On se rappelle, – il y a fort peu de temps puisqu’il s’agit du 21 février, – que nous posions à Poutine la question de savoir pourquoi il avait dit préférer, au nom des “intérêts de la Russie”, une victoire de Biden plutôt qu’une victoire de Trump en novembre prochain. Cette fois, nous lui posons la question de savoir pourquoi il ne préfèrerait pas une victoire de Trump, inspirés en cela par un texte du commentateur distingué Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de ‘Global Affairs’, président du Conseil sur la Politique étrangère et de sécurité et directeur des recherches au Club de Discussion Internationale de Valdaï ; bref, une plume qui compte.
Il fait une longue analyse du cas de la victoire de Trump, et surtout un portait psychologique assez juste du candidat républicain, permettant de déduire assez logiquement et justement quelle pourrait être son action s’il était élu. Le portrait est assez bien rendu par ce paragraphe, après avoir déterminé, ô sans grande difficulté, que Trump est un ‘businessman’ et rien que cela, et un ‘businessman’ qui, après une carrière consacrée à ses seuls intérêts personnels et familiaux, a mis dans le ‘business’ qu’il pratique, depuis 2015-2016, les intérêts des États-Unis d’Amérique. Tout cela n’est pas héroïque ni tragique mais c’est du solide et du sûr, – contrairement au personnage que les hystériques courants et grouillants font de lui. D’où le portrait :
« La mentalité d'homme d'affaires de l'ancien président est une qualité précieuse. Quelle que soit la dureté d'un homme d'affaires professionnel, son travail n'est pas de détruire mais de multiplier, faute de quoi l'entreprise elle-même perd son sens. Trump a été le premier président américain depuis longtemps (probablement depuis Jimmy Carter) à ne pas lancer une seule nouvelle campagne militaire. Sa rhétorique acerbe en matière de politique étrangère, avec ses attaques cinglantes contre ses adversaires, s'accompagne toujours d'un prudent retour en arrière. Il est prudent et hésite à intervenir dans des situations aux complications incompréhensibles. »
Ce portrait concrétise l’idée qu’avec Trump la politique étrangère des USA sera moins agressive et moins provocatrice que celle des démocrates, – et des républicains-RINO, ou neocon, de Bush à Bush et de Clinton à Obama. Ce n’est pas une révélation sensationnelle mais c’est un constat mesuré qu’il est bon d’exposer aux hystériques déjà signalés. Cela fait un argument pour juger qu’une élection de Trump serait intéressante pour la Russie.
Un autre argument, que Loukianov place en premier, et qui l’est certainement en importance parce qu’il englobe tous les autres, concerne justement le climat des hystériques qui s’est mis en place dans le plus formidable déchaînement de haine politique qu’on ait connu, dans de telles conditions d’affrontement civil, de tous les temps modernes.
Note de PhG-Bis : « C’est une curieuse compétition à évoquer mais je ressens la sensation, et en juge ainsi, que, toutes choses égales par ailleurs, la texture et l’intensité de la haine anti-Trump aux USA, suivis par les troupeaux européens et bêlants, dépasse la haine anti-Hitler telle qu’on l’a connue durant la vie politique du ‘Führer’. »
En conclusion, Loukianov écrit donc, pour résumer son propos des avantages qu’il y aurait pour la Russie à voir Trump élu, et justement dans l’ordre qui importe pour l’importance de la chose :
« Ceux qui pensent que Moscou favorise Trump n'ont pas tout à fait tort, mais ce n'est pas parce que le challenger a un parti pris pro-russe. Car ce n'est pas le cas, [Trump ne s’intéressant pas fondamentalement à la Russie].
» Si le candidat républicain probable finit par l'emporter, deux scénarios sont possibles. Le premier est un combat désespéré à Washington, où beaucoup d'énergie sera dépensée dans des luttes entre partis et à l'intérieur des partis. C'est à l'avantage de la Russie, car l'attention de l'ennemi sera détournée.
» Le second est que la réapparition de Trump, malgré toutes les circonstances extrêmement défavorables, signifie le début d'un véritable changement dans le positionnement international de l'Amérique , – vers un agenda plus étroit et un choix de priorités plus pragmatique, ouvrant de nouvelles opportunités pour le reste du monde. »
Et, pour introduire un commentaire plus général sur l’argument de Loukianov, nous rappellerons ces remarques que nous fîmes dans le texte du 21 février 2024 déjà référencé plus haut. Le thème en était donc “Pourquoi Poutine préfère-t-il que Biden soit élu ?”
