Ancien conservateur de la réserve de la Massane, Joseph Garrigue a depuis longtemps entendu l'appel de la forêt. Et il est inquiet car selon lui "sa" forêt est en danger. En cause une accumulation de pesticides. "Pour sensibiliser le plus grand nombre" Joseph et sa compagne entameront une marche de 45 jours vers Paris. Départ samedi 13 janvier.
Depuis plus de trente ans, Joseph Garrigue arpente la forêt de la Massane, au cœur du massif des Albères. Ancien conservateur de la réserve naturelle des Pyrénées-Orientales, il constate aujourd'hui un effondrement de la biodiversité. En cause une accumulation de pesticides et de métaux lourds.
Pourtant isolée et protégée, la Massane serait donc en danger. D'une diversité spécifique exceptionnelle, riche de 45.000 espèces recensées (faune, flore et fonge), la Réserve de la Massane détient le record mondial en nombre d’espèces par hectare. Mais pour combien de temps encore ?
Il y a des espèces à la Massane que je n'ai pas revu depuis des dizaines d'années. J'ai connu la Massane pas avec des papillons mais avec des mouches, des abeilles... Et là, on voit que les quantités s'effondre. Les pesticides, c'est la guerre contre le vivant. Ils ont été inventé pour ça mais ils vont bien au-delà de l'effet pour lequel on comptait les utiliser.
Joseph Garrigue, naturaliste
C'est un véritable cri d'alarme que lance Joseph Garrigue. À l’instar de nombre de ses collègues qui œuvrent sur les réserves naturelles en France, Joseph assiste avec rage à l'effondrement de la biodiversité.
Scientifiquement, le constat est sans appel. Il suffit pour s'en rendre compte d'un prélèvement effectué dans une accumulation d'eau de pluie au creux d'un arbre. "On a eu la mauvaise surprise de trouver des quantités de métaux lourds absolument incroyables avec du mercure, du plomb, de l'arsenic... Tout un tas de produits extrêmement toxiques qui nous arrive de voie aérienne, explique Joseph Garrigue. Et ces dendrotelmes sont aussi pourris que les vases d'un port industriel comme Marseille. Donc on empoisonne les dendrotelmes et ceux qui y viennent boire aussi. Donc les poisons diffusent partout."
Des quantités de métaux lourds absolument incroyables avec du mercure, du plomb, de l'arsenic.
Joseph Garrigue, naturaliste
Pour mesurer la quantité de métaux lourds et de pesticides, plusieurs
récipients ont été installés, sous des arbres ou en clairière, dans la
forêt.
Ces protocoles permettent de recueillir l'eau de pluie et les matières organiques amenées par le vent. Les prélèvements sont ensuite analysés en laboratoire à l'université de Perpignan. "C'est là qu'on voit que le cuivre est saisonnalisé, que ça arrive avec les cultures et les traitements qu'on peut faire en milieu agricole."
Là, on analyse principalement les métaux lourds mais on trouve aussi des microplastiques puisque les analyses qu'on a fait à la Massane montrent que l'air de la Massane est aussi pollué que celui de Perpignan, en milieu urbain. Y a pas que des saloperies qui arrivent là-dedans mais quand même, du ciel, il nous arrive pas mal de saloperies.
Joseph Garrigue, naturaliste
Joseph l'affirme, pour lui pas de doute, cette pollution provient des activités agricoles de la plaine, transportée par évaporation via une microalgue.
On se rend compte qu'en prennant des lichens actuellement, on a des algues qui sont stockées maintenant et qui correspondent aux algues qu'on va trouver dans la retenue de Villeneuve-de-la-Raho.
Joseph Garrigue, naturaliste
Joseph Guarrigue estime que les 45 000 espèces répertoriées de la forêt de la Massane sont en danger. Alors pour alerter l'opinion publique sur les conséquences des biocides et attirer l'attention sur l'urgence à préserver un site aussi unique que la forêt de la Massane, le naturaliste va entamer une marche vers Paris.
C'est une petite pierre à l'édifice d'alerter nos politiques pour qu'ils soient courageux et puis qu'ils arrêtent de se plier au lobby de quelques uns. Parce que c'est çà en fait, y a une grosse histoire d'argent là-dessous. Et il faut arrêter de dire que l'agriculture ne peut pas faire autrement que de se servir des pesticides. Il y a énormément de chercheurs qui travaillent là-dessus et qui savent que la transition est possible.
Joseph Garrigue, naturaliste
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