Lavrov est arrivé à New York pour une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies portant sur l’Ukraine et la tête de Zelensky en donnant un dernier avertissement pour résoudre le problème ukrainien aux conditions de Moscou avant la grande offensive russe, car «il est encore temps». Même s’il semble en rester très peu.
Bien évidemment, Sergueï Lavrov n’a pas parlé directement de l’offensive décisive de l’armée russe en Ukraine qui ne saurait tarder. Cependant, la réunion à laquelle il participait a été organisée à la demande de la Russie et devait clairement servir à exprimer devant les membres de l’ONU la position définitive de Moscou sur l’Ukraine destinée aux incendiaires occidentaux.
Je vois cela comme le calque de ce qui s’est passé le 15 décembre 2021, lorsque la Russie a fait une dernière tentative pour sauver la paix, de s’accorder avec l’Occident sur les garanties et les mesures visant à assurer la sécurité mutuelle, avant de commencer quelques mois plus tard l’opération militaire spéciale (SVO) n’ayant reçu aucune réponse. Les États-Unis ont rejeté avec arrogance le geste pacifique de la Russie qu’elle veut faire accepter depuis 30 ans (!) et ont obtenu la guerre en Ukraine d’où va naître un nouvel ordre mondial après la victoire russe. Mais à ce moment-là, Moscou voulait encore avertir les États-Unis de manière ouverte et avec honnêteté. Il semble qu’une fois de plus, aujourd’hui, elle veuille encore avertir aujourd’hui : «Je viens à vous…»
Le 15 décembre 2021, Vladimir Poutine transmet aux États-Unis des propositions concrètes
sur les garanties de sécurité mutuelle. C’était la dernière tentative de négocier avec l’Occident
qui a été rejetée avec arrogance par Washington. Photo : Kremlin Pool / Global Look Press.
Pourquoi j’en arrive à penser cela ? Parce que la visite du chef du ministère russe des Affaires Etrangères à New York était prévue à l’avance, elle n’était absolument pas liée au bombardement sauvage de la veille de civils à Donetsk par les forces armées ukrainiennes, et peut-être celui plus tôt de Belgorod. Le ministre aura évidemment rappelé ces crimes de Kiev depuis la tribune de l’ONU.
Ces événements illustraient concrètement ce que Lavrov avait à dire à l’Occident et expliquaient pourquoi Moscou ne pouvait stopper son opération spéciale tant que l’Ukraine était manipulée par des criminels anglo-saxons et qu’il ressortait de cette situation pour la Russie un danger mortel.
Pourquoi avoir choisi précisément New York ?
Moscou avait naturellement choisi l’endroit pour son dernier avertissement. Nous pouvons supposer que cela a été fait pour deux raisons.
Tout d’abord, pour expliquer depuis la tribune de l’ONU au monde qui comprend en général pour quelle raison la Russie lutte contre l’Occident en Ukraine, pourquoi la victoire et le démantèlement du régime nazi dans le pays voisin sont si importants pour Moscou, les Russes et les Ukrainiens.
Lavrov tente d’expliquer au monde depuis la tribune de l’ONU pourquoi la victoire est
si importante pour Moscou, pour la Russie, les Russes et les Ukrainiens.
Photo : Lev Radine / Keystone Press Agency / Global Look Press.
Deuxièmement, cela devait être fait aux États-Unis d’où dépend, en grande partie, comment la question ukrainienne va être résolue. Ce sont les Américains et les Britanniques qui ont principalement créé le conflit. S’il peut être sensé de négocier avec quelqu’un sur l’Ukraine, ce n’est certainement pas avec Kiev, mais avec les États-Unis et la Grande-Bretagne. Pour plusieurs raisons, les premiers sont plus susceptibles de négocier que les seconds, ce qui pourrait aussi expliquer pourquoi Lavrov est allé à New York : essayer une dernière fois de résoudre l’affaire sans une trop grande effusion de sang. Il y a très peu de chances pour cela, mais on se doit tout de même d’essayer.