« Finalement, l’hypothèse la plus passionnante et la plus séduisante, mais la plus improbable si l’on considère le caractère de prudence de Poutine, nous l’avons trouvé dans un commentaire d’un lecteur de RT.com, et surtout dans cet article (16 février) de ‘Pravda.ru’. En gros, cela revient à dire : gardons Joe encore quatre ans, et il foutra l’Amérique par terre, selon la fameuse sentence d’Obama (“Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de Joe de foutre la merde”), – titre et sous-titre de l’article référencé en toute liberté de la presse :
» “Poutine veut que Biden reste au pouvoir pour provoquer la chute de l'empire américain
» “Poutine préfère Biden parce qu'il est en train de ruiner l'Amérique de l'intérieur”. »
RapSit-USA2024 : la terrible frontière Sud
Si l’on veut bien mettre de côté l’idée de l’apaisement relatif de la politiqueSystème avec Trump, – sans nous dissimuler que ce n’est pas rien mais que c’est loin d’être tout, – on découvre à la lumière de nos références auxquelles nous faisons bonne confiance, que l’on débouche sur la même situation avec les deux élus : le désordre inouï entretenu par une haine totale, et la décomposition des Etats-Unis qui s’ensuit sous le coup de crises dévastatrices dont aucune n’est traitée à cause de cette haine suicidaire. Les deux hommes, Biden et Trump, ne sont que les émanations inévitables des deux extrêmes de la haine qui déchire l’Amérique.
La crise de la frontière Sud est un bon point de référence et de fixation de notre prévision évidemment catastrophique, avec le chiffre fantastique de 7,3 millions d’illégaux entrés aux USA depuis que Biden est président, – et jusqu’à 10 millions en prenant les autres entrées illégales que celles de la frontière Sud, – et un trafic colossal d’une drogue qui fait du Covid une menace folklorique (la fentanyl bien sûr, dont le gouverneur du Texas Abbott vient d’annoncer que 15 000 kilos en avaient été saisis sur la frontière en 2023, – de quoi éliminer toute la population des USA). Cette crise empirera d’une façon ou l’autre, quel que soit l’élu, évidemment dans le sens où on la voit déjà empirer et des deux façons qui chacune s’opposent à l’un et l’autre candidat ; en bref, la crise proliférera quel que soit le président, dans les deux sens opposés, empêchant ainsi toute résolution... Observez déjà des signes de la rapide contamination du désordre dans une situation où le pouvoir fédéral est paralysé par ses problèmes de personnel incompétent et médiocre, de corruption et d’idéologie.
• Dans ce désordre placez par exemple les initiatives des gouverneurs d’une coalition de 27 d’entre eux pour soutenir le Texas, gouverneurs républicains qui sont du côté de Trump. Les États qui ont commencé ou vont commencer à envoyer au Texas des contingents de Gardes Nationaux, – en nombre réduits [entre 50 et 150 Gardes] pour l’instant dans l’intention d’abord de concrétiser leur solidarité opérationnelle, – sont le Dakota du Sud, la Louisiane, la Floride et l’Indiana.
« La gouverneur du Dakota du Sud. Kristi Noem a ordonné aux troupes de la Garde nationale de l’État de se déployer à la frontière sud pour aider le Texas à faire face à des vagues record d’immigration clandestine.
» Noem, une républicaine, a déclaré que 60 soldats de la Garde nationale du Dakota du Sud seraient déployés à la frontière entre les États-Unis et le Mexique plus tard ce printemps, sur une base continue sur une période de trois mois.
» “La frontière est dans une zone de guerre, donc nous envoyons des soldats“, a déclaré Mme. Noem le 20 février. » [...]
« Dans une décision récente, le gouverneur de la Louisiane. Jeff Landry, un républicain, a déclaré que son État enverrait 150 soldats de la Garde nationale, qui travailleraient en trois rotations de 50 hommes, pour un déploiement de 90 jours au Texas.
» “Parce que le président ne fera pas son travail, parce que le gouvernement fédéral n'agira pas, parce que le Congrès refuse de mettre en place un plan d'immigration solide qui protège ce pays et permette aux gens d'entrer et de sortir de ce pays comme cela a été fait. depuis le début, les États vont agir”, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Baton Rouge. »
• D’un autre côté, l’énorme crise de l’immigration accompagnée de celle de la drogue-tueuse touche désormais toutes les grandes villes des USA, principalement dans les États progressistes qui suivent la politique extrémiste et ont déclaré leurs “villes ouvertes” sur leur territoire, donc non contrôlées pour la circulation des illégaux avec les contingents de la mortelle fentanyl qui se glissent dans cette circulation incontrôlée.
