Sinon il y a celle de faire la révolution, avec la (lente) punition de tous les méchants. En attendant Arnaud Mimran se la coule douce dans son hôtel particulier. Il y a quelque chose qui cloche.
On se met à rêver d’une maison de star en Californie, de commander les meilleurs plats livrés par d’humbles esclaves latino sans papiers, d’être copain avec Dany Boon et Patrick Benguigui, et là, non, on sort du rêve. Il y a des limites à l’enrichissement.
La vraie question est la suivante : faut-il être riche pour être heureux ? Eh bien la réponse est non. On peut être pauvre et heureux. Attention : on n’a pas dit misérable. La misère, c’est autre chose, elle est rarement consentie, alors que la pauvreté peut l’être. Dans ce cas, on parle d’un choix stratégique.
Mais pourquoi vouloir être pauvre, ou le rester ? Pour faire plaisir à Jésus ? Pas forcément, même s’il y a des interférences.
La pauvreté, c’est d’abord un ressort, une ambition, celle de ne pas le rester. Ensuite, soit on devient riche ou moyennement riche, soit on ne le devient pas, y a pas d’alternative. Si on ne le devient pas, est-on frustré à vie ? Possible, mais pas forcément. On peut trouver un équilibre de vie dans la pauvreté, nous préférerons le dénuement. Savoir exactement quels sont ses besoins essentiels, et se débarrasser des autres.
Ce qui rend l’homme fier, ce n’est pas de posséder (sauf un Dany Boon ou une Nabilla), mais de produire. D’où l’importance de travailler, de produire des choses. La production, à tous points de vue, apporte plus de satisfactions que la consommation. Car la production personnelle peut s’améliorer et vous améliorer, tandis que la consommation n’améliore personne : un consommateur, qu’il soit au smic ou millionnaire, reste un consommateur. Il ne produit rien, il ne change pas le monde : il n’apporte rien au monde.
Le producteur, lui, change le monde, même de façon très locale.
Nous le voyons dans la sphère de la résistance : nous ne sommes pas riches – on nous empêche d’ailleurs de le devenir – mais nous produisons quelque chose, de l’intelligence. De l’intelligence des choses, bien entendu. En face de nous, dans le Système, il y a des gens qui sont riches, mais qui ne produisent rien, sinon de la censure, des interdits, des empêchements d’accéder à l’intelligence des choses.
C’est le sens de la malédiction contre les érudits lancée par Jésus. On a ajouté un point d’exclamation pour faire vivre un peu la colère du boss relevée par Luc. Une phrase qui colle parfaitement aux responsables de l’information mainstream d’aujourd’hui, ces agents du Système qui essayent d’entraver notre travail de salut public. Eux, ils luttent carrément contre la prise de conscience collective.
« Malheur à vous, savants du droit ! Vous avez emporté la clé de la connaissance. Vous n’êtes pas entrés vous-mêmes et vous avez empêché ceux qui essayaient d’entrer. »
On n’ira pas jusqu’à parler de combat entre les riches et les pauvres, le bien et le mal, si le bien est l’élévation de la conscience collective, mais il y a de ça.
Du côté des riches, les avantages sont connus : argent, pouvoir, police, justice, médias, en un mot monopole des armes, répression et censure.
Du côté des pauvres : le nombre, et la motivation. Motivation pour devenir pas forcément riche, mais pour combattre l’injustice. Et l’injustice n’est pas seulement celle de la naissance, contre laquelle on ne peut rien, mais celle de la domination. Là on dit non, ou merde. C’est pas parce qu’on est pauvre qu’on est sans valeur, un nullard, ce qui est pourtant acquis pour beaucoup dans le système capitaliste, avec une hiérarchie qui porte les riches en haut et relègue les pauvres en bas. C’est juste l’échelle de l’argent. Imaginez, Dany Boon et Arnaud Mimran tout en haut...
On propose une autre hiérarchie, celle de la connaissance. Là, curieusement, ça fait basculer l’échelle, la renverse même. C’est pas que les riches soient cons, sauf ceux qui ont hérité et qui ont perdu toute motivation, le goût de produire, mais la connaissance généralisée est pour eux un problème. Car qui dit connaissance, dit connaissance des déterminismes sociaux, de l’histoire des rapports de force, on vous fait pas un dessin, ça mène tout droit à la révolution, du moins au désir de changement.
Heureusement, pour les riches, il y a l’enseignement, puisque l’école, aujourd’hui, enseigne l’ignorance aux enfants, et les médias l’ignorance aux parents. C’est logique : les enfants d’esclaves ou de pauvres doivent rester dans leur périmètre, sauf ceux qui vont trahir leur race, pardon, leur classe, et monter en grade contre un susucre. L’ascenseur social existe encore, mais faut montrer patte blanche !
Il reste pourtant des exceptions à tout cela : des riches qui se sont fait tout seuls, et qui ont gardé la rage, la niaque, la mentale : Elon Musk, quoi qu’on en pense, en fait partie, et même Trump, qui a commencé dans les affaires avec un cadeau d’un million de dollars de son père. Ça, c’est un père !
Ce genre de richard fait buguer le Système. En bas, les exceptions concernent ceux qui auraient pu prétendre à un bon poste dans la hiérarchie du Système injuste (en général on dit Système, sans injuste), et qui ont choisi non pas la pauvreté, mais le combat pour la connaissance, pour la justice. Eux aussi sont pourchassés par le Système, pour n’avoir pas voulu le servir, et pour avoir choisi le mauvais camp, le camp des pauvres, des Injustes.
Donc avantage au riche qui est du côté de la violence légitime (et illégitime), mais avantage au pauvre pour son sens du combat et sa volonté de connaissance, qui est la forme la plus aboutie de la volonté de puissance.
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