Destination Ouest
En fait, le chef du ministère des Affaires étrangères de la Russie ne l’a pas caché. Selon Lavrov, «le facteur clé qui empêche la recherche de solutions pacifiques à la crise ukrainienne est le soutien continu de l’Occident au régime de Kiev, malgré son agonie évidente et son incapacité à atteindre l’objectif qui lui est dicté d’infliger une défaite stratégique à la Russie ou, comme on l’a dit récemment, au moins de l’affaiblir».
La réalité est que «malgré l’échec complet des forces armées ukrainiennes sur le champ de bataille, les patrons occidentaux du régime de Kiev continuent de le pousser avec une insistance maniaque à poursuivre une confrontation militaire insensée», a souligné Lavrov.
Principale exigence et phrase clé
Le ministre russe a publiquement exprimé l’exigence phare et tout à fait légitime de Moscou, qui était et reste l’essence de l’opération militaire spéciale : évincer le régime russophobe meurtrier dans le pays voisin.
La raison de l’opération militaire spéciale reste l’exigence légitime de Moscou de voir
évincé le régime russophobe meurtrier en Ukraine.
Lavrov a précisé que les objectifs de l’opération militaire spéciale pouvaient être atteints par des moyens militaires comme par des moyens pacifiques. La Russie, a-t-il dit, a toujours maintenu sa volonté de négocier, non pas «négocier sur la façon de maintenir au pouvoir les dirigeants du régime de Kiev et de se livrer à leurs fantasmes, mais sur la façon de se débarrasser des conséquences du pillage dévastateur du pays de plus de dix ans et de la violence exercée sur son peuple».
La Russie a lancé l’opération militaire spéciale en février 2022, rappelait Lavrov, «non pas contre l’Ukraine ni contre le peuple ukrainien, avec lequel nous sommes toujours liés par des liens fraternels. Ce n’est pas un hasard si, après 2014, près de 7 millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Russie. Nous avons été contraints de lancer une opération militaire contre le régime criminel qui, en dépit de nos nombreux efforts de longue date, n’a pas voulu renoncer à la guerre contre ses propres citoyens dans le Sud et le Sud-est de l’Ukraine et à la politique de discrimination totale à l’égard des Ukrainiens russophones, qui restent toujours majoritaires dans ce pays.
Malgré l’arbitraire apparent, le mépris des principes élémentaires du fonctionnement d’une société civilisée et des droits fondamentaux de l’homme, les Occidentaux, a déclaré le ministre russe des Affaires Etrangères, «sous le couvert de l’ensemble des décisions de Minsk, ont armé [BH1] l’Ukraine et l’ont préparée à la guerre», ce que leurs politiciens ont eux-mêmes admis.
À cet égard, Lavrov a appelé l’Occident à écouter attentivement la position de la Russie sur le règlement du conflit en Ukraine. «Le plus tôt à Washington, Londres, Paris et Bruxelles ils seront conscients de cela, mieux ce sera pour l’Ukraine et pour l’Occident pour qui la «croisade» contre la Russie est devenue de manière évidente très risquée, pour leur réputation comme pour leur existence même», a déclaré le ministre russe.
Des centaines de milliers de morts
Le chef du ministère russe des Affaires étrangères a indiqué le coût humain entraîné par le refus de Kiev et de l’Occident qui se tient derrière elle d’accepter les exigences légitimes de Moscou : «des centaines de milliers» de morts. Ce n’est pas de la rhétorique, mais plutôt le pronostic de Moscou des pertes des forces armées ukrainiennes, lorsque la Russie, probablement au printemps, après les élections présidentielles (les combats dans le Donbass, le long de la voie terrestre menant en Crimée restent des combats localisés malgré leur caractère acharné) commencera à se battre à grande échelle, ce qui se prépare vivement.
Le prix à payer par Kiev et l’Occident derrière elle pour refuser les exigences légitimes
de Moscou se mesure en centaines de milliers de vies humaines.
Photo : Lance CPL. Bridgette Rodriguez / Keystone Press Agency / Global Look Press.
