07 mars 2024

Ukraine : La lenteur de l’action – Nouvelles bombes – Appel à des pourparlers

Stephen Bryan poursuit ses précieux résumés de la situation en Ukraine :

Un certain nombre de contre-attaques menées par les Ukrainiens, dans certains cas avec des forces de réserve, ont eu lieu le long de la ligne de contact. Bien que les rapports ne soient pas encore complets, il semble que toutes les tentatives ukrainiennes pour faire reculer les Russes aient échoué, à l’exception peut-être de Robotyne.

Entre-temps, les Russes ont pris ou prendront bientôt un certain nombre de villages, dont Ivaniska, Bilohorivka, Berdichev, Pobjeda et Novomikhailovka.

Depuis le 28 février, les Russes ont détruit trois chars Abrams. Le plus récent a été détruit le 4 mars par un missile antichar, probablement un Kornet russe. Les deux premiers Abrams ont été touchés par des drones russes bon marché équipés d’ogives RPG-7.

Les forces russes poursuivent leur lente progression sur l’ensemble du front. Les pertes ukrainiennes augmentent. Au cours des deux dernières semaines, le nombre quotidien de tués et de blessés a, le plus souvent, dépassé le millier.

La lenteur des opérations et l’absence de grands mouvements de flèche sont des modes opératoires soigneusement calculés. Comme l’a fait remarquer un observateur :

Plus cette [lenteur] se prolonge, plus il y a de chances que les Européens fassent quelque chose de stupide. Ou vos néoconservateurs. Nous sommes déjà directement responsables du bombardement d’une centrale nucléaire et ce n’est que Shoigu téléphonant à différents ministres des affaires étrangères qui a empêché les Ukrainiens de s’amuser avec des bombes sales.

C’est donc une question d’équilibre. Si les Russes agissent trop vite, ils risquent d’énerver les psychopathes de Washington et de Berlin/Bruxelles/Westminster. Trop lents, ils donnent aux psychopathes plus de possibilités de faire des sales coups. Il ne reste plus qu’à espérer que les Russes parviennent à un juste équilibre.

Le rapport publié aujourd’hui par le ministère russe de la défense fait état d’une cible aérienne inhabituelle :

Au cours des dernières 24 heures, les unités de défense aérienne ont abattu neuf projectiles MLRS HIMARS de fabrication américaine et une bombe aérienne guidée AASM Hammer de fabrication française.

C’est la première fois qu’une bombe AASM Hammer est mentionnée dans ces rapports. Il s’agit de bombes planantes assistées par fusée de la classe des 250 kilogrammes, avec une portée de plus de 70 kilomètres au-delà du point de largage. La France avait promis d’en livrer 50 par mois. À ma connaissance, aucun rapport n’indique que les avions à réaction de l’armée de l’air ukrainienne de l’ère soviétique ont été adaptés pour larguer ces bombes. Mais les autres vecteurs potentiels sont bien connus :

Le Rafale est actuellement le principal utilisateur d’AASM, mais des essais de lancement ont également été effectués par le F-16, le Mirage 2000 et le Mirage F1, qui était en outre équipé de Hasas (Hammer Stand Alone System). En outre, l’Inde a l’intention d’acheter ces bombes en 2020 pour les intégrer au Tejas.

Le fait que les défenses aériennes russes aient abattu un AASM Hammer pourrait bien signifier que les F-16 annoncés depuis longtemps sont maintenant dans les airs en Ukraine. Si tel est le cas, les forces aériennes russes ne tarderont pas à annoncer que le premier F-16 a été abattu.

Les quelques bombes françaises ne serviront à rien. La Russie peut lancer des centaines de ses propres bombes par jour à partir des nombreuses plateformes qu’elle utilise. L’Ukraine est limitée par le petit nombre de véhicules de largages dont elle dispose et par leur exposition aux contre-attaques.

Sur le terrain, le seul endroit qui compte, les lignes ukrainiennes s’affaiblissent de jour en jour. Comme le remarque Bryen :

L’Ukraine a contre-attaqué les Russes au lieu de se replier sur de nouvelles lignes de défense pour la simple raison qu’il n’y avait pas de fortifications préparées à l’avance pour leur armée, alors qu’elles étaient censées avoir été construites. Cette situation a suscité une vive controverse et il semblerait que l’argent nécessaire à la construction des fortifications ait été détourné (volé). La corruption en Ukraine est endémique et, malgré certains efforts pour l’enrayer, elle ne cesse de croître.

À mesure que la situation de l’Ukraine se détériore, les plans d’enrichissement rapide et de fuite se multiplient.

Un récent reportage de CNN met également l’accent sur ce problème. De nouvelles lignes de défense sont budgétisées et annoncées. Mais des mois plus tard, les soldats remarquent que ces lignes ne sont que des lignes sur une carte et qu’aucune pierre n’a été déplacée pour les créer.

Il devrait maintenant être évident pour tout le monde que l’Ukraine a perdu la guerre et que la Russie est en train de la gagner. Les récents mouvements de panique de plusieurs dirigeants européens tendent vers cette conclusion.

Les esprits plus sages reconnaissent les faits et appellent à des pourparlers :

Comment ouvrir la voie à la diplomatie pour mettre fin à la guerre en UkraineCharap, Shapiro / Foreign Affairs, 5 Mars 2024

En l’absence de dialogue, il est pratiquement impossible de discerner les intentions d’un adversaire. Il est donc nécessaire d’ouvrir des canaux de communication afin d’être en mesure de profiter de l’opportunité de poursuivre la paix lorsque celle-ci se présentera.

Or, la méfiance mutuelle entre belligérants est une caractéristique de toutes les guerres, et donc de toutes les négociations qui ont mis fin à ces guerres. Si la confiance était une condition préalable à la communication, les belligérants ne commenceraient jamais à se parler. Les parties peuvent et doivent commencer à se parler malgré leur méfiance mutuelle.

Il ne sera pas facile de s’asseoir à la table des négociations, mais l’alternative est une guerre interminable et épuisante dont aucune des parties ne prétend vouloir et que les deux parties perdront en continuant à se battre.

J’imagine mal l’actuelle administration américaine s’engager dans des pourparlers avec Moscou. Elle est déjà en pleine campagne électorale et toute fuite concernant des discussions avec Moscou détruirait sa stratégie anti-russe. Étant donné que les États-Unis laissent à l’Europe le soin de payer la facture de la mésaventure en Ukraine, il serait certainement utile que certains négociateurs européens interviennent.

Malheureusement, je ne vois aucun dirigeant européen susceptible de vouloir ou de pouvoir le faire.

Moon of Alabama

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