Marche arrière pour Hertz. Aux États-Unis, la société de location de courte durée automobile a annoncé le 11 janvier mettre en vente près d’un tiers de ses véhicules électriques pour les remplacer par des voitures thermiques. Les raisons d’un tel revirement : une baisse de la demande, une perte de valeur résiduelle mais surtout le coût de réparation bien trop élevé de ses dernières, avance l’entreprise américaine. Et la marque Tesla n’y est pas pour rien.
Hertz a-t-il vu trop grand ? En octobre 2021, ce géant de la location de véhicule a annoncé avoir passé une commande au leader de la voiture électrique Tesla de 100.000 Model 3 d’ici 2026, signant ainsi une entrée fracassante dans l’électrification de sa flotte. Deux ans plus tard, l’entreprise américaine semble déchanter. Alors que sa flotte américaine est actuellement composée de 50.000 véhicules électriques, dont 35.000 Tesla (Model 3 et Model Y), son PDG Stephen Scherr a annoncé le 11 janvier un plan de cession d’un tiers de sa flotte électrique, soit près de 20 000 véhicules. Et 600 d’entre eux seraient d’ailleurs déjà mis en vente.
À la place, le groupe souhaite investir de nouveau dans des modèles thermiques. ”Certains de ces véhicules électriques sont devenus non rentables pour nous”, explique-t-il au média américain Bloomberg, tout en ajoutant que “la société prévoit de réinvestir une partie du revenu de la vente des véhicules électriques dans l’achat de véhicules à combustion interne afin de répondre à la demande des clients”.
Car côté américain, l’électrique n’a plus le vent en poupe. Selon l’agence Bloomberg, la croissance des véhicules électriques a énormément ralenti aux États-Unis en 2023, n’augmentant que de 1,3% au dernier trimestre. Cette tendance s’explique notamment par la baisse du prix de l’essence.
Un désaveu pour la marque Tesla
Mais là où le bât blesse pour Hertz, c’est sur le coût très élevé des réparations des véhicules électriques. Pour endiguer ce phénomène, l’Américain avait pourtant pris les devants en limitant le couple du moteur et la vitesse des véhicules électriques, ou en les réservant aux conducteurs expérimentés sur la plateforme de réservation. Ces mesures n’ont toutefois pas suffi comme l’explique son PDG Stephen Scherr : “Bien que l’entretien conventionnel des véhicules électriques soit resté inférieur à celui des véhicules thermiques au troisième trimestre, l’augmentation des collisions et des réparations de dommages sur les véhicules électriques a continué à peser sur nos résultats”.
Et Hertz a très certainement misé sur le mauvais cheval, en choisissant majoritairement Tesla (70%) pour électrifier sa flotte. “Dans le cas de Hertz, c’est bien la marque Tesla qui est visée, il faut se garder de généraliser aux autres marques de véhicules électriques”, insiste auprès de Novethic Jean-Philippe Hermine, directeur général de l’Institut Mobilité en Transition (IMT) et chercheur associé à l’Iddri. Car la marque automobile d’Elon Musk fait figure de très mauvais élève quand il s’agit de réparabilité.
“Sur les études menées par Mobivia, Tesla, et quelques marques chinoises, sont extrêmement mal classées. Et cela doit être une alerte aussi pour le constructeur et le consommateur qui doivent rester vigilants, non pas seulement sur le prix d’achat mais sur le prix en termes de cycle de vie, soit le coût total d’usage, où doit résider l’intérêt finalement du véhicule électrique”, explique Jean-Philippe Hermine pour qui il est urgent de clarifier les exigences concernant, par exemple, la réparabilité des batteries. De plus, Tesla est l’un des premiers constructeurs à faire appel au “mégacasting”, un procédé qui consiste à concevoir d’un seul bloc les châssis, ainsi que des parties entières du véhicule, à l’aide de gigantesques presses.
Aux États-Unis, Tesla est aujourd’hui l’un des constructeurs dont les cotisations d’assurance sont les plus élevées, selon les analyses de MarketWatch Guides, alors que ces technologies permettent de limiter le nombre d’accidents.
Tesla également écartée des flottes électriques de Sixt
À cela, il faut aussi ajouter la guerre des prix que mène Tesla depuis plus d’un an avec ses principaux concurrents, dont le Chinois BYD. “Sur le marché de l’occasion, des véhicules achetés il y a un an se retrouvent en concurrence avec des véhicules neufs, dont le prix a baissé de 4 à 5.000 euros”, nous explique Jean-Philippe Hermine. Une dépréciation qui a finalement coûté cher à Hertz avec une division par deux de son action à la Bourse de New York ces derniers mois.
Hertz n’est pas le seul à avoir pris ce chemin. Début décembre, Sixt est arrivé à la même conclusion. Il a décidé de stopper l’achat de nouveaux véhicules Tesla et même de s’en débarrasser au fur et à mesure du renouvellement de sa flotte. Mais contrairement au groupe américain qui préfère retourner vers le thermique, le groupe allemand compte bien maintenir ses objectifs d’électrification pour atteindre 90% en Europe d’ici à 2030. Pour cela, il se tournera vers d’autres constructeurs comme BMW, Peugeot, Mercedes, MG, Nio,… plus vertueux en termes de réparabilité.
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