Près de 50.000 cas humains de peste ont été déclarés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 1990 et 2020 par 26 pays d’Afrique, Asie et Amérique. L’Afrique subsaharienne est actuellement la partie du monde la plus touchée, avec la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et surtout Madagascar qui est le pays qui recense le plus de cas humains de peste au monde (entre 250 et 500 cas par an).
En Asie, les foyers les plus actifs sont en Chine. En 2020, des cas ont été recensés également en Mongolie. Sur le continent américain, le principal foyer se trouve au Pérou mais les Etats-Unis ne sont pas épargnés : des cas autochtones de peste humaine sont rapportés chaque année sur la côte ouest dans ce pays. Aucun cas de peste n’a été signalé récemment en Océanie ou en Europe. En France, les derniers cas survenus datent de 1945 en Corse.Une des caractéristiques des épidémies de peste est leur capacité à "s’éteindre" pendant plusieurs années avant de réapparaître brutalement sous forme épidémique. En Inde, une épidémie de peste pulmonaire a éclaté en 1994, alors que l’on croyait la maladie éradiquée depuis presque 30 ans. Presque simultanément, des cas de peste bubonique (128 cas) ont été enregistrés au Mozambique après plus de 15 ans de silence, et se sont propagés au Zimbabwe et au Malawi tout proches. Presque au même moment, une épidémie est survenue au Pérou (1031 cas en 1993-1994). Malgré leur apparition rapprochée, il n’existe probablement pas de lien épidémiologique entre les épidémies asiatiques, américaines et africaines. En 1997, des cas humains de peste sont survenus en Jordanie après 80 années de silence. La peste est également réapparue en Algérie, dans la région d’Oran en 2003, après une période de silence inter-épidémique de 50 ans. Une épidémie de peste pulmonaire a de plus éclaté dans une mine de diamants en République Démocratique du Congo en Décembre 2004 et une épidémie de grande ampleur s’est à nouveau produite dans ce pays en 2006.
Des cas humains de peste sont survenus en Afghanistan en 2007 où aucun cas n’avait jamais été rapporté. Plus récemment, la peste est réapparue en Libye en 2009 après 25 ans de silence, au Kirghizistan et en Russie en 2013 après 30 et 34 ans d’absence, respectivement. De même, une flambée de peste s’est déclarée en 2016 à Madagascar au sud-est du pays, où aucun cas de peste n’avait été signalé depuis 1950 et en dehors de la zone d’endémie connue dans ce pays. En 2017, une importante épidémie de peste pulmonaire à Madagascar a touché un nombre très important de régions, incluant les agglomérations urbaines d'Antananarivo et Toamasina.
Aspects cliniques
Chez l’homme, la maladie revêt deux formes principales: bubonique (contractée par piqûre de puce) et pulmonaire (transmise par voie aérienne). La peste bubonique, forme clinique la plus fréquente, est caractérisée, après une incubation de quelques jours, par un syndrome infectieux très sévère (forte fièvre, atteinte profonde de l’état général), accompagné d’une hypertrophie du ganglion lymphatique (bubon) drainant le territoire de piqûre de la puce. Dans 20 à 40% des cas, le bubon suppure et le malade guérit après un temps de convalescence assez long. Sinon, la maladie évolue vers une septicémie, très rapidement mortelle. Dans certains cas, le bacille atteint les poumons et la transmission inter-humaine du bacille a ensuite lieu par l’intermédiaire des gouttelettes de salives émises par le malade lors de la toux. Les sujets contacts développent alors une peste pulmonaire. En l’absence d’un traitement précoce et approprié, la peste pulmonaire est systématiquement mortelle en 3 jours.
Diagnostic
Le diagnostic clinique de la peste se fait en présence des symptômes et d’une notion de voyage en zone d’endémie ou de contact avec un malade de la peste. Il est suivi par un diagnostic biologique en laboratoire qui confirme la présence de la bactérie Yersinia pestis dans les échantillons biologiques (sang, expectorations, prélèvements issus d’un bubon).
Traitements
Les fluoroquinolones (Ciflox, Oflocet...), les tétracyclines (Doxycycline), et également la streptomycine, sont les antibiotiques de référence pour le traitement de la peste. Ce sont des antibiotiques parfaitement efficaces s’ils sont administrés à temps.
