17 février 2024

Le WWF confirme sa doctrine malthusienne

Les théories malthusiennes n’étant pas particulièrement appréciées en France, le WWF-France évite astucieusement ce sujet. Ce qui n’est pas le cas du WWF-International, dont le dernier bilan prône ouvertement « l’inversion de la croissance démographique ».

Dans une interview parue le 29 août 2007 dans Le Monde, Serge Orru, directeur général du WWF-France, affirmait qu’il est nécessaire de « lutter contre les avatars du malthusianisme, [qui] risquent de faire un retour en force ». Il ajoutait même que « face à ces enjeux environnementaux et géopolitiques, il nous faut aussi transmettre un enthousiasme, des rêves, afin que nos enfants aient envie de devenir parents ! » Des propos qui laissent entendre que le WWF-France serait favorable au développement démographique. En matière de réduction de « l’empreinte écologique », l’association se contente de proposer quelques mesures bien sympathiques, comme « faire sécher son linge sur une corde au lieu d’utiliser un séchoir électrique » (économie de 1.000 m2) ou « remplacer les ampoules classiques par des ampoules fluocompactes » (100 m2). Certes, en 2006, elle avait bien recommandé de « reporter d’un an la décision d’avoir un enfant ». Mais curieusement, cette mesure avait été aussitôt retirée, alors que selon la première version des « 10 recommandations du WWF », elle permet à elle seule d’économiser 26.000 m2 ! Ainsi, rien dans le discours officiel du WWF-France ne laisse transparaître que la filiale française de la plus grande organisation écologiste du monde est l’héritière des théories de Thomas Malthus.

Pourtant, les publications du WWF-International ne cachent rien de l’idéologie malthusienne de la multinationale verte. Dans son dernier rapport, Living Planet Report 2008 (disponible sur Internet depuis le 29 octobre dernier), le WWF affirme que « dans un monde déjà endetté sur le plan écologique, la croissance continue de la population et de l’empreinte individuelle n’est clairement pas une voie durable ». Il ne se contente donc pas de proposer une stabilisation de la population à son niveau actuel : il exige ni plus ni moins une réduction ! Comme le note James P. Leape, directeur général du WWF-International, « notre empreinte écologique mondiale dépasse maintenant la capacité de régénération de la planète d’environ 30 % ». « Si tous les habitants du monde vivaient comme des Français, il faudrait la capacité biologique de trois planètes pour satisfaire la demande ! », renchérit Serge Orru. En conséquence, un simple changement des habitudes de consommation dans les pays développés ne suffit pas. Selon le rapport, seuls les pays d’Afrique et quelques pays d’Asie et d’Amérique latine ont aujourd’hui une empreinte écologique inférieure au seuil de « durabilité ». Même la Chine a déjà dépassé ce seuil – qui s’élève, à en croire les doctes calculs du WWF, à 2,1 hectares globaux par personne (gha/per) !

Dans son bilan 2008, l’organisation à l’effigie du panda affirme que l’empreinte écologique dépend de nombreux paramètres, dont « la taille de la population, des biens et services que chacun consomme et de la quantité de ressources et de déchets que cachent ces biens et services ». Toutefois, elle rappelle que parmi ces paramètres, la réduction de la population reste de loin prioritaire. Les stratégies qui permettraient de « réduire et finalement d’inverser la croissance démographique [c’est-à-dire de diminuer la population mondiale] sont susceptibles d’avoir moins d’impact à court terme, mais aboutissent toutefois à long terme à une diminution importante et cumulative de la surexploitation des ressources », souligne-t-elle.

