La liberté d'expression, c'est beau, c'est fondamental, c'est pourquoi il faut la défendre - chez les autres. Chez soi, on peut réduire de plus en plus les limites du discours autorisé, car tout ce qui n'est pas conforme est de la propagande. Or, lutter contre la propagande, cela n'a rien à voir avec la lutte contre la liberté d'expression. De laquelle dépend la liberté de penser, c'est encore pire. Comment ça, ce n'est pas clair ? J'explique.
L'Agence de maîtrise de la vérité, pardon l'Organisme de lutte contre les ingérences étrangères, a sorti la deuxième partie de son rapport sur les ingérences russes. Soyons clairs, les ingérences américaines n'intéressent absolument pas la sécurité nationale de la colonie atlantiste qu'est devenue la France. Le fait que la DGSI confirme l'utilisation par les Etats-Unis de leurs lois d'extraterritorialité et les cabinets de conseil pour influencer la politique française, cela n'a strictement rien à voir. Ce n'est pas de l'ingérence étrangère ... c'est de la gouvernance d'un territoire périphérique.
Donc revenons à la Russie. L'on voit déjà que la figure de l'ennemi est bien implantée dans les mécanismes de partition politique et la Russie est l'ennemi, les Etats-Unis sont l'ami. Les amis coûtent parfois très cher, mais que faire ce sont des amis ... Et comme la France n'a plus les moyens de se protéger de cet ami, elle s'enfonce.
Ainsi, l'on apprend que, quelle honte, la Russie ne laisse pas le champ libre à la propagande atlantiste diffusée en Europe, elle aussi utilise les médias et les réseaux sociaux pour faire passer un autre point de vue, le sien. Comme ces points de vue sont idéologiquement incompatibles, ils s'appellent de la propagande. Nous sommes en guerre, désormais chaude, la maîtrise du discours public s'intensifie, car de cela va dépendre le consentement de la population. La Russie est ici en position de force, car le discours qu'elle diffuse est beaucoup plus proche de la réalité et correspond aux attentes de la population, la différence du discours atlantiste en Occident. Elle n'a pas besoin de nier l'échec de l'offensive ukrainienne, ni les crimes de guerre commis par l'armée atlantico-ukrainienne de manière désormais systémique. A l'inverse, les Atlantistes ont du mal à aboutir les mises en scène accusant l'armée russe, doivent reconstruire une réalité qui a du mal à tenir avec le temps et imposent des "valeurs", qui ne font rêver personne.
Dans ce cadre, la Russie est évidemment accusée de vouloir déstabiliser ce monde atlantiste, ce qu'elle fait effectivement en remettant en cause le discours produit et en en montrant les failles. Ce qui conduit nos figures dirigeantes à sortir des personnes du gabarit de Séjourné. Car il faut une bonne dose d'idiotie mêlée de complexe de supériorité pour sortir une vidéo de ce niveau.
"un vaste dispositif composé de 193 « portails d’information » numériques aux caractéristiques similaires, qui diffuse des contenus pro-russes et cible plusieurs pays occidentaux, dont la France. (...) Il a été précédemment démontré que les sites de ce réseau ne produisent aucun contenu original mais relaient massivement des publications issues en majorité de trois types de sources : des comptes de réseaux sociaux d’acteurs russes ou pro-russes, des agences de presse russes et des sites officiels d’institutions ou d’acteurs locaux."
Si des instruments de propagande sont des sites, soi-disant d'information, mais reproduisant principalement un contenu quasiment identique, non original, que dire des sites dits d'information français, dont la majeure partie des publications est une reprise anonyme de la production uniformisée de l'AFP ? N'est-ce pas une forme d'ingérence numérique, puisque seul un discours atlantiste, pro-ukrainien, pro-européen y est admis ?
Bref, nous l'avons compris, il n'y a ingérence que lorsqu'il y a Russie. C'est d'ailleurs pour cela que la France atlantiste s'est alliée à l'Allemagne et à la Pologne dans ce combat contre la Russie. Ca tombe bien puisque désormais la Pologne, détruite par l'Allemagne nazie et libérée par l'URSS, retire ses demandes de réparations de guerre contre l'Allemagne ... pour les diriger contre l'URSS.
Et le couperet est tombé sur les comptes Telegram, dont le numéro est français, et qui diffusent de l'information allant à l'encontre de la doxa atlantiste. Cela s'inscrit dans la suite de l'interdiction de Sputink et de RT.
Le virage pris par ces pays, montre à quel point l'histoire se répète. Sauf que cette fois-ci, la montée en puissance se déroule dans le cadre de la globalisation, qui a imposé un discours la légitimant et ne peut, par définition, supporter aucun pluralisme - sinon, elle ne serait plus globale (voir notre chronique pour RT France ici). Ce monde global est un monde de la guerre et ces élites nous y conduisent.
PS : Des comptes alternatifs ont été ouverts sur Telegram, voir ici.
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