Les mesures prophylactiques
La chimioprophylaxie au moyen de tétracyclines ou de sulfamides (Bactrim), ou fluoroquinolones, administrée précocement, est en général d’une très bonne efficacité pour l’entourage immédiat des sujets atteints de peste.
Les recommandations aux voyageurs se rendant dans les foyers d’endémie sont d’éviter les contacts avec les rongeurs et de se protéger des piqures de puces par des répulsifs cutanés actifs dans ces zones d’endémie. En cas de contact avec un patient pesteux qui tousse, il faut consulter au plus vite un médecin qui prescrira une prophylaxie par antibiotique.
La prévention par la vaccination a été abandonnée car les premiers vaccins entrainaient des effets indésirables, parfois sévères. Par la suite, d’autres vaccins ont été développés mais ils ne sont pas efficaces sur les formes pulmonaires. Actuellement, plusieurs vaccins sont à l’étude mais doivent encore être validés chez l’homme.
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Cette bactérie est transmise principalement par des puces de rats.
Suivant la forme de la maladie, la peste peut causer de la fièvre, des frissons, un gonflement des ganglions lymphatiques, des maux de tête, une accélération du rythme cardiaque, une toux, des difficultés respiratoires, des vomissements et une diarrhée.
Le diagnostic est confirmé par l’identification de la bactérie dans des échantillons de sang, d’expectorations ou de pus prélevé dans les ganglions lymphatiques.
Un traitement antibiotique peut réduire le risque de décès et la mise en quarantaine des personnes infectées permet d’éviter la propagation de la maladie.
(Voir aussi Présentation des bactéries.)
Autrefois, les grandes épidémies de peste, comme celle de la peste noire au Moyen-Âge, faisaient de nombreuses victimes. Les principaux facteurs qui contribuaient à la propagation des épidémies étaient le nombre important de rongeurs, la surpopulation humaine dans les villes et la mauvaise hygiène.
La peste survient à présent sporadiquement ou sous forme de flambées limitées.
Plus de 90 % des cas de peste aux États-Unis surviennent dans les États ruraux ou semi-ruraux du sud-ouest, en particulier chez les campeurs en Arizona, en Californie, dans le Colorado et au Nouveau-Mexique. Ces dernières décennies, la peste affecte en moyenne environ 7 personnes par an (entre 1 et 17 personnes) aux États-Unis.
Dans le monde, la plupart des cas depuis les années 1990 sont survenus en Afrique, principalement en République démocratique du Congo et à Madagascar. Des cas surviennent également au Pérou.
Transmission de la peste
La bactérie responsable de la peste infecte habituellement les rongeurs sauvages, tels que les rats, les souris, les écureuils et les chiens de prairie. Cette bactérie est transmise par des puces de rats. À la mort des rongeurs, les puces peuvent migrer vers des rongeurs qui vivent près de la population, puis vers des animaux domestiques de compagnie, comme les chats. Les puces du rat transmettent la maladie par piqûre. Des personnes peuvent également être infectées via une plaie cutanée si elles sont en contact direct avec un animal infecté.
Rarement, l’infection se transmet d’une personne à une autre par l’inhalation de gouttelettes dispersées par la toux ou les éternuements. La bactérie se loge dans les poumons et provoque un type particulier de pneumonie (peste pulmonaire). La transmission interhumaine apparaît généralement uniquement lorsque la personne vit avec ou soigne une personne infectée de peste pulmonaire.
La bactérie de la peste est une arme biologique potentielle. La bactérie peut se transmettre par l’air et être inhalée. La taille des particules aériennes détermine la localisation de la bactérie au niveau des voies pulmonaires. Les petites particules se logent dans les poumons, provoquant la peste pulmonaire. Les plus grosses particules se logent dans la gorge (pharynx) et provoquent la peste de la gorge (peste pharyngée).
Symptômes de la peste
La peste peut prendre plusieurs formes :
Bubonique
Peste bénigne
Pulmonaire
Septicémique
Les symptômes varient en fonction du type de peste.
Peste bubonique
La peste bubonique est la forme la plus fréquente.