Un discours constant

Ce discours malthusien n’est pas récent au sein du WWF. Dès 1960 – soit un an avant la création de la multinationale verte –, un de ses co-fondateurs, Sir Julian Huxley, affirmait que « depuis le début du siècle, l’équilibre écologique du monde a été profondément dérangé et sa structure écologique bouleversée par le redoutable accroissement de sa population et la surexploitation non moins redoutable de ses ressources naturelles ». Il proposait donc « d’évaluer aussi scientifiquement que possible l’accroissement probable de la population au cours des vingt-cinq années à venir et de définir une politique démographique officielle propre à réduire le taux actuellement excessif d’accroissement démographique». Pourtant, la planète ne comptait alors que 3 milliards d’habitants…

Dix ans plus tard, le WWF affiche clairement sa doctrine malthusienne. En novembre 1970, lors de son 2e congrès international, il adopte une déclaration, Stabiliser la population, qui soutient que « l’accroissement annuel de la population humaine empêche actuellement un grand nombre d’habitants des pays en voie de développement d’accéder à un niveau de vie décent. Dans les pays développés, il dégrade de manière croissante la qualité de la vie. » Le texte avertit que « le résultat ultime sera la fin de la vie humaine, sinon celle de toute vie, sur cette terre ». Et conclut : « Pour la survie de l’homme et de son environnement, nous demandons de manière pressante que vos gouvernements prennent toutes les mesures appropriées pour stabiliser vos populations aussitôt que possible, par tous les moyens les plus acceptables pour vos peuples. » Ces thèses malthusiennes vont de pair avec un discours en faveur de l’environnement : « Le congrès a exprimé tout particulièrement sa préoccupation face à l’augmentation rapide de la consommation des ressources naturelles et a attiré l’attention sur la crise de l’approvisionnement en énergie et en matières premières qui menace de s’abattre sur tous les pays avant la fin du siècle. Le congrès a demandé aux dirigeants et à leurs conseillers, aux producteurs et aux consommateurs, de tenir compte du caractère limité des ressources de notre planète et de subordonner leurs activités aux impératifs de la conscience et de la responsabilité humaines, de telle sorte que nos ressources ne soient pas vilement gaspillées et que les principes écologiques ne restent pas lettre morte. » C’est lors de ce congrès que le WWF remet sa médaille d’or à Sir Julian Huxley, « pour les services qu’il a rendus à la cause de la conservation ».

L’année suivante, lors de son 3e congrès international, l’organisation écologiste campe sur ses positions. Les 400 participants venus du monde entier signent une déclaration « reconnaissant que l’explosion démographique est la cause principale de la crise de l’environnement ». Le WWF « affirme sa conviction que tous les gouvernements ont le devoir d’envisager les mesures à prendre sur le plan mondial pour stabiliser et finalement ramener la population humaine à un niveau adapté à la capacité de charge des terres et des océans. […] Ces mesures devraient être prises de toute urgence, non seulement en vue d’assurer la conservation des ressources naturelles, mais également pour permettre à l’humanité de jouir d’une qualité optimale de vie. »

En 1991, le WWF confirme son credo malthusien. Dans son rapport Sauver la planète, stratégie pour l’avenir de la vie, il déclare que « la Terre a ses limites et, même avec les meilleures technologies imaginables, celles-ci ne peuvent être repoussées indéfiniment. Pour respecter la vie dans ces limites et faire en sorte que ceux qui ont le moins auront bientôt davantage, deux choses sont nécessaires : arrêter partout la croissance démographique et stabiliser, sinon réduire, la consommation des ressources des pays riches. »

Le rapport 2008 du WWF ne présente donc aucun changement. Fidèle à ses théories, l’organisation écologiste affirme que pour éviter la fin de l’humanité, les pays doivent imposer à la fois décroissance et réduction de la population. Si elle n’affiche aucun chiffre, Serge Orru précise toutefois que « si tout le monde vivait comme un Français, nous serions seulement deux milliards sur la Terre » !

Cette importance du malthusianisme dans la doctrine du WWF permet de mieux comprendre les positions de la multinationale verte sur de nombreux dossiers comme l’agriculture, les transports, l’énergie ou la création de zones sans populations. Ainsi, une agriculture moderne et productive, capable de nourrir 9 milliards d’individus, représente à ses yeux une menace pour l’humanité. C’est pourquoi tout est mis en oeuvre pour y mettre un terme, notamment tout ce qui freine le progrès technologique. À l’inverse, une agriculture extensive, exigeante en main-d’œuvre et susceptible de nourrir seulement un ou deux milliards d’individus, permet d’imposer une réduction drastique de la population. C’est-à-dire, selon le WWF, de sauver l’humanité !

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