Jusqu'à 14.900 euros mensuels. Avec un art consommé du timing - le Salon de l'Agriculture (SIA) ouvre ses portes samedi à Paris -, le site d'information Mediapart vient de dévoiler la rémunération des hauts dirigeants du syndicat majoritaire chez les agriculteurs. Alors que "30% des agriculteurs n'ont pas pu se dégager de revenu durant l'exercice 2017", ces révélations font tache pour le syndicat agricole qui accuse Mediapart de "règlement de comptes".
La première organisation syndicale agricole, la FNSEA, a accusé mercredi le site d'information Mediapart de s'être livré à un "règlement de comptes" en révélant les rémunérations importantes perçues par ses principaux dirigeants. Des révélations gênantes au vu de la précarité d'une grande part des agriculteurs, comme le reconnaissait d'ailleurs mardi 18 février la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, cité en introduction de l'article de Mediapart:
« (...) un certain nombre d'agriculteurs ont l'économie de leur exploitation dans le rouge. 30 % des agriculteurs n'ont pas pu se dégager de revenu durant l'exercice 2017. »
Lire (sur Mediapart) : "A la FNSEA, le train de vie hors sol des dirigeants"
Dans un communiqué, la FNSEA "s'insurge contre un article tenant plus du règlement de comptes que de l'enquête journalistique". Elle dit "assumer pleinement les niveaux de rémunération de ses cadres dirigeants", situés selon elle "en dessous des normes de rémunération pour une organisation professionnelle nationale de cette taille".
La FNSEA argue que les informations divulguées lui ont été volées
Le syndicat explique également que les informations divulguées par le journal d'investigation ont fait l'objet d'un vol pour lequel une plainte a été déposée.
Or, s'il s'agit d'un vol, c'est que ces informations n'étaient donc pas publiques, ce qui semble en contradiction avec les propos de la FNSEA qui dit, citons-les à nouveau, "assumer pleinement les niveaux de rémunération de ses dirigeants".
Mercredi à la mi-journée, Mediapart a publié les salaires du nouveau directeur général du syndicat Clément Faurax, de son remplaçant au poste de directeur adjoint Jean-Louis Chandellier, et les différentes rémunérations attribuées à la directrice générale sortante Catherine Lion.
Selon le média, Clément Faurax "émarge aujourd'hui à 13.400 euros brut mensuels" à l'issue d'une revalorisation de 22% décidée après son arrivée en avril 2019. Toujours selon cet article, son remplaçant, Louis Chandellier, a bénéficié pour sa part d'une augmentation de 30% de sa rémunération, désormais de 9.600 euros brut.
Un cumul emploi-retraite qui atteint 12.500 euros par mois
"Les augmentations réalisées restent dans la tendance des augmentations habituelles", avait répondu M. Faurax dans un entretien à Mediapart.
Enfin, le journal en ligne s'était penché sur les rémunérations attribuées à Catherine Lion après son départ de la direction. Restée conseillère à temps partiel jusqu'en septembre, elle avait bénéficié d'un salaire de base de 8.900 euros et d'une prime mensuelle de 6.000 euros, selon l'avenant à son contrat de travail consulté par Mediapart.
À la retraite depuis octobre, elle cumule désormais sa pension avec un salaire à temps partiel (notamment, car elle a été désignée par le syndicat pour siéger au Conseil économique, social et environnemental) pour un montant total de 12.500 euros, sans que cette situation de cumul soit inédite au sein de la FNSEA, signale Mediapart.
La FNSEA a demandé mardi une "revalorisation urgente" des pensions de retraite des agriculteurs, "au moins à 85% du Smic", en déclarant "attendre des réponses du président de la République et du gouvernement" sur le sujet lors du Salon de l'agriculture qui s'ouvre samedi à Paris.
(Avec AFP)
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