Les symptômes de la peste bubonique peuvent apparaître quelques heures après l’exposition et jusqu’à 12 jours après (typiquement, après 2 à 5 jours). Frissons et fièvre jusqu’à 41 °C apparaissent brutalement. Le rythme cardiaque s’accélère et s’affaiblit ; il peut y avoir une chute de la tension artérielle. De nombreux patients délirent.
Peu avant l’apparition de la fièvre ou de façon concomitante, les ganglions lymphatiques à proximité de l’égratignure ou de la piqûre de puce, généralement au niveau de l’aine ou d’une aisselle, augmentent de volume et deviennent douloureux. Ces ganglions lymphatiques hypertrophiés (gonflés) sont appelés bubons. Ils deviennent durs, rouges, chauds et très sensibles. Au cours de la deuxième semaine, on peut drainer le pus contenu dans ces ganglions. Le foie et la rate peuvent augmenter de volume.
Un nodule, une plaie ou une croûte noire peut se former au site de la piqûre de puce.
Les personnes atteintes de peste bubonique peuvent présenter une agitation, un délire, une confusion et un manque de coordination.
Comme les bactéries peuvent se propager dans le sang, les poumons peuvent être affectés, ce qui entraîne une peste pulmonaire.
Image publiée avec l’aimable autorisation des Drs Margaret Parsons et Karl F. Meyer via la Public Health Image Library des Centers for Disease Control and Prevention.
Plus de 60 % des patients non traités meurent, généralement entre le troisième et le cinquième jour.
Peste pulmonaire
La peste pulmonaire est une infection des poumons.
Les symptômes de la peste pulmonaire apparaissent brutalement 2 à 3 jours après exposition à la bactérie. Les patients ont une forte fièvre, des frissons, un rythme cardiaque rapide et souvent des maux de tête sévères. Dans les 24 heures apparaît une toux avec des expectorations claires, qui sont rapidement striées de sang. Puis les expectorations deviennent roses ou rouge vif (ressemblant à du sirop de framboise) et spumeuses. La respiration est rapide et difficile.
La plupart des patients non traités meurent dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes.
Peste septicémique
La peste septicémique est une infection qui se diffuse dans le sang. Environ 40 % des personnes ont des nausées, des vomissements, une diarrhée et des douleurs abdominales.
Le sang finit par former trop de caillots, obstruant les vaisseaux sanguins et provoquant une hémorragie parce que les facteurs de coagulation sont épuisés. Ce trouble porte le nom de coagulation intravasculaire disséminée. Comme le flux sanguin est obstrué, une gangrène se développe dans les membres qui noircissent (d’où le nom de peste noire).
Sans traitement apparaît une insuffisance de nombreux organes, souvent mortelle.
Peste bénigne
La peste bénigne est une forme modérée de la peste bubonique. Ses symptômes, qui comprennent une hypertrophie des ganglions lymphatiques, une fièvre, des maux de tête et un épuisement, disparaissent en une semaine.
Diagnostic de la peste
Examen et culture d’échantillons de sang, de crachats, ou de pus.
Parfois, autres analyses de sang
Il est important de diagnostiquer rapidement la peste car plus le traitement est retardé plus le risque de mourir est élevé.
Pour diagnostiquer la peste, le médecin prélève des échantillons de sang, d’expectorations ou de pus au niveau des ganglions. Les échantillons sont examinés au microscope et envoyés au laboratoire pour les mettre en culture (croissance de la bactérie). On recherche également sur l’échantillon sanguin les anticorps spécifiques. Des tests de détection rapide de la bactérie ou de son matériel génétique (ADN) tels que la technique de PCR (amplification en chaîne par la polymérase) peuvent être réalisés.
En cas de suspicion d’une peste pulmonaire, une radiographie du thorax sera effectuée.
