Comme chacun le sait, la population allemande va beaucoup baisser (en chiffres absolus) d’ici à 2050, et les choses ne feront qu’empirer après cette date.
Et donc, le ratio entre ceux déjà à la retraite et ceux qui travaillent va énormément grimper.
En 2005, ce ratio était de 33 personnes à la retraite pour 100 qui travaillaient.
En 2050, ce ratio sera au-dessus de 50.
C’est donc dire que la question des retraites et de leurs financements va être au centre des préoccupations politiques en Allemagne dans les 25 ans qui viennent.
Et là, les choses ne s’annoncent pas très bien.
Aujourd’hui le système (le plus ancien d’Europe) est organisé autour de trois piliers :
- La répartition, des actifs payant pour ceux qui sont à la retraite en subissant des prélèvements sur leurs salaires.
- Un système de capitalisation, géré par les sociétés individuelles.
- L’épargne individuelle.
Reprenons ces trois points.
- La répartition : les prélèvements sur les salaires vont devoir suivre le ratio retraités / actifs et donc monter d’environ 50 % d’ici 2050. Or ces prélèvements sont déjà aux alentours de 20 % du salaire brut. Tout travailleur jeune aura donc intérêt à filer du pays aussi vite qu’il le pourra pour bénéficier instantanément d’une hausse immédiate de son pouvoir d’achat d’environ 30 %.
- Le système de capitalisation. D’après ce que j’ai compris (mais je suis loin d’en être certain, peut-être certains lecteurs pourront-ils m’éclairer), les sociétés garantissent à ceux qui prennent leurs retraites une pension plus ou moins indexée sur l’inflation. Mais la plupart de ces sociétés n’assurent pas elles-mêmes la gestion des retraites mais les afferment à des compagnies d’assurance ou à des sociétés de gestion de fonds qui en assument le risque. D’après ce que j’ai compris (encore une fois) si la société d’assurances a mal fait ses calculs et ne peut assurer les paiements, alors le risque retombe sur la société de départ.
- L’épargne individuelle. Comme en France, elle est considérable et les Allemands, comme les Français ont une sérieuse préférence pour les obligations de l’État local.
Quels sont les points faibles de ces trois systèmes ?
Pour la répartition, il est évident que la démographie va poser un problème à terme et la seule solution sera de diminuer le pouvoir d’achat des retraites versées au titre de la « solidarité nationale », ce qui risque de créer des remous sociaux. Et comme le dit mon cher fils « quand les Italiens et les Français sont dans la rue, tout le monde s’en fout. Quand ce sont les Allemands….
Pour la capitalisation et l’épargne, c’est à dire pour les points 2 et 3, je crains que le problème ne vienne principalement des actifs dans lesquels cette épargne à long terme a été investie dans le passé.
Je m’explique et que le lecteur veuille bien regarder le graphique ci-dessous.
Martin Muller a 25 ans en 1981 et décide d’investir dans des obligations à 10 ans du gouvernement allemand 100 euros (200 dm, ce qui fait qu’en 2012, il a 600 euros dans son bas de laine.
Hélas, l’Euro a remplacé le DM et monsieur Draghi a pris la place de Karl Otto Pöhl, un banquier central Italien remplaçant un banquier central allemand. Et monsieur Draghi, de façon surprenante, suit une politique qui permet à l’Italie de rester dans l’euro.
Hélas encore, cette politique entraîne à terme la ruine de Martin Muller, ce qui ne gêne guère monsieur Draghi, comme chacun aurait pu s’en douter.
Bref, sur le plus haut atteint début 2020, Martin perd déjà 37 %, ce qui veut dire que de toute l’épargne qu’il avait accumulée depuis 1981 il a déjà perdu, sans aucun espoir de récupérer quoi que ce soit de tout ce qu’il avait mis de côté depuis à peu près les débuts de l’euro en 2001.
Et en plus, en regardant son plan d’épargne chez Siemens (où il travaille), il se rend compte que 70 % de son épargne professionnelle était aussi investie en obligations de l’état Allemand et qu’il avait investi, les 30 % restant dans des sociétés « vertes », en bon citoyen qu’il est, recommandées par les journaux qu’il lisait, et que là, il perd environ 50 %.
