13 février 2024

Une atmosphère irréelle

Comme les lecteurs le savent, j’ai quelques kilomètres au compteur. Et comme le cafetier dans Uranus, je pourrais dire : « Monsieur, je suis cafetier, socialiste et franc maçon, c’est pour vous dire que j’en ai entendu des conneries dans ma vie »

Dans la réalité, je n’ai été aucun des trois, mais j’ai travaillé depuis cinquante ans dans la finance et je peux détromper ceux qui se feraient des illusions : il n’y a guère de différences entre ce qui se dit dans un café en banlieue et ce qui se dit dans les comités d’investissement des plus grandes sociétés financières.

Et le rouge de la honte me monte au front quand je pense à toutes les âneries que j’ai proférées dans ma (longue) carrière. Heureusement, dans ces moments, je me souviens de ce que dit la sagesse populaire « quand je me vois, je me désole, mais quand je vois les autres, je me console »

La réalité est simple : les marchés financiers ont été inventés pour qu’un maximum de gens aient l’air complètement idiots le plus souvent possible, et ils remplissent parfaitement leur rôle.

Tout cela pour dire que je croyais avoir vu à peu près toutes les façons d’avoir l’air stupide, et encore une fois j’avais tort.

Je m’explique.

Dans le passé, les erreurs commises se produisaient parce que nous nous trompions sur l’analyse que nous faisions de la réalité.

Comme le futur est complètement imprévisible, se tromper n’était cependant pas trop grave. Une comète tombait sur la terre et mettait en faillite toutes les maisons de retraite pour diplodocus méritants et leurs cours de bourse s’effondraient. Ce qui était embêtant pour leurs actionnaires, et pour ceux qui avaient conseillé l’achat de ces sociétés. Mais personne ne pouvait prévoir l’arrivée inattendue d’une comète et donc personne n’était vraiment fâché.

Convaincu que personne ne pouvait prévoir l’avenir, je me suis donc attaché depuis longtemps à ne même pas en parler, me contentant d’analyser la réalité présente sans trop me fatiguer à en prévoir l’évolution.

Ce qui ne m’avait pas empêché de mettre au point une technique, non pas pour prévoir le futur (je ne suis pas idiot) mais pour analyser le présent.

Je commençais toujours par essayer de découvrir quels étaient les faits importants et parmi ces faits, lesquels étaient des causes et lesquels des conséquences.

Ce travail fait, j’essayais de comprendre si des enchaînements similaires avaient eu lieu dans le passé, et si oui quels en avaient été les résultats.

Et enfin, si plusieurs exemples convergeaient dans le même sens, je disais que comme les mêmes causes tendent à produire les mêmes effets, voici à quoi il fallait s’attendre (ce qui n’était pas une prévision, mais une probabilité).

C’est ce que l’on appelait la bonne vieille logique aristotélicienne et que l’on apprenait quand on faisait ses « humanités ».

Cette méthode est aujourd’hui complètement déconsidérée.

Nous sommes entrés dans un monde nouveau où la réalité n’existe pas et où en invoquer l’existence vous amène à être traité de facho, d’extrême droite, de vendu, aux Russes, aux Chinois, aux Mahométans, à Israël, aux sociétés pétrolières, au grand capital…, le corrompu restant toujours moi mais les corrupteurs variant en fonction des obsessions de celui qui m’insulte, (depuis quelques temps, grosse poussée des acheteurs Israéliens, qui semblent remplacer les acheteurs Chinois et pétroliers. Fâcheusement hélas, toujours aucun effet sur mon compte bancaire).

Le nouveau but n’est plus de comprendre la réalité pour essayer de s’adapter du mieux possible mais de passer un jugement sur ce qui est bien et sur ce qui est mal, ce qui veut dire que nous sommes invités à sortir de la froide logique pour nous soumettre à une morale collective.

Et ceux qui s’attellent à cette tâche sont des êtres d’élites que Thomas Sowell appelle les « oints du Seigneur ». Ils ont en effet reçu de Dieu ou de Gaia la capacité de distinguer le bien du mal et, comme toujours, sont prêts à se sacrifier pour nous guider vers les lendemains qui chantent. Et bien entendu, c’est à eux et à seuls que revient la lourde charge de nous donner les nouvelles tables de la Loi.

Embarrassés par cette responsabilité, curieusement, ils veulent nous convaincre qu’ils sont habilités à nous conduire grâce à la profonde compréhension qu’ils ont d’un futur qui pour eux est certain. Et comme la Science est pour eux la seule chose qui soit certaine (ce qui est idiot), ils veulent offrir aux fidèles la preuve scientifique de la nécessité d’embrasser leur nouvelle morale, ce qui n’est possible que si vous êtes prêts à commettre des fraudes scientifiques

Et donc, une grande nouveauté est apparue récemment dans les débats : la fraude scientifique.