Prévention de la peste
Les mesures suivantes peuvent permettre de contrôler les rongeurs et de prévenir les piqûres de puce :
Éliminer des maisons tout ce qui peut attirer les rongeurs (brosses, tas de pierres, ordures, bois de chauffage en désordre et nourriture)
Porter des gants lors de la manipulation des animaux pouvant être infectés (par exemple, lors de la tonte d’un animal)
Utiliser des répulsifs, comme ceux à base de DEET (diéthyltoluamide) lorsque l’exposition à des puces de rongeur est possible (par exemple, lorsque l’on fait du camping, de la randonnée ou lorsque l’on travaille dehors)
Appliquer des produits contrôlant les puces sur les animaux de compagnie
Si les animaux de compagnie vont se balader dehors dans des régions où la peste est endémique, il ne faut pas les laisser dormir dans les lits
Les vaccins contre la peste ne sont plus disponibles aux États-Unis.
Les personnes voyageant dans des régions où il y a une épidémie de peste peuvent prendre des antibiotiques comme la doxycycline.
Après une exposition à la peste
Le médecin surveille les personnes qui ont été en contact avec une personne atteinte de peste pulmonaire. Leur température est prise toutes les 4 heures pendant 6 jours.
On peut leur administrer des antibiotiques afin d’empêcher l’infection de se développer. Les adultes prennent de la doxycycline ou de la ciprofloxacine (Ciflox), et les enfants du triméthoprime/sulfaméthoxazole (Bactrim Forte).
Traitement de la peste
Streptomycine ou gentamicine
Le traitement de la peste doit commencer immédiatement, il réduit alors le risque de décès à 11 %. Pour la peste pulmonaire ou septicémique, les antibiotiques doivent être pris dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes.
La streptomycine ou la gentamicine sont administrées par injection pendant 10 jours ou jusqu’à 3 jours après le retour à la normale de la température. D’autres antibiotiques tels que la doxycycline, la lévofloxacine, la moxifloxacine et la ciprofloxacine sont également efficaces.
Les patients atteints de peste pulmonaire doivent être isolés afin qu’ils ne transmettent pas la bactérie dans l’air (isolement respiratoire). L’isolement respiratoire inclut :
Accès limité à la pièce
Les personnes qui travaillent à proximité d’une personne infectée doivent porter un masque, des lunettes de protection, une blouse et des gants
Informations supplémentaires
Les ressources en anglais suivantes pourraient vous être utiles. Veuillez noter que LE MANUEL n’est pas responsable du contenu de cette ressource.
Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) : Peste : Ressource fournissant des informations sur la peste, notamment sa transmission et la prévention
Autres infections à Yersinia
Les autres espèces de Yersinia, telles que Yersinia enterocolitica et Yersinia pseudotuberculosis, infectent les animaux partout dans le monde. Ces bactéries peuvent être transmises à l’homme, mais provoquent une maladie moins grave que la peste.
La transmission des infections dues à d’autres bactéries du genre Yersinia peut également se faire en manipulant des animaux infectés (par exemple, les chasseurs), en mangeant ou en manipulant de la viande crue ou mal cuite, ou du lait ou des produits laitiers non pasteurisés d’animaux infectés, ou en buvant de l’eau contaminée.
Ces infections sont généralement responsables de diarrhées, qui disparaissent d’ordinaire spontanément, et d’un mal de gorge. Une inflammation apparaît au niveau des ganglions lymphatiques de l’abdomen, provoquant une douleur dans la partie inférieure droite de l’abdomen. Cette douleur ressemble à celle de l’appendicite.
Les bactéries peuvent infecter le sang, mais elles se propagent rarement à d’autres parties de l’organisme en dehors du tube digestif.
Le diagnostic des autres infections à Yersinia est établi à partir des analyses de sang, de selles, d’expectorations ou de pus provenant des ganglions lymphatiques.
La prévention des autres infections à Yersinia consiste à :
Se laver les mains avec de l’eau et du savon avant de manger et de préparer de la nourriture, après tout contact avec des animaux (tout spécialement leurs excréments) et après avoir manipulé de la viande crue
Cuire la viande aux températures recommandées
Consommer uniquement du lait et des produits laitiers pasteurisés
Éliminer les excréments d’animaux de compagnie en utilisant des précautions sanitaires
Le traitement des autres infections à Yersinia est axé sur le soulagement de la diarrhée. Ces infections disparaissent généralement spontanément. Toutefois, des antibiotiques sont nécessaires si l’infection s’est étendue au sang ou à d’autres organes.
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