Allons bon, zut, flûte, saperlipopette ! Voilà que les choses prennent une tournure embarrassante : alors qu’avec une crânerie que certains n’imaginaient possible que pour les cuistres les plus inconscients, le gouvernement français tablait sur une croissance tournant autour de 1,4% pour l’année 2024, Bruno Le Maire s’est dernièrement retrouvé dans un quelconque journal télévisé pour expliquer que “ahem bon finalement non, ce sera seulement 1%”.
Keuwâh ?! Comment diable ?!
Alors que tout semblait sourire à la fine équipe en place et que la France s’était fièrement mise En Marche vers des vallées de miel et de lait, la croissance n’est pas au rendez-vous ? Pire, voilà que Bruno doit même mettre “l’État à la diète” en trouvant 10 milliards (sur 491 milliards, soit 2%, une diète vraiment violente !)…
Ne reste plus qu’à espérer que cette baisse de croissance ne se transforme pas (inopinément, hein) en stagnation complète voire (surprise totale) en récession, ce qui obligerait le Renflement Bruno de Bercy à quelque aggiornamento qu’il n’est pour le moment pas prêt à faire.
Pendant ce temps et selon les petits chiffres tout ce qu’il y a de plus officiels des institutions occidentales, c’est plutôt pétillant en Russie pour laquelle le FMI revoit la croissance, la faisant passer de 1,1% à 2,6% en expliquant que tout ceci semble dû à l’économie de guerre dans laquelle le pays s’est placé.
Eh oui, tout se déroule comme prévu et les précédents billets de ces colonnes consacrés à la question se sont révélés exacts : non seulement, les sanctions n’ont pas fonctionné, mais elles se sont retournées contre l’Occident et lui coûtent à présent très cher.
En tout cas, cette belle vigueur économique russe explique assez bien pourquoi plusieurs personnalités européennes veulent elles aussi que l’économie se tourne aussi vers la guerre (et pourquoi cette position aussi belliqueuse que dangereuse pour tout le monde est si lourdement relayée par les médias de grand chemin).
Cependant et même si l’on peut comprendre ce dangereux raisonnement, on ne peut s’empêcher d’en noter aussi l’indigence compte-tenu du contexte européen.
En effet, l’Europe n’est pas exactement dans la même position que la Russie, notamment parce que cette dernière dispose de ressources minérales que la première s’est consciencieusement interdit d’exploiter.
Ainsi, les 300 milliards d’euros de gaz de schiste que le sous-sol français contient nous sont très officiellement interdits. Les 3800 milliards de mètres-cube (soit un peu plus de 70 ans de consommation française) resteront sagement dans notre sol. Nous mourrons pauvres, sales, dans le froid, mais dignes d’avoir laissé notre pays propre à notre absence de descendance.
En attendant et parce que ce ne sont pas ces âneries qui nous chauffent, nous préférons très judicieusement importer comme jamais le fort coûteux gaz américain. Ce n’est absolument pas plus propre, c’est nettement moins économique et ça laisse totalement froid Bruno Le Maire qui, de toute façon, n’y comprend rien.
De la même façon, le nucléaire aurait pu constituer une ressource particulièrement efficace et bon marché. Si on avait eu la présence d’esprit de laisser se développer la filière des surgénérateurs (actuellement à l’étude en Chine, aux États-Unis et … en Russie) au lieu de l’arrêter discrètement, on disposerait à présent de la capacité de brûler les réserves d’uranium disponibles en France, soit … plusieurs millénaires d’énergie bon marché.
Comble de l’ironie : pour le moment, ces déchets (pourtant valorisables) sont simplement fourgués à… la Russie. Gageons qu’ils sauront, eux, s’en servir. Ils nous revendront sans doute l’électricité produite avec (ou l’hydrogène ou les engrais, peu importe), dans un nouveau tour de passe-passe que nos élites s’empresseront de camoufler.
Ce ne sont que quelques exemples, mais ils abondent et montrent tous que gérées comme elles le sont, la France et l’Europe peuvent bien se tourner vers une “économie de guerre” tant qu’elles veulent, le résultat ne pourra pas suivre : pendant que Bruno le Rigolo tente de bricoler 10 milliards d’euros économies, l’Europe fait le mariole avec l’énergie dont dispose la Russie, refuse d’exploiter ses propres ressources, tente une transition de genre énergétique avec une facture kolossale (et comme avec beaucoup d’opérations de transition, avec une forte probabilité de suicide quelques années après) pour se jeter dans les bras de pays tiers, États-Unis en tête.
Est-ce bien raisonnable ? Vu le résultat, clairement, non.
Mais baste, passons, la décision est prise : nous allons faire des économies ! Youpi !
Pour cela, on va donc arrêter d’envoyer de l’argent en direction de ce qui ne marche pas du tout (l’écologie punitive, Kiev, les États-Unis)… Ah tiens, non, on va continuer de plus belle.
Flûte alors !
Où seront donc trouvées les “économies” de Bruno ?
Il ne sera bien sûr pas question d’alléger le personnel pléthorique de fonction publique, quant à couper dans des dépenses débiles pourtant nombreuses mais électoralement indispensables, n’y pensez même pas. La lecture d’articles consacrés au sujet ne donne que quelques maigres pistes : mis à part quelques bricolages à la marge et autres petites modifications de certaines dépenses, quitte à réduire l’une et l’autre distributions pas encore en place et électoralement peu difficiles à faire oublier, on va avoir du mal à trouver des milliards (encore moins des douzaines).
Pour la moitié de ces efforts, soit cinq milliards d’euros, Bruno espère la raboter sur le budget de fonctionnement de tous les ministères, déjà passablement écornés les années précédentes. On sait déjà que ce sera un échec cuisant.
En pratique, pour vraiment “boucler” le budget (i.e. assumer un déficit simplement énorme et pas abyssal, comme les années passées), il ne restera qu’une solution réelle pour retrouver une marge de manœuvre à hauteur de ces 10 milliards.
Les lecteurs les plus perspicaces de ces colonnes l’ont déjà deviné : il s’agira bien sûr d’une hausse surprise des taxes et des impôts, d’autant plus probable que le pornographe dilaté de Bercy s’est clairement engagé à ne surtout pas choisir cette option : “nous n’augmenterons pas les impôts”, a ainsi promis le ministre de l’Économie. Tout le monde sait que les promesses de Bruno sont solides comme un ours à genoux.
Cela va tout de même poser problème : question impôts, la France est au maximum.
Vraiment, cela ne va pas être simple.
Devra-t-on recourir à un impôt sur le loyer fictif, comme on en entend régulièrement parler ? Quelle nouvelle taxe sur une assiette improbable et d’un montant obscène va voir prochainement le jour ? Quelle décision complètement stupide va venir s’ajouter aux précédentes actions que cette brochette de clowns a enquillées avec frénésie ces derniers mois ?
Le suspense est total mais soyez-en sûr : même si ce sera inattendu, au moins ce sera systématiquement débile.
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