La quasi-totalité des prêtres de la nouvelle religion partent donc de leurs certitudes morales pour aller chercher les faits qui confirment leurs certitudes, en laissant soigneusement les autres faits de côté. Ce qui en soi est déjà frauduleux.  Le cas échéant, ils iront jusqu’à créer de toutes pièces les faits dont ils auraient besoin pour prouver leurs thèses, selon le bon vieil axiome que 97 % de ces « nouveaux » scientifiques trouvent des résultats qui sont en parfait accord avec les attentes de ceux qui les payent.

Et donc, dans le débat, il y a les « faits « qui sont acceptables qui confirment la doxa officielle et les faits qui la mettent en doute et donc qui sont inacceptables et ne peuvent être retenus dans une discussion entre gens de bonne compagnie.

Et, dans nombre de débats, je me fais rembarrer au prétexte que mes faits sont des faits « de droite » et donc inacceptables et que seuls peuvent être retenus les faits qui ont reçu la bénédiction des oints du seigneur, qui eux sont de gauche.

Mais je dois dire que la notion qu’il y a des faits de droite (irrecevables) et des faits de gauche (acceptables) est tout à fait nouvelle pour moi, comme elle l’aurait été pour Aristote ou Saint Thomas d’Aquin…

Ce qui m’amène à mon sujet, le monde irréel dans lequel nous vivons.

Qu’il s’agisse de la guerre en Europe, de l’immigration, de la destruction de nos agricultures par Bruxelles, de la baisse de l’espérance de vie aux USA, de l’état de guerre au Moyen Orient, de la déroute de nos productions énergétiques alternatives, de l’effondrement de l’industrie allemande, de la baisse des niveaux de vie des plus pauvres dans les pays développés, les seuls faits qui sont portés à la connaissance des populations et qui pourraient expliquer tous ces désastres latents sont les faits « de gauche » qui, curieusement sont tous favorables au maintien des politiques préconisées depuis des lustres par les riches et les puissants.

Tout aussi curieusement, les faits de droite qui essayent de se frayer un chemin vers les populations malgré tous les interdits dont ils sont l’objet, sont eux portés par des individus isolés, complotistes, désobéissants et irrespectueux des vrais hommes de qualité.

Nous avons eu dans notre histoire une période vaguement similaire, et je pense à la drôle de guerre qui dura de l’été 1939 à juin 1940.

Bien abrités derrière la Ligne Maginot, nous attendions… on ne savait pas trop quoi. Mais celui disait que tout cela allait mal se terminer était démis de ses fonctions immédiatement. Cette atmosphère irréelle dura 9 mois, pendant lesquelles la Pologne fut écrasée sans que nous bougions.

Et la France s’écroula en quelques jours, non sans que tous les anciens ministres radicaux socialistes responsables du désastre ne se soient précipités à Notre Dame pour prier la Vierge de sauver la France. Ce qu’elle fit, mais avec mauvaise grâce et passablement de retard.

Nous en sommes au même point.

Les organes officiels refusent de considérer que la « cause première » des désastres qui nous guettent se trouve dans leur politique visant à détruire les nations, les familles, la propriété, les frontières, politique qu’ils suivent avec obstination depuis des années.

En revenant à ma méthode de toujours, je peux donc annoncer ce qui n’est pas une prévision mais une certitude : ce qui ne peut pas durer, en général ne dure pas.

Et comme je suis depuis des années fasciné par la monnaie et que c’est dans ce domaine que les pires excès ont été commis, c’est par la monnaie que le désastre va arriver et c’est donc par la monnaie que la réalité va nous rattraper.

 

 Conclusion

John Pierpont Morgan avait coutume de dire que la monnaie c’était l’or et que tout le reste c’était du crédit.

Crédit, vient de l’Italien « Crédito », je crois, j’ai confiance …

La monnaie fiduciaire n’est donc qu’une convention qui ne repose que sur la confiance.

La confiance est en train de disparaître sur la monnaie allemande.

C’est ce que montre le graphique : depuis 2000, il valait mieux avoir de l’or que des obligations allemandes.

Je crains le pire pour l’euro si nous « cassons » 200 puisque cela voudra dire que l’or a fait mieux que les obligations allemandes depuis 1967….

Mais après tout, ce ne sera que la troisième fois en un siècle que la monnaie allemande disparaîtra.

Charles Gave

Source

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