’annexe ci-dessous).
ANNEXE
Août 1931, La Ferté-Saint-Aubin (Loiret). Un témoin – 21h00
Alfred,
le jeune témoin, était résident d’un orphelinat et avait pour mission
de mener les vaches et les chèvres des champs à la ferme. Vers 21h, il
entreprit de compter les animaux avant de les ramener. Le chien de
troupeau était présent, le jour tombait et tout était devenu silencieux,
même les oiseaux. Il se sentit soudain dans un état second. L’air
semblait animé d’une vibration et il remarqua, outre une chaleur
anormale, que l’herbe aux alentours se courbait ou se vrillait, comme si
elle subissait un vent très fort. Il finit par s’assoir dans l’herbe et
c’est à ce moment qu’il aperçut une masse sombre au milieu des arbres.
Il s’agissait d’un objet de forme discoïdale qui apparaissait comme
plongé dans une sorte de déformation légère due à la vibration de l’air.
Au
bout d’un moment, l’engin s’éleva verticalement et le témoin constata
que les arbres environnants se tordaient, comme sous l’effet d’une
tornade. Il vit également plusieurs « petits nuages » s’élever en
suivant l’appareil.
Plus
tard, il se rendit sur place et découvrit trois cuvettes de 80
centimètres de diamètre qui formaient un triangle parfaitement
équidistant. Ce triangle s’inscrivait dans une surface circulaire de 8 à
10 mètres de diamètre.
Durant
le phénomène, il n’avait pas vu d’animaux mais il ne tarda pas à
découvrir quelques vaches éparpillées aux alentours et qui paraissaient
comme « frigorifiées ». Les autres s’étaient réfugiés dans le bois. Avec
difficulté, Alfred parvint dans la nuit tombée à regrouper le troupeau
et à le ramener vers la ferme.
Quelle
ne fut pas sa surprise quand il entendit l’horloge sonner minuit. Il
était confus et ne comprenait pas comment la perception de l’heure avait
pu lui échapper à ce point.
Cette particularité, incompréhensible pour lui, continua à le perturber pendant deux mois.
Le lendemain de l’observation, il s’aperçut également que les deux meilleures vaches du lot ne donnaient plus de lait.
Enquête J. Mesnard, G. Deforge et F. Schaefer : LDLN 387, 09.2017 / Cat A. Rosales, n° 15 – 1931.
Une réflexion de E. ZURCHER
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