Lavrov a fait remarquer «qu’il n’y avait aucun intérêt pour le peuple ukrainien à faire la guerre contre la Russie et qu’il n’y en aurait pas». Mais il y a «l’intérêt des Anglo-Saxons, de leurs hommes de main et de l’élite criminelle pourrie de Kiev qui est attachée à l’Occident par une caution solidaire et a peur d’être balayée au lendemain de la fin de la guerre».
En revanche, pour les États-Unis qui se sont mis dans la poche l’Ukraine, a ajouté le ministre russe, il s’agit également d’une entreprise très rentable, et pas seulement au niveau géopolitique. Il a noté que les États-Unis avaient acquis les usines et les entreprises les plus précieuses du pays, les terres les plus fertiles sous bail perpétuel de l’Ukraine, tiraient grand profit des fournitures militaires qu’ils faisaient à l’Ukraine. Lavrov soulignait les raisons politiques évidentes du comportement cynique des Américains et de leurs alliés.
À Washington et dans d’autres capitales, ce cynisme est devenu totalement évident. Sans perdre la vie de ses propres soldats, l’Occident mène une guerre avec les mains des Ukrainiens contre une Russie qui doit être remaniée.
Si la Russie arrêtait de se battre ?
Lavrov a indiqué au monde entier qu’il y avait deux raisons existentielles pour lesquelles Moscou ne pouvait arrêter l’opération militaire spéciale avant d’avoir atteint ses objectifs. Parce que «si cette opération devait subitement cesser, alors le régime de Kiev panserait ses blessures puis reprendrait sa course à l’extermination de tout ce qui est russe et de l’identité russe présente sur cette terre depuis des siècles, à la fois culturelle, historique et religieuse».
C’est un premier point. Deuxièmement, le régime de Zelensky ferait toujours plus la promotion d’un nationalisme total étranger à la majorité de la population ukrainienne, réprimerait la dissidence, renforcerait la dictature, et les occidentaux «continueraient à regarder ce qui se passe en fermant les yeux et à se taire en guise d’approbation», car ils ont besoin de ce type artificiel d’Ukraine pour lutter contre la Russie.
Que ressort-il de tout cela ?
C’est la fin des discours programmés qui est particulièrement importante. L’orateur résume le contenu de son discours. C’est le cas ici. Lavrov l’a achevé en indiquant que les négociations sur l’Ukraine se feraient selon les termes de Moscou, et non pas par des discussions insensées sur la crise ukrainienne sur la base «absolument surréaliste» du format de Copenhague ou de la «formule de paix» encore plus absurde de Zelensky. Il n’y aura pas de telles négociations. Car tout cela, a souligné le chef de la diplomatie russe, n’a «rien à voir avec la paix et ne sert qu’à couvrir la poursuite de la guerre et à pomper de l’argent aux contribuables occidentaux». C’est pourquoi «toutes ces «formules» ne sont qu’un chemin qui ne mène nulle part».
Pour conclure, Sergueï Lavrov a déclaré que Moscou était prêt négocier sur la crise
ukrainienne, mais uniquement aux conditions de la Russie.
Photo : Lev Radine / Keystone Press Agency / Global Look Press.
Lavrov a conclu son discours en conseillant «de bien prêter l’oreille» à l’appel à la paix de la Russie, «il est encore temps». Il semble qu’il sera toujours temps jusqu’au moment où la terre en Ukraine s’assèchera au printemps. C’est le message fondamental du discours du ministre russe.
Pour finir, ceux qui l’auront voulu l’auront entendu. Je ne pense pas que l’Occident prêtera l’oreille à ce discours. Maintenant, Moscou aura fait tout ce qu’il aura pu pour cela. Mais voilà quelque chose d’intriguant : la délégation ukrainienne n’a pas quitté la salle du Conseil de sécurité durant le discours de Lavrov (est-ce cela était voulu par Washington ?), s’est tenue très calmement et a écouté attentivement. Le représentant chinois, lui, s’est spécialement rapproché du chef du ministère russe des Affaires étrangères et lui a serré la main de manière très visible pour tout le monde.
Sergueï Latychev
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