10 décembre 2023

Revanche US et déclin chinois, ou les métamorphoses de la matrice

La puissance US a changé de forme – et c’est ancien : cela date des années soixante, quand «le capital devient image» (Debord) et quand le solide devient du liquide (revoyez les pages de Guénon sur l’élision de la solidification). Je pense aussi à Baudrillard répondant et humiliant presque Guillaume Faye sur les USA comme facteur de décadence (on croirait voir l’extraordinaire ayatollah imprécateur dans le premier Leslie Nielsen ou de déblatérations de Mao sur le tigre de papier vielles de huit décennies). Cette décadence, cette destruction créatrice, c’est leur fonds de commerce.

Ils dévastent le monde (la maçonnerie comme éternel champ de ruines) depuis deux siècles et, comme dit Tocqueville, ils délaissent le corps et s’attaquent à l’âme. La culture et la technologie sont américaines, les «âmes» sont américaines, tout devient américain et jamais on n’a eu autant de milliardaires en dollars dans le showbiz US. 43000 dollars le siège de concert de Taylor Swift, vous savez qui s’est ? Lire et relire ce texte de Robert Stark sur la non-apocalypse et l’apocalypse durable, la dystopie de Dick avec des présidents octogénaires (Trump, Biden), clownesques, qui font rire tout le monde mais font surtout le boulot des maîtres-marionnettistes.

Triomphe US ? Lisez Charles Sannat qui rappelle ici :

Aux Etats-Unis, les importations en provenance du Mexique dépassent celles de Chine ! C’est un chiffre très important qui devrait faire la « une » des JT et des informations économiques parce que cela matérialise un changement majeur dans l’organisation du monde. Les importations américaines en provenance de Chine s’effondrent et celles en provenance du Mexique viennent de dépasser celles en provenance de Chine ! La démondialisation ne veut pas dire que les Etats-Unis rapatrient toutes les productions sur le sol étatsunien, mais relocalisent les anciennes délocalisations chinoises, dans des pays nettement plus « amis », comme le Mexique ou l’Inde. Les Etats-Unis sont en train de réorganiser le commerce mondial en supprimant la Chine de cette nouvelle carte des productions industrielles.

Le pognon est américain, le business est américain, les fonds de pension sont américains (merci Mr Fink de Rocher Noir qui affamez et allez dépeupler notre Europe plus vite que SON NOMBRE), la monnaie reste américaine, la dette américaine invraisemblable reste soutenable (le pauvre John T. Flynn la dénonçait il y a cent alors…), et surtout les décisions sont américaines. Et pendant que les antisystèmes battent le tamtam façon Bandoeng (qui aboutit à vingt ans de catastrophes économiques et politiques, en appliquant le socialisme et le fabianisme des britanniques…), le big business US isole la Russie (qui a parlé de lui faire la guerre ?. Elle sert de repoussoir depuis 1815, voyez Custine) muée en station-service définitive de la Chine, soumet et affame l’Europe, et rameute le tiers-monde sur un ton évangélique : vous êtes contre moi ou pour moi. Biden le gâteux a fait élire Milei rabbin amateur et larbin libertarien (pour moi qui ai adoré le sujet avec Shaffer Butler, Murray Rothbard ou Ralph Raico, quelle dérision tout de même) ou le socialo Lula domestique des labos US (dix vaccins ou pas de sécu…), il a soumis la colonie Europe comme personne, et il contrôle son Inde comme un gourou. Badhrakumar a eu l’honnêteté de le reconnaître et on lui saura gré : Modhi homme de l’Inde cashless grâce à Amazon, homme qui paie en roupies de sansonnet le pétrole russe pour le refiler aux Européens ensuite…

Oublions les pauvres et les drogués US (il n’y en a jamais eu peut-être ?). Croissance économique au dernier trimestre ? 5% – et toujours de la même bonne vieille façon Us qui date de Roosevelt et de Keynes : dépenses, dettes, dépenses. Le reste du monde marche à la baguette (magique) et les indices (sic) boursiers continent de monter. Ils ont monté de 4000% depuis 1980, pour les distraits que cela intéresse (l’or a triplé pendant ce laps de temps). Ils ont quintuplé depuis 2009…

Mais continuons. Sur Zerohedge.com, on lit ceci :

Ruchir Sharma, président de Rockefeller International : Il s’agit d’un tournant historique : la montée de la Chine en tant que superpuissance économique s’inverse. La plus grande histoire mondiale du dernier demi-siècle est peut-être terminée. Après avoir stagné sous Mao Zedong dans les années 1960 et 1970, la Chine s’est ouverte au monde dans les années 1980 – et a décollé au cours des décennies suivantes. Sa part dans l’économie mondiale a presque décuplé, passant de moins de 2 pour cent en 1990 à 18,4 pour cent en 2021. Aucun pays n’a jamais connu une croissance aussi rapide. Puis le renversement a commencé. En 2022, la part de la Chine dans l’économie mondiale a légèrement diminué. Cette année, il diminuera encore plus sensiblement, à 17 pour cent. Cette baisse de 1,4 pour cent sur deux ans est la plus importante depuis les années 1960.