Voyez sur tweeterX un instantané de la situation à New York, la ville-phare de l’américanisme au sein d’un des États les plus progressistes (démocrates) des USA
« Ces dernières semaines, New York a été submergée par une vague de crimes commis par des immigrés clandestins.
» L'attaque contre la police à Times Square, la fusillade à Manhattan, une série de vols à Brooklyn, tout cela est l'œuvre d'immigrés illégaux.
» “Ce qui se passe dans les pays du tiers monde se produit dans les rues de New York, tous les jours, dans n'importe quel quartier, sans aucune conséquence”, a déclaré Vickie Paladino, membre du conseil municipal de New York, originaire du Queens. »
Et c’est ainsi que les Perses se percèrent...
... Où l’on voit en effet, par simple logique des antagonismes de haine et des répartitions géographiques de plus en plus illustratives de ces antagonismes, que les deux candidats hériteront d’une situation dont le caractère explosif aura été minutieusement préparé par le laxisme et l’impuissance de l’administration Biden d’un côté, de l’autre par l’abattage irrésistible et provoquant d’un Trump de presque 80 ans qui en paraît 60.
• Un Biden, même sur un brancard, restera un Biden totalement contrôlé par les extrémismes de son hyper-gauche globaliste.
• Un Trump réagira en ‘businessman’ : pour lui, les États progressistes qui s’opposent à lui deviendront des freins à l’ordre et à la prospérité. Il les combattra de toutes ses forces, appuyé sur la coalition des gouverneurs “rouges” (paradoxale couleur des États républicains sur les cartes électorales).
Cela conduit finalement à la conclusion que le choix de préférence énoncé pare Poutine n’a pas grande importance. Quel que soit l’élu, le fait même de l’élection suscitera une accélération majeure de la crise intérieure du système de l’américanisme. Le président russe se trouvera dès lors, comme le reste du monde d’ailleurs, devant l’événement majeur de la GrandeCrise : dans un système dont les structures pourries sont essentiellement américanistes, un effondrement accéléré de la matrice de l’américanisme.
Cela s’appelle “le Moment de Vérité”. « L’événement de la crise a d’ores et déjà dépassé l’événement de l’élection » : cela signifie que l’élection ne sera que le détonateur qui permettra à la crise d’exposer tous les effets de son extrême puissance d’ores et déjà prête à exploser. Nous n’en serons plus à chercher des traces éparses de vérité-de-situation ni à gratter des fonds de tiroir pour livrer quelques armes à un Zelenski en train de fixer sa résidence secondaire, mais bien à affronter le moment fatal du basculement de l’histoire dans la métahistoire. Il est vrai que cette période se prête aux descriptions les plus sombres chez ceux qui, désespérément, gardent les yeux ouverts pour mieux comprendre ce que chacun a à subir dans cet immense tourbillon crisique.
Ces phrases terribles du sombre Lucrèce, le philosophe le plus angoissé de la Rome qu’on imagine en train de perdre son empire sur elle-même après l’avoir établi sur le monde ne caractérisent-elles pas le sort du citoyen de la Grande République devant la perspective d’un choix inutile, comme si la métahistoire avait déjà décidé de son sort ?
Lisez ces lignes et ces mots et demandez-vous s’ils ne parlent pas d’eux, – et de nous tous en même temps :
« Si seulement les hommes, qui ont bien, semble-t-il, le sentiment du poids qui pèse sur leur esprit et les accable de sa pesanteur, pouvaient aussi comprendre l’origine de ce sentiment, d’où vient cette énorme masse de malheur qui oppresse le cœur, ils ne mèneraient plus cette vie dans laquelle, le plus souvent, nous le voyons, personne aujourd’hui ne sait vraiment ce qu’il veut, où chacun cherche toujours à changer de place comme s’il était possible par là de déposer le fardeau qui pèse sur nous ! Tel, souvent, sort d’une vaste demeure pour y rentrer sans tarder, découvrant qu’il n’est pas mieux dehors. Le voilà qui court en hâte vers sa maison de campagne, à bride abattue, comme s’il volait au secours de son logis en flammes ! Dès qu’il en a touché le seuil, il bâille, ou sombre dans un profond sommeil, en quête d’oubli — à moins qu’il ne regagne précipitamment la ville qu’il lui tarde de revoir. C’est ainsi que chacun se fuit soi-même, et cet être qu’il nous est impossible de fuir, auquel malgré soi, on reste attaché, on le hait — on est malade et on ne comprend pas la cause de son mal. »
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