Malgré les exhortations de Bruno Le Maire, l’inflation continue de se faire sentir : le panier de la ménagère (ou plutôt, son caddie de supermarché) n’en finit pas de coûter toujours plus cher, avec une augmentation de plus de 20% en deux ans comme l’a récemment noté Le Parisien.
Au premier abord, on pourrait croire que cette situation constitue un vrai défi pour le gouvernement : des denrées plus chères, des Français qui tirent la langue devant les prix, des impôts qui augmentent, des taxes qui font mal, tout semble réuni pour qu’une grogne sociale s’installe durablement.
Mais comme on pouvait s’y attendre de la part d’un gouvernement particulièrement affûté dont le ministre de l’Économie, en place depuis plus de six ans maintenant, nous a amplement prouvé ses capacités, tout a déjà été prévu. Oui, rassurez-vous : contre ces hausses de prix, contre cette inflation qui galope, des mécanismes ont été mis en place et seront bientôt puissamment activés. La loi est prête et, comme le tigre sur les cacahuètes apéritives, va bondir pour protéger comme jamais le consommateur.
Cette loi, c’est la loi Egalim 3, dont les précédents avatars avaient nourri ces colonnes où, dans quelques billets consternés, on apprenait que cette législation mal boutiquée déclenchait une série d’effets de bords aussi indésirables que prévisibles que toute la députaillerie s’était pourtant précipitée pour voter goulûment.
Ainsi, grâce à cette loi débile, les prix de certaines denrées augmentèrent (de 1 à 10%), les consommateurs en firent les frais et les producteurs (au premier rang desquels les agriculteurs dont la loi était censée améliorer le sort) ne virent pas la couleur de ces augmentations de prix. Des entreprises, dont le modèle d’affaires se basait quasi-intégralement sur des ventes promotionnelles dorénavant interdites, se retrouvèrent dans des difficultés suffisantes au point de devoir licencier. Si l’on ajoute les gains dodus engrangés par les distributeurs (comme prévu mais contre toute attente du législateur décidément bien stupide) et les conclusions sénatoriales qui montrèrent que cette loi ne satisfaisait absolument personne (sauf l’État), on aboutit à la conclusion d’un désastre aussi total que prévisible.
Eh oui : la loi Egalim a été un ratage intégral, comme très souvent en République du Bisounoursland lorsque le pays, piloté par une bande d’idéologues incompétents, refuse de se plier à ses injonctions paradoxales mais s’en tient à la dure réalité, au crépi duquel les fesses des citoyens et de leurs politiciens ne cessent de se frotter.
Mais ce frottement n’est pourtant pas assez fort puisque, même devant le désastre, on se rappelle que le député Descrozaille avait tout fait pour prolonger cette loi débile. Et comme prévu, à partir du 1er Mars prochain, cette loi entre en application et interdira de fait les réductions de plus de 34% sur les articles d’hygiène, d’entretien et de beauté. De façon logique (et à l’opposé de ce que cette loi cherchait donc à obtenir), les enseignes multiplient donc les promotions avant la date fatidique : voilà que certaines enseignes affichent des -50% à -80% sur certains prix afin d’écouler leurs stocks avant que ce genre de remises soit définitivement enterré.
Autrement dit, à partir de Mars, on peut s’attendre à de nouveaux effets délétères : d’une part, les prix de ces rayons vont connaître une hausse notable puisque les réductions et autres remises n’y seront plus possibles. D’autre part et comme l’indiquent de nombreux témoignages, les ventes vont en prendre un coup puisque beaucoup de Français comptaient sur ces remises pour pouvoir payer ces achats : beaucoup ne peuvent se permettre ces produits que lorsqu’ils sont à prix très réduits, ce que cette loi va courageusement interdire.
Et puis, autant il est difficile de moduler à la baisse la consommation de nourriture (que cette loi inique touche aussi et depuis plus longtemps du reste), autant s’abstenir de produits d’hygiène semble plus simple lorsque la conjoncture devient vraiment délicate.
Pour rappel, cette loi fut à l’époque (il y a un an) pensée pour aider les industriels du secteur dans leurs négociations avec la grande distribution. On sent poindre un nouvel échec retentissant avec une grande distribution qui s’alignera sur des prix plus élevés, des ventes qui tomberont, des consommateurs moins heureux et des industriels dont le bilan risque clairement d’être négatif.
Décidément, l’erreur est humaine, mais il faut l’acharnement de députés et tout l’appareil d’État pour transformer l’erreur en catastrophe industrielle.
Petit-à-petit, de secteur en secteur, chaque produit rentre dans le rang c’est-à-dire celui d’un prix quasiment piloté par l’État avec des lois et des taxes qui garantissent un plancher, de plus en plus élevé, et une inflation qui garantit que le plafond ne sera jamais atteint. En noyant ainsi le marché avec des lois de plus en plus complexes, en intervenant de plus en plus ouvertement entre producteur, distributeur et consommateur, l’État essaye de camoufler une inflation dont, on doit le rappeler, il est l’unique et entier responsable (le quoi qu’il en coûte n’est pas sorti des étables à licornes de la République mais bien des délires humides de Macron et sa clique).
Et ce faisant, l’État provoque des distorsions de plus en plus importantes de prix.
Or, son bilan est déjà désastreux.
Dans l’immobilier, les empilements de lois régulant ce marché (depuis l’ultra-favoritisme des locataires en passant par les DPE de plus en plus bidons) ont abouti à son véritable verrouillage. La tension y est maintenant maximale, avec un nombre croissant de logements non loués et, en même temps, un nombre croissant de mal logés ou de SDF.
Dans l’alimentation, l’hygiène, les médicaments, l’énergie, les empilements législatifs, les taxes et les contraintes légales comparables aboutissent – à la surprise générale de la députaillerie toujours aussi inculte en économie – aux mêmes effets délétères avec, progressivement, l’apparition de pénuries et de Français modestes qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, du marché noir et des contournements de ces lois de chaque partie intéressé (producteur, distributeur, consommateur).
Ce constat aurait largement dû imposer une claque de réalité aux tâcherons sans tête qui pondent actuellement de la loi comme des saucisses industrielles.
Mais non ! On continue donc de plus belle vers un contrôle des prix total avec la garantie d’un succès retentissant.
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