La suite est tout aussi peu onirique :

Pour mettre cela en perspective, l’économie mondiale devrait croître de 8 000 milliards de dollars en 2022 et 2023 pour atteindre 105 000 milliards de dollars. La Chine ne représentera rien de ce gain, les États-Unis en représenteront 45 pour cent et les autres pays émergents, 50 pour cent. La moitié des gains pour les pays émergents proviendra de seulement cinq de ces pays : l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, le Brésil et la Pologne. C’est un signe frappant d’éventuels changements de pouvoir à venir… Mais le taux de croissance potentiel réel à long terme de la Chine – la somme des nouveaux travailleurs entrant sur le marché du travail et de la production par travailleur – est désormais plutôt de l’ordre de 2,5 pour cent.

La Chine va connaître un effondrement démographique :

Le baby bust en cours en Chine a déjà réduit sa part de la population mondiale en âge de travailler d’un sommet de 24 pour cent à 19 pour cent, et elle devrait tomber à 10 pour cent au cours des 35 prochaines années. Avec une part décroissante de la main-d’œuvre mondiale, une part plus faible de la croissance est presque certaine.

Dernier coup de poignard de cet hindou (vive les Brics tout de même – avec des amis comme ça…) :

En termes nominaux en dollars, le PIB de la Chine est en passe de diminuer en 2023, pour la première fois depuis une forte dévaluation du renminbi en 1994. Compte tenu des contraintes qui pèsent sur la croissance du PIB réel, dans les années à venir, Pékin ne pourra regagner sa part mondiale qu’avec une hausse de l’inflation ou de la valeur du renminbi – mais ni l’une ni l’autre n’est probable. La Chine est l’une des rares économies à souffrir de déflation, et elle est également confrontée à un effondrement immobilier alimenté par la dette, qui conduit généralement à une dévaluation de la monnaie locale. Les investisseurs retirent de l’argent de Chine à un rythme record , augmentant ainsi la pression sur le renminbi.

On a vu les chinois très discrets à San Francisco. Et les massacres de Gaza (vive ce Hamas si utile) ont laissé de marbre la communauté internationale, rappelant qui était le patron. Sans les USA rien ne se fait, et avec les USA se fera sans doute le dépeuplement de la Palestine, qui finira en Europe, comme l’Afghanistan ou la Libye (avec les oppositions en papier WC d’extrême-droite, toutes sous contrôle israélo-américain, on aurait en effet tort de se gêner en haut-lieu).

Mais vient l’algorithme sur le gâteau.

Le devenir-monde n’est sinon plus marchandise ; comme je l’ai montré dans mon livre sur internet, il est digital. Le devenir-numérique (je pense souvent à NMR, le léopard, en hébreu, l’animal de Nemrod, qui est aussi lié à la ville, par excellence) ; ce devenir est américain aussi (ou amer Caïn). Johnny Depp l’incarne en le désincarnant dans le fascinant film de Wally Pfister Transcendance, où Elon Musk (qui a donné des noms codés à ses enfants, cela fera plaisir à LHK !), fait un caméo. Le capitalisme techno-gnostique (partie deux de mon livre, qui remonte as usual à la cabalistique «Renaissance anglaise» –Dee, Bacon, Marlowe) va achever ce monde et le reconvertit en alias digital.

En attendant il en remet un certain nombre à sa place.

Ces propos polémiques ont un but au moins : cessons de rêver, regardons en face des ennemis qui ont pesé et soupesé ce monde. Et qui vont s’en débarrasser à leur guise quand la bise numérique sera (définitivement) venue. De ce point de vue le nombre de chars Abrams en Ukraine (trente ! les deniers de Judas !) importent beaucoup moins que les dernières inventions de Sam Altman ou de Noam Brown dont personne ne parle. Les super-cerveaux ashkénazes de notre Amérique «toujours ruinée et dégénérée» nous préparent en effet un grand remplacement dont les moins éclairés n’ont pas idée.

Nicolas Bonnal

Sources

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