Depuis le 21 avril, les médias mainstream occidentaux s’émeuvent sur la découverte d’un charnier à Khan Younès dans la bande de Gaza. Pour les lecteurs du Courrier des Stratèges, une information terrifiante de ce type sur la guerre menée par Israël contre les civils de Gaza n’a rien de nouveau, malheureusement. En revanche, l’émoi occidental témoigne de la défiance croissante qu’Israël rencontre chez ses alliés. La défaite du gouvernement militaire israélien n’est pas seulement militaire: elle se produit aussi dans le domaine de la propagande, où les gouvernements israéliens successifs avaient excellé depuis la destruction par Sharon et Netanyahu des accords d’Oslo.
La découverte, samedi 20 avril, d’un charnier à proximité des ruines de l’hôpital Nasser, le samedi 20 avril (photo AFP)
Depuis hier, on lit un flot d’articles dans les médias subventionnés par l’establishment occidental.
GAZA – Un nouveau charnier. Environ 200 corps ont été exhumés ces trois derniers jours de fosses communes à l’intérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younès, a annoncé ce lundi 22 avril la défense civile de la bande de Gaza l’AFP. Les victimes ont été tuées et enterrées par les forces israéliennes.
« Nos équipes continuent de retrouver des corps dans l’enceinte du Complexe médical Nasser et depuis samedi les corps d’environ 200 martyrs ont été exhumés », a déclaré Mahmoud Bassal, un porte-parole de la Défense civile. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas réagi dans l’immédiat. Huffington Post, 23 avril 2024
Les massacres de civils commis par l’armée israélienne à Gaza deviennent un sujet mainstream. Jusqu’à présent, malgré 34 000 morts et 10 000 disparus, seul l’assassinat d’Occidentaux par Tsahal avaient fait bouger nos médias bien douillettement établis dans la subvention publique et les marchés captifs:
L’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) s’est récemment fait connaître via l’opération montée avec Open Arms, navire de sauvetage en Méditerranée qui a récemment livré 200 tonnes de vivres sur les côtes de Gaza face à une situation humanitaire insoutenable. Cette ONG, qui est l’une des dernières organisations à fournir de l’aide alimentaire sur place, se dit aujourd’hui « dévastée », par la mort de sept de ses employés dans une frappe israélienne. Mardi 2 avril, elle a immédiatement annoncé « suspendre ses opérations dans la région ».
Parmi les victimes, deux Américains, un Australien, un Canadien, un Polonais, un Britannique et un Palestinien. L’équipe était répartie à bord de deux voitures blindées et d’un autre véhicule estampillé du logo de l’association fondée par le célèbre chef américano-espagnol José Andrés (lire les repères). Ils circulaient en zone démilitarisée. « Nous avons été bombardés alors que nous quittions un entrepôt à Deir Al-Balah (centre), malgré la coordination du mouvement avec l’armée israélienne », détaille l’ONG. La Croix, 2 avril 2024
Ce n’est pas le premier charnier exhumé à Gaza
Il ne s’agit pas du premier charnier découvert dans un hôpital de la bande de Gaza.
Cette découverte fait suite à une autre découverte au début du mois dans le complexe médical al-Chifa, dans la ville de Gaza, qui était autrefois le plus grand hôpital de Gaza, resté en ruines après deux semaines d’assaut des forces israéliennes fin mars.
Plusieurs corps ont été retrouvés lundi dans la cour de l’hôpital, dont au moins une personne en sous-vêtements qui semble avoir été « exécutée récemment », selon un journaliste arabe d’Al Jazeera présent sur les lieux. (…)
Après le retrait des forces israéliennes de l’hôpital le 1er avril, une fois détruite la majeure partie du complexe médical, des équipes de plusieurs ministères gouvernementaux ont été déployées à al-Chifa pour évacuer et identifier les corps.
Les recherches ont été lancées après les récits de survivants qui témoignaient de l’exécution sommaire de Palestiniens par les forces israéliennes lors du raid.
Les responsables militaires israéliens ont déclaré que leurs forces avaient tué 200 personnes et en avaient arrêté 900 au cours de l’assaut de quinze jours contre l’hôpital. La Défense civile de Gaza a déclaré qu’environ 300 personnes avaient été tuées.
L’armée a affirmé avoir mené son raid sans blesser les civils ni le personnel médical. Les organisations médicales et les témoins oculaires ont fermement démenti. middleeasteye.net, 24 avril 2024
Israël perd la bataille de l’opinion
Il aura fallu 200 jours de guerre pour que le narratif unilatéralement pro-israélien se fissure. Il faut dire que la machine de propagande pouvait s’appuyer sur une propagande bien huilée.
Jusqu’aux années 1980, le narratif pro-palestinien l’emportait dans la bien-pensance progressiste occidentale. Après l’espoir déçu des accords d’Oslo, dans les années 1990, les Israéliens ont imposé avec maestria un narratif qui faisait partie du grand récit “néo-conservateur”. Le récit officiel des événements du 7 octobre, magistralement déconstruit par Max Blumenthal sur The Grayzone, a été le dernier succès israélien.
C’est ce récit qui est en train de se fissurer du fait de la diffusion, sur les réseaux sociaux, depuis six mois, des massacres de civils à Gaza. En fait, Tel-Aviv perd la bataille de l’opinion parce que la gauche américaine fait exploser le narratif néo-conservateur. Le parti Démocrate subit une hémorragie des intentions de vote du fait de la politique américaine de soutien aux bombardements de Gaza.
Actuellement, la bataille des narratifs se déroule sur les campus américains. Malgré les pressions exercées sur les présidents d’universités, les accusations d’antisémitisme et la répression exercée sur les manifestations, les étudiants continuent à défendre les civils de Gaza. Vu par france 24, cela donne ceci:
La guerre à Gaza perturbe de nouveau les campus américains. Dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril, 120 personnes ont été interpellées devant des locaux de la prestigieuse Université de New York (NYU) après des manifestations étudiantes propalestiniennes, selon un bilan revu à la baisse de la police.
Elles ont été relâchées, a affirmé à l’AFP un porte-parole de la NYPD, la police new-yorkaise. Parmi elles figurent des étudiants et des enseignants à NYU, selon des témoignages sur les réseaux sociaux.
Mais le vif débat, et la colère, sont loin de retomber. De nombreuses universités américaines parmi les plus connues se sont retrouvées au cœur de l’actualité avec la guerre à Gaza, déclenchée il y a presque sept mois par une attaque du Hamas en Israël.
Accusées de ne pas faire assez contre l’antisémitisme, deux présidentes d’universités, dont celle de Harvard, ont dû démissionner il y a quelques mois. (…)
Une association de professeurs de NYU a vivement dénoncé la décision “capricieuse et injustifiée” de l’université d’appeler les forces de l’ordre à la rescousse, affirmant en outre n’avoir observé aucun comportement antisémite.
“Personne sur la place n’a été, à aucun moment, violent ou antisémite, que ce soit en paroles ou en gestes”, a déclaré l’Association américaine des professeurs d’université. “La manifestation était certes bruyante mais elle était maîtrisée. Et le but même des protestations est de perturber le quotidien pour que les problèmes ne puissent pas être ignorés”, a-t-elle poursuivi.
Un manifestant cité par la chaîne CBS a expliqué vouloir “que notre université reconnaisse qu’un génocide est en cours et qu’il y a des étudiants palestiniens qui méritent d’être entendus”. France 24, 22.04.2024
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/04/24/charniers-de-gaza-lopinion-occidentale-decouvre-les-massacres-de-civils-palestiniens/?
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