La valeur consolidée de son épargne est donc en baisse d’environ 38 %, et la perspective d’une retraite aux Baléares s’estompe.
Rester dans l’appartement qu’il loue dans la banlieue de Francfort semble être la seule solution possible.
Et bien entendu, c’est le moment que le gouvernement choisit pour annoncer que le point de son épargne par répartition va être bloqué pendant les années qui viennent tant les débours pour accueillir les réfugiés afghans ou syriens sont importants…
Pauvre Martin, pauvre misère…
Que va-t-il faire ?
Il va aller aux réunions de l’AFD, mais il ne va pas songer à changer les méthodes qu’il a toujours utilisées pour épargner : il va décider de travailler plus et de consommer moins, pour rebâtir son épargne.
Et donc, nous allons avoir une sérieuse récession dans la consommation en Allemagne, et comme l’Allemagne importe surtout des produits de consommation, immédiatement cette récession en déclenchera une autre, mais cette fois chez les producteurs des biens de consommation en Italie et en France.
Les sociétés concernées vont donc cesser de passer des commandes de machines-outils à … Siemens, et Martin Muller se retrouve du coup en temps partiel avec une forte réduction de son salaire.
Ce qui va forcer Martin à consommer encore moins.
Quant à l’Espagne, le petit hôtel de Soler aux Baléares où il passait ses vacances ferme ses portes, tous les Allemands (90 % des clients) ayant décidé d’annuler leurs réservations. L’hôtel est racheté instantanément par un Qatari qui le transforme en résidence personnelle où il ne mettra jamais les pieds.
Et ces récessions déclenchent une vraie panique à la BCE tant la France et l’Italie sont incapables de financer leurs déficits budgétaires qui, bien entendu, explosent à la hausse du fait de la récession qui frappe ces deux pays. Il faut donc que la BCE finance directement ces déficits par la planche à billets, comme pendant le Covid, et du coup, le portefeuille de Martin passe de 463 aujourd’hui à 300 fin 2024. Et nous voilà ramenés à notre problème précèdent.
Mais comme Martin Muller reste un Muller, un vrai, il va continuer à épargner jusqu’à ce qu’il soit complètement ruiné, un peu comme son grand-père Hans dans les années vingt. Voilà donc ce qui arrive à ceux qui ne lisent pas toutes les semaines l’Institut des Libertés …
J’ose espérer que Marcel Dupont, son homologue français, a suivi les conseils que j’ai prodigués dans ces chroniques qui lui ont permis, peut-être, de sauver la mise, au moins sur l’épargne qu’il gère lui-même. Après tout, le portefeuille IDL, à la place d’être en baisse de 38 % comme le portefeuille de ce pauvre Hans est en hausse de 38 %. Comme en fait foi le graphique ci- dessous.
CONCLUSION
- L’économie allemande est dans tous les mauvais secteurs.
- Une pénurie de main d’œuvre se profile à l’horizon, ce qui pèsera sur les marges des sociétés. L’Allemagne va avoir le coût du travail le plus élevé au monde.
- Pour des raisons évidentes, le prix de l’énergie en Allemagne sera le plus élevé au monde, ce qui pèsera sur la compétitivité allemande.
- La plus grosse partie du potentiel industriel allemand est sur le sol Allemand. Les sociétés locales ne pourront donc pas externaliser leur offre, ce que font depuis longtemps les sociétés françaises.
- L’épargne des années de prospérité a été investie dans des actifs (les obligations allemandes) où elle est en train d’être détruite, pour « sauver » le soldat euro qui est en état de mort clinique.
- La rentabilité des sociétés va donc se ratatiner.
- L’Allemagne est l’homme malade de l’Europe. Elle a été agressée par la BCE et risque de mourir des milliers de coups de couteaux qu’elle a reçue. Encore une victime du terrorisme qui sévit en Europe !
Les temps qui viennent vont être durs, très durs pour les retraités allemands. A mon avis, il vaut mieux pleurer dans une Peugeot que dans une Volkswagen. Au moins, nous n’avons plus d’industrie sur notre sol.
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